Projet d’attentat contre une loge maçonnique : trois suspects issus d’un groupe néonazi mis en examen et écroués – Le Figaro

La Direction générale de la sécurité intérieure a mené mardi dernier un discret coup de filet au sein d’un groupuscule néonazi au terme de deux mois d’enquête.

Depuis des mois, des néonazis ourdissaient dans l’espoir de faire sauter des loges maçonniques à l’explosif dans l’est de la France. Les services antiterroristes – outre la traque de l’islam radical et des activistes gravitant dans la mouvance d’extrême gauche – viennent de mener une nouvelle opération qui a permis de déjouer un projet d’action violente fomenté par de dangereux profils qui baignent dans la mouvance de l’ultradroite.

Au terme de deux mois d’enquête, la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) a mené mardi dernier un discret coup de filet au sein d’un groupuscule néonazi qui préparait des attaques contre des loges maçonniques.

Agissant dans le cadre d’une enquête préliminaire, ouverte en février dernier par le parquet national antiterroriste (PNAT), les policiers ont interpellé six suspects à Haguenau (Bas-Rhin) et Sochaux (Doubs). Âgés de 29 à 60 ans, certains sont présentés de source judiciaire comme des « nostalgiques du troisième Reich ». Seul l’un d’eux était jusqu’ici connu des services de police pour conduite sous emprise de stupéfiants. Outre des armes pour lesquelles ils avaient semble-t-il un goût prononcé, les enquêteurs ont, selon nos informations, retrouvé en perquisition dans un domicile un tee-shirt à l’effigie d’Adolf Hitler et, dans un autre, un exemplaire de Mein Kampf, son manifeste autobiographique, raciste et antisémite.

Nébuleuse complotiste

Membres ou sympathisants de « Honneur et Nation », un groupuscule où les militants n’hésitent pas à se photographier en arborant des tatouages et des croix gammées, ils ont mené pour certains des recherches pour trouver des explosifs. « Si les investigations ont mis en exergue que des repérages ont été effectués, leur projet ne semblait pas sur le point d’être mis à exécution », précise une source judiciaire.

Ce vendredi, trois personnes ont été mises en examen pour «association de malfaiteurs terroriste criminelle ». Il s’agit de deux hommes âgés de 56 et 29 ans, ainsi que d’une femme de 53 ans. Les trois autres ont été relâchées, sans poursuite à ce stade. À la faveur de l’enquête, il apparaît que les néonazis grenouillaient par ailleurs dans la nébuleuse formée autour du complotiste Rémy Daillet, apparu dans le rapt de la petite Mia, pour des enlèvements d’enfants. La fillette avait été kidnappée le mois dernier dans les Vosges après une véritable opération commando orchestrée par des « soldats perdus », membres de la sphère survivaliste.

Depuis 2017, ce sont donc six attentats fomentés par la mouvance d’ultradroite qui ont été déjoués – cinq par la DGSI et un par la gendarmerie nationale. Jusqu’ici les actions violentes ont cherché à atteindre des intérêts musulmans, mais également d’autres cibles, telles que des personnalités politiques ou des objectifs institutionnels. Le président de la République, Emmanuel Macron, a lui-même été visé directement par un projet d’attentat que voulaient perpétrer six personnes interpellées à l’automne 2018.

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Placées elles aussi dans le collimateur, les obédiences maçonniques sont quant à elles sur leurs gardes depuis des années. En juillet 2019, les soupçons s’étaient portés sur l’ultradroite après l’incendie criminel d’un temple du Grand Orient de France dans le pays de Fougères. Pour le responsable de cette loge, baptisée « Humanité, pierre et harmonie », la nature des tags et les pochoirs avec le symbole de la franc-maçonnerie barrée ne laissaient guère de doute sur le profil des coupables.

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