Sandrine Doucen, avocate spécialisée dans les affaires familiales à Brest, est une quadra discrète. Aucun compte Twitter. Pas un seul commentaire dans les médias. Et aucune apparition à la télévision. Pourtant, depuis le 11 septembre, son nom – accolé à celui de son compagnon, Richard Ferrand, 57 ans – fait les choux gras de la presse. Cela depuis la mise en examen, dans la nuit du 11 au 12 septembre, du président de l’Assemblée nationale pour «prise illégale d’intérêts» dans l’affaire dite des Mutuelles de Bretagne. Car Sandrine Doucen, avec qui l’homme politique serait pacsé depuis 2014 d’après Ouest-France, serait concernée par les faits qui sont reprochés à son compagnon. Selon La Voix du Nord, celle-ci aurait été entendue ce jeudi 12 septembre au matin par les juges d’instruction lillois dans le cadre de ce dossier.

Rencontre en 2000

Peu d’informations existent au sujet de cette femme de loi, si ce ne sont celles fournies par Le Canard enchaîné en 2017. Dans les colonnes du journal satirique, on apprend que Sandrine Doucen entre dans la vie de Richard Ferrand en 2000, soit six ans après que celui-ci a divorcé de l’artiste plasticienne Françoise Coustal. Alors étudiante en droit, la jeune femme de 25 ans est recrutée en tant que directrice du personnel aux Mutuelles de Bretagne, alors dirigées par Richard Ferrand. La même année, la Brestoise complète par ailleurs ses revenus grâce à un «petit job» [«une mission de mécénat d’un mois et demi», précise-t-on aujourd’hui dans l’entourage de Richard Ferrand] au château de Trévarez, domaine appartenant au département du Finistère et géré par un comité présidé par le conseiller général… qui n’est autre que Richard Ferrand, poursuit le journal satirique.

Jusqu’à ce qu’elle prête serment, le 2 septembre 2004, pour devenir avocate au barreau de Brest, Sandrine Doucen continue à travailler pour les Mutuelles de Bretagne, soutient l’hebdomadaire. Et de détailler : «La bienheureuse étudiante aura bénéficié d’une sorte de bourse de 80.000 euros, financée par les mutualistes et les contribuables locaux». Une formulation «erronée» estime-t-on dans l’entourage de Richard Ferrand, qui précise qu’elle n’était pas étudiante, «mais déjà avocate». Quelques mois plus tôt naissait Louise, leur fille.

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Un patrimoine de 580.000 euros

C’est également dans les pages du Canard Enchaîné que l’on entend parler pour la première fois de prise illégale d’intérêts en mai 2017. Richard Ferrand, alors fraîchement nommé ministre de la Cohésion des territoires, est épinglé par l’hebdomadaire pour avoir loué en 2011, alors qu’il était directeur général des Mutuelles de Bretagne, un local à une société immobilière appartenant à Sandrine Doucen. Les généreux loyers versés permettent à l’avocate de se retrouver à la tête d’un patrimoine estimé à 580.000 euros, signale Le Monde. Une montant incorrect, si l’on en croit cette même source.

Pour écarter tout soupçon de conflit d’intérêts, Richard Ferrand explique alors qu’il n’existe aucun lien juridique entre lui et sa compagne, n’étant «ni mariés, ni pacsés» à l’époque. Un argument qui ne convainc pas. Le 1er juin 2017, le parquet de Brest ouvre une enquête préliminaire, classée cinq mois plus tard pour des questions de prescription, précise Le Figaro. Richard Ferrand, quant à lui, se voit contraint de renoncer à son poste moins de deux mois après avoir été élu. Sandrine Doucen retourne à l’anonymat et à ses dossiers brestois. Jusqu’à ce que ce nouveau rebondissement quelques mois plus tard, avec la constitution de partie civile par l’association Anticor, relance l’affaire.

Aujourd’hui soutenu par Emmanuel Macron, rapporte Le Monde, et même s’il se «serein au regard du classement sans suite de l’ensemble des griefs de la première plainte» en octobre 2017, Richard Ferrand risque jusqu’à trois ans de prison et 200.000 euros d’amende.

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