Réforme des retraites : l’exécutif ne parvient pas à imposer une trêve de Noël – Le Monde

Agnès Buzyn, Edouard Philippe et Laurent Pietraszewski à Matignon, lors d’une réunion avec les organisations syndicales, le 19 décembre.

Le scénario noir est à l’œuvre. Emmanuel Macron a beau avoir appelé, samedi 21 décembre, à « l’esprit de responsabilité » des personnels de la SNCF et de la RATP mobilisés contre la réforme des retraites, l’édition 2019 des fêtes de Noël restera dans les mémoires comme un épisode de paralysie important des transports publics.

« Il est des moments dans la vie d’une nation où il est bon de savoir faire trêve pour respecter les familles et la vie des familles », avait estimé le chef de l’Etat depuis la Côte d’Ivoire, où il était en déplacement. Las, après un premier week-end de départ en vacances compliqué pour les voyageurs, seulement 40 % des TGV et TER circulaient, lundi. Le trafic était encore plus perturbé, mardi, avec simplement deux TGV sur cinq en circulation, au vingtième jour de la mobilisation.

Le gouvernement croyait pourtant avoir fait le plus dur, le 19 décembre, en parvenant à convaincre les dirigeants de la CFDT et de l’UNSA à appeler à la trêve.

Mais la base syndicale ne s’en est pas laissée conter. « La problématique des syndicats, c’est qu’il y a un gros décrochage entre la tête et les jambes. La tête négocie, mais en réalité la base ne va pas toujours dans le même sens », déplore la députée (La République en marche, LRM) de Paris, Olivia Grégoire.

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« Nous attendons une prise de conscience progressive »

En montrant des signes d’ouverture sur le minimum de pension ou le rythme de transition vers la fin des régimes spéciaux, le gouvernement estimait avoir fait des gestes en direction des centrales réformistes.

« Le dialogue s’est détendu avec les confédérations. Nous attendons une prise de conscience progressive du compromis qui a été mis sur la table », défend-on dans l’entourage du premier ministre Edouard Philippe. En clair, que le ruissellement fasse son œuvre. « Les propositions mises sur la table à la RATP et à la SNCF doivent permettre de reprendre le travail et d’assurer le service public indispensable dans cette période », a encore estimé le nouveau secrétaire d’Etat aux retraites, Laurent Pietraszewski, le 22 décembre dans le Journal du dimanche (JDD).

Décrocher une trêve du côté des syndicats réformistes devait permettre de s’enlever un peu de pression, alors que la CGT et Force ouvrière (FO), qui réclament le retrait pur et simple de la réforme, sont de leur côté unis de la base au sommet contre le texte.

Une opposition frontale qui permet au gouvernement d’afficher sa détermination. « Nous ne reviendrons pas sur la suppression des régimes spéciaux », a prévenu M. Pietraszewski. « Pour faire rouler les trains à Noël, il faudrait retirer le projet ? Ce n’est pas envisageable », estime pour sa part une ministre, qui reconnaît l’existence en ce moment d’« une bataille vis-à-vis de l’opinion publique pour faire porter la responsabilité des blocages ».

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