Réforme de «caprice» et «dessein contre nature»: la ministre Caroline Cayeux confrontée à ses propos passés sur le mariage homosexuel – Libération

Coup de rétro

Le gouvernement d’Elisabeth Bornedossier

La nouvelle ministre chargée des Collectivités territoriales, qui vient de quitter sa mairie de Beauvais, est sous le feu des critiques de la gauche notamment pour ses positions concernant le mariage pour tous.

«C’est un mauvais procès qu’on me fait.» Depuis son entrée au gouvernement début juillet, la nouvelle ministre déléguée chargée des Collectivités territoriales, Caroline Cayeux, se défend comme elle peut. L’ancienne maire de Beauvais, qui a été contrainte de lâcher les clés de sa mairie sous la pression de Matignon, est rattrapée pour ses positions sur le mariage des personnes de même sexe.

Dans une tribune parue lundi dans le magazine Têtu, une centaine de députés, élus locaux et militants lui reproche des propos anciens sur la loi sur le mariage pour tous, adoptée en 2013. La réforme, portée à l’époque par la garde des Sceaux Christiane Taubira, était qualifiée de «caprice» par l’ex-sénatrice LR de l’Oise. «Le mariage pour tous et le droit à l’adoption n’est pas simplement un dessein qui va contre nature mais c’est plus grave», aurait également prononcé Caroline Cayeux en 2012.

Les signataires de la tribune ne précisent pas dans quel contexte ont été tenus ces propos. Dans les colonnes du magazine, ils interpellent toutefois le président de la République et la Première ministre «pour un gouvernement sans LGBTQIAphobies». Sont également visés le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, et celui de la Transition écologique, Christophe Béchu.

«Saupoudrer quelques communautés d’avantages non justifiés»

Invitée ce mardi matin de Public Sénat, la ministre a déclaré qu’elle ne «pense pas avoir parlé de caprice». «Oui, à l’époque…», a-t-elle hésité, avant d’assurer qu’elle «maint[enait] évidemment [s]es propos». Et l’élue de 73 ans d’avancer, en guise de bonne foi : «J’ai toujours dit que la loi, si elle était votée, je l’appliquerai.» A l’époque des débats mouvementés à l’Assemblée nationale et au Sénat autour de la réforme, celle qui était décrite comme une «conservatrice pur jus, représentante d’une droite réactionnaire» par Sylvie Houssin, ancienne vice-présidente (PS) du conseil général de l’Oise (en 2009, dans l’Express), exprimait publiquement son opposition au mariage pour tous.

«Les Français n’ont qu’une seule revendication : que ce débat ne soit pas confisqué, notamment par des organisations qui se disent représentatives de communautés, lançait-elle ainsi en avril 2013 au Sénat. Car non seulement ces organisations ne sont pas représentatives, mais surtout elles ne sont pas légitimes puisque les communautés en question n’ont aucunement besoin d’être reconnues par l’Etat.» «Notre démocratie est-elle si malade que, pour nous donner bonne conscience, pour pouvoir ignorer la crise sociale, nous saupoudrons quelques communautés d’avantages non justifiés ?» interrogeait-elle également. La sénatrice de droite souhaitait à l’époque soumettre cette réforme à un référendum.

Soutien sans faille de François Fillon

Dans les colonnes du Parisien, en 2012, elle estimait que «l’institution du mariage doit être préservée dans sa forme actuelle». Privilégiant une réforme du Pacs, elle assurait que la «loi permet déjà à des personnes célibataires d’adopter des enfants». «Les homosexuels peuvent déjà adopter, poursuivait-elle. Cependant, il n’appartient pas aux faits de dicter le droit. Le droit doit encadrer le fonctionnement de notre société, pas l’inverse.»

Ce mardi matin, la ministre a assuré qu’elle n’a «jamais fait partie de la Manif pour tous». «Je n’ai jamais défilé, que les choses soient claires», a-t-elle dit sur Public Sénat. Et d’ajouter, très maladroitement : «J’ai beaucoup d’amis parmi tous ces gens-là [les homosexuels, ndlr] et franchement, c’est un mauvais procès qu’on me fait. Ça m’a beaucoup contrariée.»

Depuis, la ministre a publié un message sur Twitter : «Mes propos ont blessé nombre d’entre vous. Je les regrette profondément, ils étaient naturellement inappropriés. L’égalité des droits doit toujours être une priorité de notre action.»

Maire de Beauvais depuis 2001, Caroline Cayeux s’est toujours décrite comme une tenante d’une «droite sociale», héritière de Philippe Seguin. C’est lui, l’ancien président de l’Assemblée nationale et figure du RPR qui l’a poussé à s’emparer de son fief beauvaisien. A l’UMP puis chez Les Républicains, elle s’est ensuite affichée aux présidentielles de 2012 et 2017 comme un soutien sans faille de François Fillon. L’ancien candidat à l’Elysée ne cachait pas son opposition au mariage pour tous. Encartée à droite depuis 1981, Cayeux avait ensuite claqué la porte des LR en 2018, après un désaccord avec Laurent Wauquiez sur la ligne du parti.

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