Renforcer le traçage, protéger les personnes fragiles, reconfiner… Les pistes envisagées face à une reprise… – franceinfo

Le refus de porter un masque dans les lieux publics clos est désormais passible d’une amende de 135 euros. La mesure, mise en place lundi, marque le début d’une stratégie plus offensive visant à endiguer une reprise épidémique. 

Faudra-t-il reconfiner le pays ? Les indicateurs de surveillance épidémique sont attentivement scrutés, alors que les autorités redoutent une résurgence du Covid-19. “Il y a une dynamique de circulation du virus qui nous inquiète”, a admis Olivier Véran, sur franceinfo, lundi 20 juillet. Le ministre de la Santé évoque “entre 400 et 500 clusters” identifiés sur le territoire (539 depuis le 9 mai, mais en réalité 207 actifs, selon les chiffres communiqués par la direction générale de la santé lundi soir), notamment en Mayenne et dans le Grand Est.

A ce stade, nous sommes très loin de la deuxième vague”, assure-t-il, mais plusieurs pistes ont été imaginées pour endiguer la reprise épidémique. A commencer par le port du masque obligatoire dans les lieux publics clos, sous peine d’une amende de 135 euros, depuis lundi 20 juillet. Elaborés à partir des pistes d’évolution proposés par le Conseil scientifique (ficher PDF) et discutés avec les Agences régionales de santé (ARS), plusieurs étapes d’un “plan gradué” a fait savoir Olivier Véran.

Renforcer le traçage des contacts et le dépistage

Quand un ou plusieurs indicateurs de surveillance explosent, comme c’est le cas en Mayenne depuis une dizaine de jours avec le taux d’incidence et le taux de positivité au Covid-19, le premier réflexe doit être celui d’“analyser les chaînes de contamination” pour détecter les cas positifs et les cas contacts, fait savoir la direction générale de la santé (DGS) à franceinfo. Pour cela, les autorités sanitaires entendent renforcer les systèmes de dits de “contact tracing” (ou traçage des contacts), notamment via l’application StopCovid, et faciliter l’accès au dépistage.

Selon le souhait exprimé par Emmanuel Macron, les tests virologiques nasopharyngés (PCR) pourraient être dès cette semaine accessibles sans prescription médicale. “Nous lèverons toute obligation de prescription dans les prochains jours”, a confirmé Olivier Véran, lundi. Actuellement, entre 300 000 et 350 000 tests sont réalisés chaque semaine, bien loin des 700 000 annoncés en début de déconfinement. “On a la capacité. Simplement, la demande aujourd’hui n’est pas là”, s’est défendu Emmanuel Macron, lors de son interview du 14-Juillet.

“Plus de 2 millions de bons” ont ainsi été envoyés directement à la population par la caisse d’assurance-maladie, a assuré le ministre de la Santé, lors d’un déplacement à Laval (Mayenne) lundi. Des tests salivaires sont également en cours de production. Plus simples et moins désagréables que les tests PCR, ils pourraient permettre de dépister un plus grand nombre de personnes, espère le ministère. Pour répondre à cette demande le plus tôt possible et éviter les files d’attente actuellement observées aux abords de plusieurs établissements, Olivier Véran appelle les laboratoires à augmenter leurs capacités de tests.

Protéger les personnes “fragiles”

Tester en premier lieu, mais aussi protéger les populations les plus exposées à des formes graves du Covid-19. “Si dans un endroit, quand vous testez cent personnes, il y en a vingt qui sont positives (…) là, vous vous dites que le virus circule trop, il faut mettre le couvercle”, explique Olivier Véran. Dans un premier temps,“on protège les personnes fragiles dans les Ehpad, les personnes fragiles isolées, les personnes âgées, etc.” poursuit-il.

Des “recommandations pour les personnes âgées vivant à domicile ou en Ehpad” seront formulées et des mesures seront prises pour “protéger les personnes précaires”, précise la DGS. Elles s’inspirent du protocole de protection des Ehpad élaboré par le Conseil scientifique : les dépistages seront renforcés, les visites des familles “maintenues” et la prise en charge “anticipée”. Le Premier ministre, Jean Castex, a déclaré la semaine passée au Parisien que ce “dispositif renforcé de protection” avait déjà été mis en place et a annoncé réfléchir “à développer des communications vidéos avec les familles” pour lutter contre l’isolement des résidents.

Fermer des commerces et restreindre les déplacements

“En fonction de l’évolution, et si la situation l’exigeait, des étapes supplémentaires pourraient être décidées par les autorités territoriales”, explique la DGS à franceinfo. Plusieurs solutions ont déjà été expérimentées dans certains territoires, notamment en Guyane, comme l’instauration d’un couvre-feu ou la fermeture des bars et restaurants. Ces mesures, locales et temporaires, visent, comme toujours, à limiter la diffusion du virus.

Un décret paru le 10 juillet permet aux autorités de limiter les déplacements ou de fermer des commerces dans les “territoires sortis de l’état d’urgence sanitaire et dans ceux où il a été prorogé”. Interrogé sur une éventuelle fermeture de la frontière entre la France et l’Espagne après l’explosion des cas en Catalogne, Olivier Véran a précisé lundi que “tout peut être envisagé à tout moment, en fonction de la situation épidémique”.

Reconfiner localement si nécessaire

Tout peut être envisagé, même un reconfinement. Local, cette fois. “On dispose désormais d’indicateurs plus localisés qui nous permettront, si cela se révélait nécessaire, par exemple, de reconfiner de manière ciblée sur telle ou telle partie du territoire ou d’un département”, a annoncé Jean Castex au Parisien, confirmant la volonté du président de la République “d’isoler le plus localement possible en cas de deuxième vague”.

Un isolement par quartier, par ville ou par département ? Le ministère de la Santé rappelle que les scénarios sont encore “en cours de finalisation” et “pourront évoluer en fonction de la situation”. Les décisions seront prises localement et aucun seuil épidémique n’a été fixé pour légitimer le recours au confinement, précise la DGS.

En Europe, de telles mesures locales ont déjà été mises en place dans certains quartiers de Lisbonne (Portugal) ou en Espagne, dans les communes de Barcelone ou de Figuères. Dans les agglomérations catalanes, il est ainsi demandé aux habitants de ne pas quitter leur domicile, sauf pour aller faire des courses alimentaires et travailler, en cas de force majeure.

Reconfiner totalement en ultime recours

L’éventail des mesures actuellement sur la table en cas de fort rebond de l’épidémie de Covid-19 – en plus des masques obligatoires dans les lieux publics clos et d’un dépistage plus massif – vise un grand objectif : ne pas recourir au dernier scénario envisagé, celui du reconfinement total. “Le confinement a été un révélateur d’inégalités. Je ne veux pas de cela à nouveau pour le pays. Donc nous sommes en train de tout faire pour éviter une nouvelle vague et pour avoir une approche différenciée si elle apparaissait”, avait affirmé Emmanuel Macron lors de son interview du 14-Juillet.

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