Progression du Covid-19 en Nouvelle-Aquitaine : « On s’y attendait », explique l’ARS – Sud Ouest

Par Isabelle Castéra – i.castera@sudouest.fr

Les chiffres du taux d’incidence de circulation du Covid-19 sont à la hausse dans la région, sans effet sur les hospitalisations. En cause : le déconfinement et une faible immunité chez les jeunes. Explications

« Ne pas baisser la garde face au Covid », a déclaré le porte-parole du gouvernement, Gabriel Attal, mercredi midi, avant d’annoncer des chiffres inquiétants de circulation du virus pour la Nouvelle-Aquitaine. Depuis le début de la pandémie, la région a été l’une des plus épargnée du pays. Ceci explique peut-être cela. Et c’est en tout cas l’avis de Benoît Elleboode, directeur général de l’Agence régionale de santé Nouvelle-Aquitaine, qui, mercredi soir, a tenu en urgence une conférence de presse.

« On a constaté depuis quinze jours, un taux d’incidence qui baisse moins que les semaines précédentes », a-t-il commencé prudemment. « Jusque-là, nous observions une baisse de 20 à 30 % du taux d’incidence, et depuis quinze jours, il est de 7 %, ce qui s’apparente à une stabilisation. Il se passe quelque chose. » Pour le moins, car les autres régions françaises affichent une baisse constante, et ce, malgré un même déconfinement.

Trois départements impactés

Sont pointés trois départements particulièrement impactés. Soit, les Pyrénées-Atlantiques, avec un taux d’incidence de +36 % où plusieurs clusters ont été signalés, générant beaucoup de dépistages dont de nombreux positifs ; la Charente-Maritime, avec un taux de +15,5 % ; et le Lot-et-Garonne, avec +1,3 %. La Gironde, elle, affiche une baisse insolente de -10 %.

Notre incidence régionale est toujours en deçà du taux national, mais c’est la dynamique qui nous questionne.

« Nous n’accusons pas une hausse affolante, loin de là, il n’y a pas d’impact sur l’hospitalisation qui baisse encore », a poursuivi le directeur général de l’ARS. « Notre incidence régionale est toujours en deçà du taux national, mais c’est la dynamique qui nous questionne. »

La région la moins bien immunisée

Évidemment, le déconfinement joue un rôle non négligeable dans la hausse de ces chiffres. Mais pas seulement, d’après Benoît Elleboode : « Nous avons été la région la moins touchée par le Covid, et donc il y a une population jeune, de moins de 50 ans, qui est moins immunisée, et parmi laquelle le virus circule beaucoup. La Nouvelle-Aquitaine vaccine vite, on est à 42,5 % de personnes ayant reçu la première dose. Il faut accélérer encore, et surtout maintenir tous les gestes barrières. »

Cette reprise épidémique était évidente et ce scénario anticipable.

Laurent Filleul, épidémiologiste à Santé Publique France, signale de son côté que le virus touche particulièrement les populations jeunes, de 10-19 ans, parmi lesquelles le taux d’incidence est très élevé. « C’était prévu, on s’y attendait », concède, Benoît Elleboode. « Dans le contexte actuel, compte tenu du fait que la région a été épargnée, elle est plus vulnérable aujourd’hui. Et avec le déconfinement… »

Le professeur Denis Malvy, infectiologue au CHU de Bordeaux, lui aussi assure qu’il « s’y attendait ». Mercredi soir, il était presque en colère : « Déconfinement trop radical, trop rapide, cette reprise épidémique était évidente et ce scénario anticipable », a-t-il déclaré. « En plus, le néo-variant anglais a pris le pas et les variants autochtones sont là. Plus le virus circule, plus les variants se multiplient… Il nous reste une semaine jusqu’au 9 juin pour stabiliser la situation. Le mot d’ordre : remettre le masque, se laver les mains, garder la distance. Ne rien lâcher. »

Sur le meme sujet
Sur le meme sujet

Leave a Reply

Discover more from Ultimatepocket

Subscribe now to keep reading and get access to the full archive.

Continue reading