
Rallié à Eric Zemmour, Stéphane Ravier mise sur une recomposition de l’extrême droite – Le Monde

L’acte final de ce que Marine Le Pen nomme un « sketch ». Emu, Stéphane Ravier a officialisé son ralliement à Eric Zemmour, dimanche 13 février, au micro d’Europe 1-CNews et Les Echos, après deux semaines d’escalade mise en scène avec le Rassemblement national (RN). « [Mes] convictions ne sont plus portées par Marine Le Pen, mais par Eric Zemmour », a conclu l’élu des Bouches-du-Rhône. Après avoir quitté les instances nationales jeudi, il a annoncé démissionner du RN et offrir sa signature à la candidate pour « solde de tout compte ». Il a ensuite foncé au QG de son parti d’accueil, Reconquête !, où l’attendait l’ancien polémiste qu’il décrit comme « le vrai rassembleur ».
Là, il a été accueilli comme un roi. Une vidéo montre les deux hommes s’embrasser et se gratifier de « Magnifique ! », au milieu de jeunes militants conservateurs et identitaires. « Son ego est caressé, il est parti pour briller », regrette l’eurodéputé RN Jean-Lin Lacapelle. Dépités, les dirigeants du RN ont déploré la « traîtrise » de leur unique sénateur, dans un réflexe rodé après les départs des trois eurodéputés Gilbert Collard, Jérôme Rivière et Maxette Pirbakas, et de plusieurs élus régionaux. Jordan Bardella a minimisé ces défections dimanche sur LCI, tout en saluant « une clarification » qui écarte les « amoureux de la provocation » comme les tenants d’une « ligne peut-être plus brutale ».
Des mots durs contre Marine Le Pen
Les cadres du RN s’y étaient surtout résignés. Soucieux d’éviter le mauvais rôle, ils rappellent que le Marseillais, loin d’avoir été maltraité, avait reçu un canton favorable pour sa nièce Sandrine d’Angio ou la tête de liste aux municipales en 2020. Mais lui avait mal vécu de ne pas intégrer le bureau exécutif, en juillet 2021. Le lendemain du congrès, Marine Le Pen lui avait expliqué qu’il ne pouvait obtenir le beurre et l’argent du beurre – sa liberté de ton sur la peine de mort ou la thèse raciste du « grand remplacement », et un siège à l’instance dirigeante.
A l’instar d’autres transfuges, Ravier se projette vers la recomposition de l’extrême droite post-2022. « Mon temps politique ne s’arrête pas au 24 avril », a-t-il précisé dimanche, en plaidant pour des discussions futures afin « que la grande famille nationale se réunisse ». Dans le Sud-Est, « les électeurs de droite pensent comme lui, la question de l’union est primordiale », enchérit l’ex-RN Antoine Mellies, à Reconquête !. Mais le dialogue restera une gageure, tant le sénateur a usé de mots durs contre Marine Le Pen, citant un « manque de niaque » et une « habitude » de « couper des têtes de tous ceux qui n’ont pas mis un genou » devant elle.
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