Racisme : « Castaner a perdu la confiance des policiers », selon le syndicat Unité SGP FO – Le Monde

Le ministre de l’intérieur, Christophe Castaner, et, à l’arrière plan, le directeur général de la police nationale, Frédéric Veaux, lors d’une visite à Evry, le 9 juin. Dans une lettre, ce dernier a fait part d’un « sentiment de profonde injustice » quant aux accusations de racisme au sein de son corps.

Christophe Castaner continue de susciter la défiance chez les forces de l’ordre. Lundi, le ministre de l’intérieur a demandé qu’une suspension soit « systématiquement envisagée pour chaque soupçon avéré » de racisme en leur sein ainsi qu’une « tolérance zéro » sur le sujet. Une prise de parole provoquée par le fait que les manifestations américaines à la suite de la mort de George Floyd ont, ces dernières semaines, essaimé en France.

Cette déclaration a suscité la colère des policiers, qui s’estiment stigmatisés. Le ministère de l’intérieur a organisé deux journées de consultations des représentants policiers et, au sortir de la première, le secrétaire général du syndicat Unité SGP FO, Yves Lefebvre a estimé que « Christophe Castaner a perdu la confiance des policiers ».

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Il a demandé au ministre de revenir sur sa décision d’interdire la technique dite de « la clé d’étranglement » ou « contrôle de tête ». « J’appelle tous les policiers français ce soir à 18 heures à se rassembler devant les commissariats et à déposer symboliquement leurs menottes. Ce qu’on a vécu depuis lundi est inacceptable. On fait des faux procès pour satisfaire la vox populi et quelques collectifs qui ne représentent qu’eux-mêmes », a déclaré le syndicaliste.

« Castaner a reconnu sa grossière erreur »

M. Lefebvre a demandé à ce que le pistolet à impulsion électrique (PIE) ne soit pas généralisé comme alternative à la suppression de la technique d’interpellation controversée dite du « contrôle de tête ». Il a souhaité que les nouveaux modèles de cette arme dite « de force intermédiaire » soient expérimentés sur deux ou trois départements avant un retour d’expérience.

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Enfin le patron d’Unité a affirmé que Christophe Castaner avait concédé une « erreur » en évoquant lundi l’hypothèse d’une suspension d’un agent en cas de « suspicion avérée » de racisme. La suspension en cas « de soupçon avéré est définitivement balayée. Castaner a reconnu sa grossière erreur en la matière », a affirmé Yves Lefebvre, « la présomption d’innocence est maintenue ».

« Si Christophe Castaner veut regagner la confiance des policiers, il a du travail. On lui a donné quelques pistes en la matière, c’est à lui de s’expliquer », a complété le secrétaire général, qui a aussi dénoncé « un monde de bisounours », loin de la « réalité du travail de flic au quotidien ».

Deuxième syndicat à être reçu, Alliance a également menacé d’actions revendicatives dans les prochains jours. « Un ministre de l’intérieur doit être derrière ses policiers », a souligné son secrétaire général, Fabien Vanhemelryck. « Le ministre est en dehors des clous, mais le président de la République l’est tout autant. » Christophe Castaner s’entretiendra vendredi avec les syndicats d’officiers et de commissaires.

Didier Lallement aux policiers : « Ne doutez pas »

C’est dans ce contexte de tension que le préfet de police de Paris et le directeur de la police nationale ont adressé des lettres de soutien aux policiers. « Dans cette période si particulière où les mises en cause de notre action sont permanentes et de plus en plus agressives, je veux vous dire qu’il ne faut pas douter », a écrit mercredi le préfet de police Didier Lallement dans une lettre intitulée « Ne doutez pas ».

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« Oui, il peut y avoir des racistes dans nos rangs comme il y en a malheureusement dans toutes les professions, ni plus ni moins », selon Didier Lallement. « Oui, ils doivent être écartés et nous continuerons à le faire. » Pour le préfet, « si le doute est possible dans cette période, il ne doit pas paralyser l’action de sécurité que les citoyens attendent. Je sais qu’il vous faut des moyens pour continuer votre travail, notamment pour réaliser des interpellations en toute sécurité. »

« Face aux confusions et aux amalgames entretenus par une minorité, je partage avec vous le sentiment d’une profonde injustice », écrit, de son côté, jeudi le directeur de la police nationale (DGPN) Frédéric Veaux. « Nous ne sommes jamais dans le déni, mais toujours très sévères à l’égard de ceux qui trahissent notre idéal, ajoute-t-il, la seule chose qui compte pour moi est de vous permettre d’accomplir votre mission dans les meilleures conditions ».

Le Monde avec AFP

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