Réforme des retraites : Laurent Berger est-il vraiment celui qui peut tout débloquer? – Le Journal du dimanche

Il est présenté comme l’homme clé de la fin du conflit à la SNCF et à la RATP sur la réforme des retraites. Le patron de la CFDT, Laurent Berger, était mercredi à Matignon pour une réunion avec le Premier ministre. A la sortie, sa parole était très attendue. Il s’est alors dit “très, très loin, encore, d’être d’accord” avec le gouvernement. Mais, le secrétaire général de la CFDT est-il vraiment l’homme qui peut stopper les grèves? C’est plus compliqué que cela.

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Oui, parce qu’un changement de position de Berger serait un signal politique

Il est réformiste. Il représente le premier syndicat de France. Il soutient le principe d’un régime de retraite universel. Laurent Berger avait tout pour s’entendre avec le gouvernement. Mais l’annonce le 11 décembre par Edouard Philippe de l’instauration d’un âge d’équilibre l’a fait basculer dans la contestation de la réforme. Un véritable signal politique. Pour l’exécutif, un rabibochage avec le patron de la CFDT est donc capital. “Cela serait un symbole important”, confirme un cadre En marche de l’Assemblée.

Oui, parce qu’il est écouté de la majorité

La position de Laurent Berger est aussi très scrutée dans la majorité. Une partie des députés En marche se sent proche de ses positions depuis longtemps. Une dizaine de députés de l’aile gauche d’En marche l’ont même rencontré lundi soir pour “renouer le dialogue” de façon “informelle” sur la réforme des retraites. “On n’avait pas de mandat particulier. L’idée, c’était de se parler, de trouver une issue, de dialoguer” et de voir s’il existe des “pistes alternatives à l’âge pivot à 64 ans”, a expliqué le député du Vaucluse Jean-François Cesarini. “Je ressens aujourd’hui qu’environ 80 députés ne sont pas à l’aise avec cette question de l’âge d’équilibre”, estime pour sa part un parlementaire LREM, cité par Le Parisien.

Non, parce qu’un accord du gouvernement avec Berger ne changerait rien aux positions de l’intersyndicale

Si Laurent Berger finissait tout de même pas accepter la réforme du gouvernement, cela ne changerait pas certaines données de l’équation, notamment le fait que l’intersyndicale composée de la CGT, FO, FSU, Solidaires et des organisations de jeunesse (Fidl, MNL, UNL, Unef) est totalement opposé à la réforme des retraites et demande le retrait du projet gouvernemental (contrairement à la CFDT qui est favorable à un régime de retraite universel). Ces syndicats se sont ainsi déjà entendues pour organiser des actions jusqu’à fin décembre et ne prévoient pas de trêve de Noël.

Non, parce que la CFDT est peu représentée à la SNCF et à la RATP 

La CFDT a peu de chance de peser sur l’issue du conflit à la SNCF et à la RATP, l’un des principaux lieux de la contestation. En effet, la CFDT n’est que le 4e syndicat représentatif à la SNCF. La CGT est en tête devant l’Unsa et Sud-Rail. A la RATP, c’est l’Unsa qui est la première organisation syndicale devant la CGT, CFE-CGC, SUD, FO, SAT RATP, et très loin derrière, la CFDT. C’est donc plutôt l’Unsa (syndicat réformateur) qui pourrait débloquer la situation à la RATP. Mercredi, Laurent Escure de l’Unsa a d’ailleurs noté “des ouvertures” d’Edouard Philippe sur “la pénibilité, les fins de carrière, le minimum de pension”, même si elles “restent à confirmer”. 

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