Réforme des retraites : sous pression, le gouvernement prêt à lâcher du lest ? – Le Parisien

Un coup d’accélérateur pour certains, une manière de lâcher du lest pour d’autres. Au lendemain de la grève massive contre la réforme des retraites, qui a mobilisé plus de 800 000 Français partout dans le pays (1,5 million selon les syndicats), le gouvernement n’entend désormais plus perdre de temps.

Dès ce vendredi, et à la surprise générale, c’est sur le perron de Matignon qu’ Édouard Philippe est sorti du bois pour apporter quelques précisions de calendrier avant la présentation de ce projet de loi tant attendu… et redouté par une partie de l’opinion.

Le Premier ministre, qui devait initialement faire ses annonces en fin de semaine prochaine, au mieux, a finalement décidé de présenter le contenu du texte dès mercredi devant le Conseil économique social et environnemental (Cese). Soit deux jours, à peine, après la synthèse des concertations avec les partenaires sociaux que mène Jean-Paul Delevoye, le Haut-commissaire aux retraites. Et au lendemain d’une nouvelle journée de grève interprofessionnelle annoncée par les syndicats. « Il était hors de question d’attendre plus longtemps. Aucun intérêt à laisser pourrir le feuilleton inutilement », concède un ministre. En somme, sortir – autant que faire ce peu – du flou pour éviter que les Français se disent qu’il y a un loup.

« Jusqu’à présent, la réforme pouvait paraître assez métaphysique pour tout le monde. Depuis la grève, ça devient plus concret. On ne peut plus se planquer », résume Matignon, qui, ces derniers jours, pousse les membres du gouvernement à monter au front médiatique pour défendre la réforme.

Depuis lundi, pas moins de 48 passages à la télé, dans les radios et les journaux, pour les membres du gouvernement! Avec pour principal message : fermeté et ouverture. En plein dans « l’En même temps » cher au macronisme. « Je le dis tranquillement : la mise en place d’un système universel des retraites implique la disparition des régimes spéciaux », martèle ainsi Philippe, tout en récusant toute « brutalité » et en promettant des « transitions progressives » pour la mise en place du futur nouveau système.

Car c’est bien cela la martingale imaginée par le gouvernement pour faire passer la pilule. Oubliée la fameuse – et décriée – clause du grand-père. Désormais, on prône d’appliquer la réforme aux générations nées au-delà de 1963, ce que préconisait le rapport Delevoye en juillet. Avant 1970? 1973? Voire 1977, année de naissance d’un certain… Emmanuel Macron? « Je pense que la réforme doit s’appliquer au président », a d’ailleurs glissé Sibeth Ndiaye, jeudi soir sur France 2.

«Mesures d’accompagnement et de compensation»

Autant dire que les ultimes discussions du week-end vont être déterminantes. « On entre dans la phase cruciale de la réforme et des discussions, reconnaît Marc Fesneau, ministre des Relations avec le Parlement. On regarde régime par régime les mesures d’accompagnement et de compensation ». À l’image des enseignants, à qui Jean-Michel Blanquer a déjà promis des revalorisations. Ou encore des policiers qui devraient être assurés du « maintien » de leur régime. Sans oublier, bien sûr, l’accompagnement des cheminots et des agents RATP vers un nouveau système.

Reste à savoir si cela suffira pour apaiser les esprits. La manifestation des Gilets jaunes ce samedi, que redoute le gouvernement, sera un premier indicateur. Avant le nouveau raout syndical de mardi. « Pour nous, le vrai étalon de la mobilisation, c’est le secteur privé, confie un pilier de la majorité. Tant qu’il n’y a pas de conjonction entre le public et le privé, c’est l’essentiel. »

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