Refonte des programmes scolaires, accessibilité des archives… Ce que préconise le «rapport Stora» remis à Macron – Le Figaro

L’historien français Benjamin Stora a remis ce mercredi au président de la République son très attendu rapport sur la colonisation et la guerre d’Algérie.

● Créer une Commission «Mémoires et vérité»

Pour conclure son rapport «sur la colonisation et la guerre d’Algérie», Benjamin Stora propose au gouvernement la création d’une commission chargée «d’impulser des initiatives communes entre la France et l’Algérie sur les questions de mémoires». Elle pourra être constituée de différentes personnalités «engagées dans le dialogue franco-algérien», ainsi que d’un secrétariat général tenu d’assurer «la mise en œuvre et le suivi des décisions prises».

● Renforcer l’enseignement sur la guerre d’Algérie

Au-delà du fait d’accorder dans les programmes scolaires «plus de place» à ce pan de l’histoire française, Benjamin Stora appelle à «généraliser cet enseignement à l’ensemble des élèves», y compris aux lycées professionnels.

● Multiplier les hommages et les commémorations

Benjamin Stora appelle à faire «entrer au Panthéon» l’avocate féministe Gisèle Halimi, «grande figure féminine d’opposition à la guerre d’Algérie». Le portrait de l’Émir Abdelkader, militaire algérien et héros de la résistance à la colonisation au XIXe siècle, pourrait de son côté être fixé sur une stèle construite au château d’Amboise (Indre-et-Loire).

L’historien propose aussi de transformer les quatre anciens camps d’internement d’Algériens situés sur le territoire français en «lieux de mémoire», ainsi que de renommer certaines rues en mémoire de «Français particulièrement méritants issus de territoires antérieurement placés sous la souveraineté de la France.» Au-delà du 19 mars, date de la commémoration de la fin de la Guerre d’Algérie, d’autres dates de commémorations pourraient aussi être arrêtées.

● Accélérer le travail sur les archives

Benjamin Stora souhaite plus de «transparence» sur un «passé commun», notamment à travers la question des archives. Pour ce faire, l’historien propose de créer le «premier fonds d’archives commun aux deux pays accessible librement». Une «coopération universitaire» pourrait aussi voir le jour grâce à des conditions d’accès aux fonds d’archives français facilitées pour les chercheurs issus d’établissements algériens.

● Rapprocher la jeunesse des deux pays

Dans le même temps, les étudiants français, «dans un nombre qui reste à discuter avec les autorités algériennes», pourraient bénéficier d’un «visa à entrées multiples» et d’un accès facilité aux archives algériennes. Un «office franco-algérien de la jeunesse» est aussi suggéré pour «impulser les œuvres de jeunes créateurs».

● Poursuivre le travail de recherche

À l’instar des recherches menées conjointement sur les «lieux des essais nucléaires en Algérie et leurs conséquences», différents groupes de travail déjà effectifs sont incités à poursuivre leurs travaux. Au groupe créé en 2012 pour permettre la «localisation des sépultures des disparus» durant la guerre d’Algérie, Benjamin Stora propose de publier un «Guide des disparus». D’autres travaux sont suggérés, notamment sur la recherche des emplacements «où furent inhumés les condamnés à mort exécutés pendant la guerre», ainsi que sur «les enlèvements et assassinats d’Européens à Oran en juillet 1962».

● Développer les initiatives culturelles

Benjamin Stora formule plusieurs initiatives culturelles possibles (réactivation du projet abandonné de Musée de l’histoire de la France et de l’Algérie, expositions et colloques sur le sujet…), et appelle à favoriser la diffusion des travaux des historiens en créant une collection «franco-algérienne» et un fonds permettant la traduction du français vers l’arabe, et inversement, «d’œuvres littéraires et à caractère historique».

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