Réforme des retraites : à la veille de la seconde journée de mobilisation, le projet de loi arrive à l’Assemblée – Le Monde

A la veille de la mobilisation dans la rue, les députés donnent, lundi 30 janvier, le coup d’envoi des débats en commission sur le très contesté projet de réforme des retraites, avec des oppositions de plus en plus remontées par la fermeté sans faille affichée par le gouvernement. La soixantaine de parlementaires de la commission des affaires sociales travaillent, article par article, sur le texte qui prévoit un recul de l’âge légal de départ à la retraite de 62 à 64 ans et une accélération de l’allongement de la durée de cotisation, avant l’épreuve dans l’Hémicycle à compter du 6 février sur la réforme-phare du second quinquennat Macron.

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Dimanche, le ton est monté d’un cran après que la première ministre, Elisabeth Borne, a assuré que le report de l’âge de départ n’était « plus négociable ». La patronne des députés Rassemblement national (RN), Marine Le Pen, a mis en garde : la première ministre « ne devrait pas trop s’avancer, parce que, parti comme c’est parti, il n’est pas du tout impossible que sa réforme des retraites ne soit pas votée ». Le coordinateur de La France insoumise (LFI), Manuel Bompard, a, lui, reproché à Mme Borne de « bomber le torse », tandis que le vice-président exécutif du parti Les Républicains (LR) Aurélien Pradié a critiqué son « coup de menton ».

Lundi matin, c’est le secrétaire général de la Confédération française démocratique du travail (CFDT), Laurent Berger, qui a mis en garde sur France 2 Mme Borne, qui « ne peut pas rester sourde à cette formidable mobilisation qui s’est créée ». « J’invite les parlementaires à ne pas aller tête baissée dans le report de l’âge légal à 64 ans, parce que c’est rejeté par une immense majorité des salariés », a-t-il déclaré lors de l’émission « Les Quatre Vérités ». « Ecoutez ce mécontentement qui s’exprime partout », a-t-il demandé à la cheffe du gouvernement.

Le temps sera compté au Palais-Bourbon. Les députés ont jusqu’à mercredi 20 heures pour se prononcer sur les quelque 7 000 amendements déposés, dont la très grande majorité par l’alliance de gauche. C’est loin des 22 000 amendements en commission sur la précédente tentative de réforme de 2020. Les délais resserrés sont imposés par le vecteur choisi par l’exécutif, un projet de budget rectificatif de la Sécurité sociale, qui limite à cinquante jours les débats au Parlement.

Les voix cruciales de la droite

Les échanges pourraient être particulièrement tendus mardi, jour de mobilisation interprofessionnelle nationale. Après celle du 19 janvier, qui a vu de 1 million à 2 millions de personnes manifester contre la réforme, les syndicats espèrent faire au moins aussi bien. La grève s’annonce très suivie dans les transports et à l’école. Une source des services de renseignement contactée par l’Agence France-Presse s’attend à 1,2 million de manifestants au niveau national dans le haut de la fourchette, dont 100 000 à Paris, « avec 240 cortèges ou rassemblements prévus ». Le ministre de l’intérieur, Gérald Darmanin, a annoncé lundi la mobilisation de 11 000 agents des forces de l’ordre à cette occasion.

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« C’est la première fois que nous commençons la bataille sur les retraites avec autant de monde », s’est réjouie sur BFM-TV la patronne des députés « insoumis », Mathilde Panot. La gauche étrille un projet « solitaire, injuste et injustifié », voire « anti-femmes ». Ses élus s’opposent en bloc aux 64 ans et récusent faire de l’obstruction, en évitant les amendements de pure forme. « On va adapter notre tactique au fur et à mesure, on veut que soit discuté l’article 7 » sur l’âge, selon Clémentine Autain (LFI). Samedi, Gérald Darmanin a accusé la Nouvelle Union populaire écologique et sociale (Nupes) de vouloir « bordéliser le pays ».

De son côté, la droite, dont les voix sont cruciales pour que le texte soit adopté, fait monter les enchères. Les LR ont des demandes pour les femmes aux carrières hachées, pour ceux ayant commencé à travailler à 20 ans, sur les droits familiaux, ou encore un report de l’entrée en vigueur de la réforme. Les députés RN, eux, combattent le report de l’âge, mais réservent leurs forces pour l’Hémicycle. La majorité présidentielle n’est pas en reste, mais a été priée de réfréner ses ardeurs pour tenir l’équilibre financier de la réforme. L’idée de contraintes plus fortes autour de l’emploi des seniors dans les grandes entreprises fait cependant son chemin chez Renaissance.

Le Monde avec AFP

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