Réforme des retraites : la semaine de tous les dangers pour l’exécutif – Le Monde

Edouard Philippe lors de son discours à Matignon, au lendemain des manifestations, Paris le 6 décembre.

Au basket, on appelle cela le « money time ». Ce moment où le match peut basculer d’un côté ou de l’autre. Après deux ans d’une concertation débutée à l’automne 2017, et alors qu’un mouvement social d’ampleur paralyse une partie des transports en France, l’exécutif va dévoiler, mercredi 11 décembre, le contenu de sa réforme des retraites. Un moment que les acteurs de la Macronie s’accordent à considérer comme crucial pour la poursuite du mandat du chef de l’Etat, qui a fait de ce projet sa « mère des batailles ».

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Signe de la tension grandissante, les ministres ont défilé tout le week-end à Matignon, où les équipes du premier ministre commençaient à plancher sur le discours qu’Edouard Philippe doit prononcer au Conseil économique, social et environnemental (CESE). « Mercredi, j’expliquerai, avec beaucoup de détails, le dispositif qu’on veut construire. Et je continuerai ensuite à l’expliquer », a assuré le chef du gouvernement au JDD. Dimanche soir, M. Macron réunissait à son tour, à l’Elysée, les principaux ministres en charge de la réforme, avant de recevoir, lundi midi, les dirigeants de la majorité.

Les derniers arbitrages, assure-t-on, se prendront entre le président de la République et son premier ministre. Seront-ils sensibles au niveau des nouvelles manifestations prévues mardi, à l’appel de plusieurs syndicats ? « Il n’y a ni indifférence ni mise sous pression », élude un conseiller, pour qui l’essentiel est de parvenir à raccrocher « les gens raisonnables à la SNCF et à la RATP » en leur proposant une « transition plus lente » vers le nouveau régime universel. Certains, à l’image du délégué général de La République en marche (LRM) Stanislas Guerini, plaident pour la « clause du grand frère ». En clair, que la réforme s’applique à partir de la génération 1973 – et pas 1963, comme prévu initialement.

« Le dialogue social reprend des couleurs »

Pour convaincre ces « raisonnables », l’exécutif a choisi de prendre à partie la CGT, dont le secrétaire général, Philippe Martinez, assure vouloir tenir la mobilisation « jusqu’au retrait » du projet. « Je pense [que la CGT] défend plus ses troupes que les Français », a ainsi critiqué, dimanche, sur France 3, le ministre de l’économie, Bruno Le Maire. « Je ne pense pas que ce soit avec la CGT qu’on trouvera le chemin de la sortie de ce conflit », a abondé sur RTL Elisabeth Borne, ministre de la transition écologique et solidaire, préférant conforter la CFDT ou l’UNSA, deux syndicats clés pour parvenir à faire passer la réforme. Au sein de l’exécutif, on se réjouit d’avoir repris langue avec les syndicats réformistes après les avoir snobés au début du quinquennat. « Le dialogue social reprend des couleurs ! », assure-t-on à l’Elysée.

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