Réforme des retraites : grèves dans les centrales nucléaires, les raffineries et les ports – Le Monde

Des syndicalistes et des salariés en grève se rassemblent devant le site de la raffinerie TotalEnergies, à Donges, dans l’ouest de la France, le 14 octobre 2022.

Avant la journée nationale du 31 janvier contre la réforme des retraites, la grève a repris dès jeudi 26 janvier et jusqu’à vendredi dans les raffineries, les centrales électriques, mais également les ports et les docks. La réforme d’Emmanuel Macron, à laquelle s’opposent tous les syndicats et qui arrivera lundi au Parlement, conduirait à la suppression des régimes spéciaux chez EDF ou Engie. Leurs salariés seraient eux aussi contraints, à terme, d’attendre 64 ans pour toucher leur pension.

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Le 31 janvier, à l’appel de tous les syndicats, la grève concernera tous les secteurs : écoles, fonctionnaires, transports, services… Mais dans l’énergie, la Confédération générale du travail (CGT) organise des mobilisations supplémentaires. Elle souhaite « aller chercher encore plus de grévistes pour le 31 et montrer qu’on maîtrise l’outil de travail », explique à l’Agence France-Presse Fabrice Coudour, secrétaire fédéral du syndicat dans la branche de l’énergie.

Filtrages

En tout début de journée, les grévistes menaient des opérations de filtrage à l’entrée des centrales nucléaires, retardant le début du travail pour les équipes de jour. Des baisses de production dans les centrales et les barrages étaient à prévoir dès jeudi, mais elles ne devraient pas provoquer de coupures de courant pour le grand public, tant elles sont encadrées par Réseau de transport d’électricité (RTE), le gestionnaire des lignes à haute et très haute tension.

Malgré la présence de nombreux grévistes, « il n’y a pas eu beaucoup de baisses de production cette nuit », a d’ailleurs constaté M. Coudour jeudi, faisant état de messages de sûreté de réseau « dès la fin de journée mercredi ». RTE, chargée d’assurer la sécurité de l’approvisionnement en électricité, peut envoyer de tels messages aux grévistes si elle estime que les baisses de production compromettent le fonctionnement du réseau.

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« On s’interroge sur la véracité de ces messages », a expliqué le responsable syndical, compte tenu de leur publication juste avant la grève. « Si ce sont des messages pour garantir des échanges commerciaux », les assemblées de grévistes se demanderont si elles doivent « les respecter ou pas », a-t-il ajouté. « C’est une question de sécurité de l’approvisionnement en électricité, pas une question de marché », a répondu RTE.

Dans les raffineries, l’arrêt des installations n’était pas à l’ordre du jour, mais les expéditions de carburants vers les dépôts ont pu être perturbées par endroits. Chez TotalEnergies, la CGT faisait état jeudi matin de 100 % de grévistes au dépôt de Flandres (Nord), 80 % à la raffinerie de Normandie, 60 % à la bioraffinerie de La Mède (Bouches-du-Rhône), 50 % à la raffinerie de Donges (Loire-Atlantique) et 30 % sur le site de Grandpuits (Seine-et-Marne).

La grève pourrait prendre fin dès jeudi soir de façon anticipée sur la plupart des sites de TotalEnergies, selon la CGT, qui avait initialement déposé un préavis pour jeudi et vendredi. « On se dirige sur beaucoup de sites vers une suspension ce soir, pour reprise mardi prochain. Il y a de fortes chances qu’il n’y ait pas grand-chose demain », a expliqué à l’AFP Eric Sellini, responsable CGT chez TotalEnergies. La question sera posée pendant la soirée, quand les salariés de TotalEnergies du quart suivant, celui de la nuit, viendront prendre leur poste.

« Toucher l’économie »

Au menu de ces deux jours de mobilisation, également des actions « positives » dans l’énergie : gratuité, réductions de tarifs et rétablissement du courant pour les ménages coupés sont à prévoir, afin de contrebalancer les reproches adressés après l’annonce de « coupures ciblées », notamment contre des élus favorables à la réforme. Dès mercredi, des coupures ont eu lieu sur des parcs éoliens et solaires dans le secteur de Montluçon, revendiquées par la CGT, ainsi que dans une zone industrielle et commerciale de Montauban (Tarn-et-Garonne), jeudi matin. Comme à chaque fois, Enedis va porter plainte.

« Nous ne souhaitons [pas de] blocages qui seraient pénalisants pour l’ensemble des Français et nous n’acceptons aucune menace », a déclaré mercredi le ministre du travail, Olivier Dussopt, devant le Sénat, en parlant de « délit » plus que d’« action politique ou militante ».

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La CGT-Pétrole souhaite néanmoins « un mouvement un petit peu plus dur », a expliqué Thierry Defresne, secrétaire CGT du comité TotalEnergies Europe. « Moi, je n’aime pas le terme “bloquer”, mais nous pensons qu’il faut une généralisation de la grève pour toucher l’économie », a ajouté M. Defresne, qui voit là la seule manière de faire « reculer le gouvernement », contrairement à des mouvements de vingt-quatre heures espacés dans le temps.

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Les pétroliers envisagent des actions locales avec les salariés des infrastructures portuaires. La fédération CGT des ports et docks a appelé à une grève de vingt-quatre heures jeudi. Des manifestants bloquaient l’accès routier des camions au port de Bayonne (Pyrénées-Atlantiques). « On restera le temps qu’il faudra », a déclaré un délégué syndical CGT joint par téléphone.

Le Monde avec AFP

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