Réforme des retraites : l’exécutif accélère, les syndicats se braquent – Le Parisien

À J-7 du bras de fer annoncé, l’opération déminage menée par Édouard Philippe fait pschitt dans les états-majors syndicaux. Leur seule certitude : l’exécutif joue avec le feu. Si le gouvernement a levé l’« ambiguïté » sur son calendrier et confirmé la poursuite du dialogue avec des concertations qui s’achèveront « le 9 ou le 10 décembre », il a aussi annoncé un examen du texte au parlement début 2020, soit très rapidement.

Une accélération de l’adoption de la réforme qui a fini de braquer les plus remontés. « Édouard Philippe montre les muscles. Ce n’est pas une tactique de Sioux c’est la méthode bulldozer comme Juppé », observe un ancien leader syndical.

Car le Premier ministre, qui se dit prompt à maintenir le « dialogue », s’est bien gardé d’abattre ses cartes. À la question explosive que tout le monde posait, y aura-t-il une autre réforme financière avant la réforme, silence radio de Matignon. Pour les syndicats rien ou presque de ce qu’ils demandaient n’a été clarifié. Et tous savent bien que les paroles n’engagent que ceux qui les prononcent.

« On a perdu beaucoup de temps », a regretté Laurent Berger de la CFDT sous la pression en ce moment de sa fédération des cheminots qui attend toujours « des engagements clairs » pour lever son préavis de grève, a-t-elle fait savoir ce mercredi. En Basse-Normandie, dans le Nord Pas-de-Calais ou à la Réunion, la CFDT-cheminots appelle à la grève le 5 décembre, mais aussi le SGEN-CFDT (les enseignants), et même l’union départementale de l’Indre.

FO dénonce l’absence de concertation

Ce calendrier en accéléré risque d’ailleurs d’être perçu par beaucoup, militants ou simples salariés opposés à la réforme, comme un nouvel encouragement à aller manifester. « L’Histoire s’écrit au fur et à mesure. Il faut éviter de prédire ce que sera l’avenir car il n’y a rien d’écrit d’avance. Édouard Philippe devrait prendre de la graine de Juppé », ironise un poids lourd de la CGT qui a fait 1995.

Dans les rangs de FO, Yves Veyrier voit dans cette énième tentative de déminage « beaucoup de com, de l’affichage comme le Black Friday ». « Mais en réalité c’est le vide complet, même sur la pension à 1000 euros nous n’avons pas réussi à savoir quand cela s’appliquerait », assène le secrétaire général rappelant que le 25 novembre, son syndicat avait déposé un épais cahier de revendications resté lettre morte. Et de s’agacer de la petite musique du gouvernement remerciant les organisations « pour la richesse des discussions ».

« Ça n’avait vraiment rien d’une concertation! La concertation n’a rien donné, le débat citoyen a tourné court. L’exécutif s’aperçoit que ce que l’ont dit porte et recueille l’assentiment de la population. Il prend peur », poursuit le responsable syndical de FO. « Le dossier est devenu politique. L’exécutif cherche à incarner la ténacité sur une réforme qu’Emmanuel Macron veut épingler sur son tableau de chasse pour les municipales », avance un autre persuadé que le gouvernement va se heurter à un mur.

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