Quantique : IBM en quête de sens

Quantique : IBM en quête de sens

IBM est parvenu à livrer une machine de 433 qubits cette année et espère atteindre les 1 121 qubits l’an prochain. Tels sont les objectifs qu’IBM s’est fixés dans sa feuille de route hardware pour 2022 et 2023. Ces annonces, si elles reflètent la hype autour du quantique, suggèrent que les cas d’usage commenceront à émerger d’ici quelques années.

Or, c’est une chose difficile à prédire, explique Pierre Jaeger, leader quantique IBM France. Car les promesses de capacités de calcul exponentielles se heurtent à la vision pragmatique des entreprises, qui ne misent pas sur une technologie sans gain financier à la clé.

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« Sans gain business, l’expérimentation quantique s’arrête »

IBM adopte une approche axée sur la valeur business pour l’entreprise. Après l’analyse technique, se pose très vite la question du gain financier à tirer pour l’entreprise, qui justifie de passer par le calcul quantique plutôt que classique.

Certains cas d’usage vont jusqu’au PoC, voire un peu plus loin dans leur développement quand dans le cas précis, le quantique est capable de faire aussi bien qu’une technologie classique. Les travaux avancent « plus vite quand les entreprises se font accompagner par des experts, ou qu’elles ont atteint un meilleur niveau de maturité », commente Pierre Jaeger.

Il y a deux domaines où les cas d’usage sont particulièrement matures, sur la science physique fondamentale et l’amélioration des modèles d’IA.

Mais « tout ne se résout pas par le quantique ». « Il y a des situations où l’on peut être amené à faire machine arrière, et ne pas tester le cas d’usage. Ce n’est pas la faute de la technologie en tant que telle, c’est comme ça que se fait la segmentation des cas d’usage » dit Pierre Jaeger.

Le IBM quantum Network connecte plus de 200 membres à date, et le nombre de participations est en « augmentation », principalement du côté des entreprises et des sociétés de service, note Pierre Jaeger. Des modules de formation sont proposés aux professionnels qui intègrent le réseau pour que le quantique soit plus facilement appréhendable chez des non-spécialistes.

« Nous avons quitté le laboratoire, mais nous ne sommes pas encore dans l’industrialisation »

IBM veut encore élucider les mystères de la technologie. Dans les locaux d’IBM Research à Zurich (Suisse), le premier laboratoire implanté en Europe de la société américaine, les chercheurs de l’entreprise ne se privent pas d’explorer la technologie des semi-conducteurs appliquée à l’informatique quantique. Alors qu’IBM base sa politique hardware sur des matériaux supraconducteurs, elle ne cache pas son intérêt scientifique pour le silicium sur lequel d’autres concurrents, comme la très récente deeptech française Siquance, travaillent aussi.

Pour Pierre Jaeger, le groupe travaille en parallèle sur « toutes sortes de technologies de qubit », explique-t-il à ZDNet. Et d’ajouter « nous nous interdisons de dire que la technologie de supraconducteur est la seule », même si elle fait partie de celles qui passeront « le plus rapidement à l’échelle ».

Si la “hype” pour le quantique a contribué à faire émerger une foule de nouveaux acteurs ces dernières années, Pierre Jaeger insiste sur le fait que le temps est « long » dans le monde du quantique. « Nous avons quitté le domaine du laboratoire, mais nous ne sommes pas encore dans la phase d’industrialisation » indique-t-il.

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