Recours au cabinet de conseil McKinsey : le gouvernement sur la défensive – Le Monde

Amélie de Montchalin et Olivier Dussopt lors d’une conférence de presse à Bercy, à Paris, le 30 mars 2022.

Les partisans d’Emmanuel Macron pensaient que l’histoire ne sortirait pas du bocal des réseaux sociaux. Trop « compliquée ». Puis, mardi 29 mars, le président de l’Assemblée nationale, Richard Ferrand, a eu la désagréable surprise d’être interpellé par un homme dans une réunion publique à Paris sur l’affaire McKinsey, du nom de cette société de conseil devenue le symbole du recours croissant par l’Etat, depuis 2017, à des prestataires privés pour le guider dans son action. Plus d’un milliard d’euros ont été dépensés dans ce domaine en 2021, selon un rapport sénatorial publié le 17 mars, qui évoque un « phénomène tentaculaire », avec un montant qui a « plus que doublé » en trois ans. Aussitôt, le service d’ordre évacue l’opposant de la salle – « Bravo la démocratie ! », le voit-on tempêter dans une vidéo devenue virale sur Twitter –, avant d’être finalement réinvité à s’asseoir dans le public.

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Anecdotique ? Plus rien ne l’est. A dix jours du premier tour de l’élection présidentielle, prévu le 10 avril, aucune polémique ne peut être « négligée », reconnaît-on autour du président candidat, dont la campagne connaît des signes de fragilité. D’autant que l’opposition crie au « scandale d’Etat ». Certains consultants de McKinsey ont travaillé bénévolement pour la campagne d’Emmanuel Macron en 2017. L’entreprise, par ailleurs, est accusée d’évasion fiscale. Un cocktail détonant. La candidate du parti Les Républicains (LR), Valérie Pécresse, a tôt fait de réclamer que « toute la clarté » soit établie « sur les liens d’Emmanuel Macron avec le consultant McKinsey ». « Qu’attend le Parquet national financier pour réagir, lui qui a été si rapide pour les costumes de François Fillon ? », a interrogé de son côté le candidat d’extrême droite Eric Zemmour, dessinant l’hypothèse d’un « renvoi d’ascenseur » du président de la République envers l’entreprise.

Emmanuel Macron a beau avoir affirmé à plusieurs reprises ces derniers jours qu’« il y a des règles de marchés publics », démentant toute « combine » – « s’il y a des preuves de manipulation, que ça aille au pénal ! », s’est-il emporté, dimanche 27 mars, sur France 3 –, l’abcès ne semble pas crevé. « Sur le fond, il n’y a pas de sujet, mais plus vous attendez, plus la boule grossit », observe un proche du chef de l’Etat, qui insiste : « Nous devons démêler au plus vite le fil de cette histoire, qui charrie des choses vraies mais aussi beaucoup de fantasmes. » Le risque est grand de donner du carburant électoral à la candidate du Rassemblement national (RN), Marine Le Pen, qui connaît une dynamique dans les sondages et se nourrit, selon les macronistes, du « complotisme ». Les soutiens du président de la République savent aussi, depuis l’affaire Benalla, qu’une affaire d’apparence bénigne peut avoir l’effet d’un poison lent.

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