Réforme des retraites : les partis de gauche cherchent l’union pour contrer le gouvernement – Le Monde

Meeting unitaire de la gauche contre la réforme des retraites, à Saint-Denis, le 11 décembre 2019.

En musique, on appelle ça un « supergroupe ». Comprendre : un groupe composé de célébrités mais à l’existence éphémère. Le meeting organisé, mercredi 11 décembre à la Bourse du travail de Saint-Denis (Seine-Saint-Denis), par le Parti communiste (PCF) contre la réforme des retraites, en a été la déclinaison politique.

Tous les partis de gauche ont répondu présents, ainsi que les syndicats Solidaires et la CGT. La liste complète des participants est trop longue pour être reproduite de manière complète. Mais citons pêle-mêle : Lutte ouvrière (LO), La France insoumise (LFI), le Parti socialiste (PS) ou encore Europe Ecologie-Les Verts (EELV) ; ainsi que de plus petites organisations comme République et socialisme, Place publique ou Génération.s. Tous étaient là pour s’opposer à « la retraite Macron » et pour affirmer qu’une « autre retraite est possible ».

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Fabien Roussel, secrétaire national du PCF résume l’état d’esprit de la soirée : « L’unanimité contre la réforme du gouvernement. Nous demandons le retrait de ce projet. On est tous unis sur ce point et appelons à la mobilisation le 17 décembre. » Le patron du PCF ne pouvait rêver de meilleur timing pour son moment « historique », prévu depuis plusieurs jours : la CFDT a décidé, mercredi, de rejoindre le mouvement contre le projet du gouvernement. L’unité était donc parfaite, aussi bien du côté syndical que politique.

« Macron est fort de nos divisions »

Mais si la photo de famille était impressionnante, reste à savoir si toutes les formations de gauche – soit réformistes, soit populistes, soit révolutionnaires – pensent la même chose. Et, à mesure que l’on se penche sur les positions des uns et des autres, on se rend compte que l’union va être un combat. « Il y a des désaccords entre nous, notamment sur la retraite par points », a ainsi reconnu Marie-Noëlle Lienemann, sénatrice de Paris, et l’une des dirigeantes de la Gauche républicaine et socialiste, proche de LFI.

Olivier Faure, le premier secrétaire du PS a aussi prôné l’unité… dans la différence : « Macron est fort de nos divisions. S’il nous voit rassemblés, s’il voit que les Français sont attachés à notre modèle social, alors nous pouvons gagner. Il faut que l’on soit tolérants les uns envers les autres. Nous sommes différents, mais nous avons des points communs. La philosophie du projet ne nous convient pas. » Il a même fait une sorte de mea culpa, reconnaissant que la gauche avait pu, à cause de ses divisions, « ouvrir la voie aux libéraux ».

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M. Faure a également proposé de créer un intergroupe au Parlement pour « avancer, travailler des amendements ». M. Roussel est favorable à cette proposition et veut même aller plus loin. « Nous devons marcher sur nos deux jambes : demander le retrait et faire des propositions, construites avec les organisations syndicales. Je propose la mise en place d’un comité de liaison à partir du 18 décembre. La première rencontre pourrait se faire au PCF. Vient qui veut. »

« Il faut engager la bataille de l’opinion publique »

Julien Bayou, le tout nouveau patron des Verts, a également conscience de la difficulté, pour la gauche, de parler d’une unique voix, même s’il prône le rassemblement et un contre-projet commun qui pourrait être présenté le 21 janvier 2020, la veille de la présentation au conseil des ministres de la réforme : « Il faut distinguer les points de désaccord et les prétextes de désaccord. Mais il y aura aussi des points d’accord. Il s’agit de se mobiliser contre cette réforme et son monde. Derrière, c’est la retraite par capitalisation, la sécession des riches. L’enjeu n’est pas le statu quo. Le système [actuel n’est pas] parfait. Il faut engager la bataille de l’opinion publique. »

De son côté, Olivier Besancenot du Nouveau parti anticapitaliste a ironisé : « Je tiens à remercier Edouard Philippe d’avoir donné un second souffle au mouvement. » Et d’adresser des piques au Parti socialiste en critiquant « les gouvernements de gauche qui ne sont pas revenus sur les réformes libérales ».

Il ajoute : « Le [gouvernement] voulait que l’on se bouffe la gueule entre nous, ils n’y sont pas arrivés. Sans se substituer [au mouvement social], on a une première responsabilité : on sera solidaires de cette mobilisation, jusqu’au retrait de la réforme (…) » Nathalie Arthaud, porte-parole de LO, abonde : « Il y en a marre des conditions de travail, de toutes ces réformes qui n’ont aucun sens. On ne gagnera pas sans un mouvement général, une levée en masse des travailleurs, y compris du privé. » Eric Coquerel, député LFI de Seine-Saint-Denis a, lui, comparé Emmanuel Macron à Margaret Thatcher, ancienne première ministre britannique, connue pour sa politique ultralibérale extrêmement dure.

Finalement, au-delà de la question des retraites, c’est bien l’opposition au gouvernement d’Edouard Philippe et à Emmanuel Macron, qui est le plus petit dénominateur commun de la gauche. Reste à savoir si cela sera suffisant pour construire une alternative politique.

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