RDC : le volcan Nyiragongo est entré en éruption, évacuation de la ville de Goma – Le Parisien

La ville de Goma, dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC), s’apprête-t-elle à vivre à nouveau l’enfer sur terre ? Les autorités locales ont annoncé que le volcan Nyiragongo, qui la surplombe, est entré en éruption samedi soir. Dans une adresse à la population diffusée sur les radios locales et réseaux sociaux, le gouverneur militaire de la province du Nord-Kivu a « confirmé l’éruption du volcan Nyiragongo depuis ce 22 mai vers 19 heures». Le mont Nyiragongo est un stratovolcan actif situé sur le rift Est-africain.

« Le plan d’évacuation de la ville de #Goma a été activé », a annoncé sur Twitter le ministre de la Communication Patrick Muyaya.

« Nous allons donner de plus amples explications à la population pour la canaliser vers les directions où elle sera en sécurité », a ajouté le gouverneur, qui est en charge de la gestion de la province depuis l’instauration de l’état de siège dans la région le 6 mai pour lutter contre les groupes armés. Selon un document interne de la mission de l’ONU en RDC (Monusco), un hélicoptère onusien a « mené un vol de reconnaissance au-dessus de la zone et a confirmé des activités d’éruption sur le Nyiragongo ».

Depuis le début de soirée, de fortes émanations de lumière rougeoyante sortant du cratère étaient visibles et une odeur de souffre perceptible dans Goma, située sur le flanc Sud du volcan, sur les rives du lac Kivu. Aucune coulée de lave n’était visible depuis la ville, ni tremblement de terre ressenti. Cela n’a pas empêché des mouvements de panique dans Goma même, les habitants rentrant chez eux précipitamment et observant avec inquiétude le cratère au loin dans la nuit et ses lueurs rouges.

« Le ciel est devenu rouge. Il y a une odeur de souffre. Au loin, on observe des flammes géantes sortir de la montagne. Mais il n’y a pas de tremblement de terre. Puis les sirènes n’ont pas hurlé jusque-là », a déclaré une habitante de Goma au téléphone, Carine Mbala. Dans une adresse enregistrée à la population et diffusée sur les radios locales et les réseaux sociaux, le gouverneur militaire de la province du Nord-Kivu a « confirmé l’éruption du volcan Nyiragongo depuis ce 22 mai vers 19H00 » locales.

« Les investigations sont en cours et la population doit suivre les orientations de la protection civile », a déclaré le général Constant Ndima, appelant au « calme ».

« Nous allons donner de plus amples explications à la population pour la canaliser vers les directions où elle sera en sécurité », a ajouté le gouverneur, chargé de la gestion de la province depuis l’instauration de l’état de siège dans la région le 6 mai pour lutter contre les groupes armés.

Une précédente éruption mortelle en 2002

« Cependant, la coulée de lave se dirige vers le Rwanda. La ville de Goma et ses environs sont à l’abri », estime cette première évaluation. En plus de son quasi million d’habitants, Goma abrite un important contingent de Casques bleus et de nombreux membres du personnel de la Minusco. Elle est aussi la base de nombreuses ONG et autres organisations internationales.

L’électricité a été coupée dans une grande partie de la ville et des centaines d’habitants, souvent en famille, se dirigeaient à pied, à moto ou en voiture vers la frontière rwandaise toute proche.

« Les gens partent ou se préparent à partir », a déclaré un autre habitant, tandis que ne cessait de grossir le flot des gens en fuite, matelas sur la tête, colis et enfants dans les bras, voitures klaxonnant. La population prenait la direction du poste-frontière avec le Rwanda, dans la partie Sud de la ville, ou la route de l’ouest vers Sake, vers la région congolaise du Masisi. Goma jouxte directement la frontière, et la « grande barrière », le poste frontière entre les deux pays, est situé dans le sud même de la ville. « Je prends les enfants et on monte dans la voiture, il y a un risque que la coulée vienne sur Goma, on ne sait jamais », a expliqué un autre habitant.

Le 18 janvier 2002, ce volcan, après son éruption avait produit une gigantesque coulée de lave, large d’environ deux kilomètres, qui avait traversé Goma et tout ravagé sur son passage provoquant une crise humanitaire dans cette ville déjà lourdement touchée par les guerres qui sévissent dans la région depuis 20 ans. L’éruption avait causé plus de cent morts et recouvert de lave la quasi-totalité de la partie orientale de Goma, y compris la moitié de la piste d’atterrissage de l’aéroport. L‘éruption la plus meurtrière, en 1977, a fait plus de 600 morts.

Il s’agirait « d’une éruption douce dans une des failles sur le flanc Nord-Est ».

Située dans la province du Nord-Kivu, voisine du Rwanda et de l’Ouganda, la région de Goma est une zone d’intenses activités volcaniques, avec six volcans, dont le Nyiragongo et le Nyamuragira qui culminent respectivement à 3.470 et 3.058 mètres. Une des caractéristiques de ces deux volcans sont les « éruptions douces », relativement fréquentes, des flux de lave s’écoulant par les flancs et non par une explosion dans le cratère. Ce fut le cas lors de l’éruption de janvier 2002. Selon une source au sein des autorités du parc national des Virungas, où sont situés le Nyiragongo et le Nyamuragira, voisins de quelques km, il s’agirait « d’une éruption douce dans une des failles sur le flanc Nord-Est ».

De la lave s’écoulerait vers la localité de Kibumba, à quelques kilomètres au nord de Goma, en direction de la frontière du Rwanda, tandis que la ligne électrique de la centrale de Matebe a été coupée. Dans un rapport daté du 10 mai, l’Observatoire volcanologique de Goma indiquait que « l’activité séismo-volcanique au niveau du Nyiragongo a augmenté », méritant « une attention particulière de surveillance ».

Leave a Reply

Discover more from Ultimatepocket

Subscribe now to keep reading and get access to the full archive.

Continue reading