Reconnaissance, nouveaux moyens, temps de travail… les premières annonces du « Ségur de la santé » – Le Monde

Rassemblement de personnels soignants devant l’hôpital parisien Robert-Debré, à Paris, le 21 mai.

Rassemblement de personnels soignants devant l’hôpital parisien Robert-Debré, à Paris, le 21 mai. STÉPHANE DE SAKUTIN / AFP

Après quinze jours de déconfinement et une épidémie due au nouveau coronavirus qui semble refluer, le monde des soignants aura les yeux rivés, lundi 25 mai, sur le lancement du « Ségur de la santé », vaste concertation destinée à améliorer les conditions de travail et les rémunérations des personnels soignants, et la prise en charge des malades.

Le long week-end de l’Ascension a vu rouvrir les portes des églises et de quelques mosquées pour fêter l’Aïd, mais aussi celles des mairies, pour élire les maires dont les listes l’ont emporté au premier tour. Santé publique France donnera lundi le nouveau bilan de la mortalité, après un dernier chiffre de 28 289 morts pour les hôpitaux et les établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad) diffusé vendredi.

  • « Reconnaissance », « nouveaux moyens », « temps de travail » au « Ségur de la santé »

Responsables syndicaux et collectifs de soignants seront réunis en visioconférence. Elle débutera à 15 h 30 par un message du premier ministre, Edouard Philippe, et comptera plus de 300 participants, représentant aussi des Ehpad, des établissements médico-sociaux et de la médecine de ville.

La « reconnaissance » envers les soignants, « elle est immense dans notre pays, et elle se traduira, le président l’a dit, dans les rémunérations. Sur ce point, je le dis sans ambiguïté, la revalorisation sera significative », a assuré M. Philippe, jugeant nécessaire « de garder intacte » la « motivation » des professionnels de santé. Il a promis que « le quotidien des personnels soignants » à l’hôpital changera « dans les tout prochains mois », grâce notamment à des « moyens nouveaux ». La question du temps de travail à l’hôpital public « n’est pas un tabou », a encore souligné le premier ministre.

Cette grande concertation, du nom de l’avenue où se trouve le ministère de la santé, lancée par le ministre Olivier Véran, doit aboutir à la « mi-juillet ». Elle répond à la promesse d’Emmanuel Macron, qui avait évoqué à la fin de mars « un plan massif d’investissement et de revalorisation » pour l’hôpital. Hausse des salaires, temps de travail, gouvernance des hôpitaux… tout sera évoqué lors de cette concertation.

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Déjà à cran avant la survenue de l’épidémie de Covid-19, médecins, infirmiers et l’ensemble des personnels de l’hôpital attendent bien autre chose que des applaudissements. Devant l’hôpital pour enfants Robert-Debré, à Paris, jeudi, ils étaient plusieurs centaines à réclamer « du fric pour l’hôpital public ! », après près de trois mois d’une crise sanitaire inédite. Le 15 mai, en visite surprise à la Salpêtrière, autre grand hôpital parisien, Emmanuel Macron s’était fait vivement interpeller sur le même thème, une infirmière lui réclamant « du flouze, du pèze, de la fraîche : on veut de l’argent ! ».

En début de carrière, les rémunérations des infirmiers français, 1 500 euros, sont parmi les plus faibles des pays de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE). Martin Hirsch, président l’AP-HP (Assistance publique-Hôpitaux de Paris), estime la remise à niveau pour les paramédicaux « de l’ordre de 15 à 20 % », dans un entretien aux Echos, plaidant pour une approche « différenciée » selon les besoins et les spécialités.

Autre question-clé qui agitera cette concertation pilotée par l’ex-dirigeante de la Confédération française démocratique du travail (CFDT) Nicole Notat : l’organisation du temps de travail, source de tensions récurrentes dans les hôpitaux. La réforme « passera par une remise en question de certains carcans qui empêchent ceux qui le souhaitent de travailler davantage », a prévenu M. Véran.

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  • Des précisions attendues sur les vacances d’été

Outre le coup d’envoi de cette concertation sont attendues cette semaine des précisions sur les grandes vacances et, peut-être, sur la réouverture des bars et des restaurants, qui attendent de recevoir à nouveau les clients.

Pour éloigner la menace des faillites et des licenciements, le gouvernement a annoncé dimanche 3 milliards d’euros d’exonérations de cotisations sociales pour les entreprises des secteurs les plus touchés, comme la restauration, le tourisme, la culture ou le sport. Ce coup de pouce concernera 500 000 entreprises et alourdira la dette, au-delà de 115 % du produit intérieur brut, a prévenu M. Darmanin.

Côté automobile, filière plombée par la crise due au coronavirus, des annonces du président de la République sont attendues mardi. Renault doit dévoiler le 29 mai un plan d’économies de 2 milliards d’euros, alors que le gouvernement, actionnaire à 15 %, a accordé un prêt de 5 milliards d’euros sous strictes conditions.

Les soldes d’été, prévus avant la crise sanitaire pour débuter le 24 juin, seront vraisemblablement décalés en juillet, à une date que donnera le gouvernement en « milieu de semaine prochaine », a annoncé Bercy lundi.

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  • Le dispositif de chômage partiel évoluera de façon « raisonnable », selon Le Maire

Le ministre de l’économie et des finances, Bruno Le Maire, a fait savoir lundi sur BFM-TV et RMC que le dispositif de soutien au chômage partiel évoluerait de façon « raisonnable » et « progressif » le 1er juin. « Il y aura une évolution des règles » de la prise en charge par l’Etat, a-t-il déclaré. « On sera à moins de 100 %, mais, ne vous inquiétez pas, on ne va pas passer à 50 % ou 70 % », a tamporisé le ministre, qui fera des « propositions chiffrées » dans « les prochains jours » avec la ministre du travail, Muriel Pénicaud, ajoutant :

« Les salariés, eux, ne perdront rien ; ce sont les employeurs qui vont devoir payer un peu plus. »

En revanche, pour les secteurs qui ne reprendront pas leur activité au 1er juin, « l’intégralité du chômage partiel sera maintenu ». Le cumul des demandes d’autorisation de chômage partiel depuis le 1er mars a atteint 12,7 millions, tandis que 8,6 millions de salariés auraient effectivement bénéficié en avril du dispositif, selon une estimation du ministère du travail.

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