Procès Fillon : Cinq ans de prison dont deux ferme requis contre François Fillon, trois ans avec sursis pour sa femme – 20 Minutes

François Fillon est poursuivi pour “détournement de fonds publics” et “abus de bien social”. — AFP
  • L’ancien candidat de la droite à l’élection présidentielle encourt une peine maximale de dix ans de prison et un million d’euros d’amende.
  • François Fillon est jugé dans le cadre de l’affaire des emplois présumés de Penelope Fillon, pour lesquels l’épouse de l’ancien Premier ministre aurait perçu plus de 1 million d’euros entre 1998 et 2013.
  • Les magistrats du parquet national financier (PNF) ont requis à son encontre une peine de cinq ans de prison, dont deux ferme.

L’archive est cruelle. Pour lancer son réquisitoire, le vice-procureur financier Aurélien Létocart n’a pas eu à chercher bien loin. « ll y a injustice sociale entre ceux qui travaillent dur pour peu et ceux qui ne travaillent pas et reçoivent de l’argent public », déclarait François Fillon lors d’un déplacement à Poitiers en septembre 2012. À l’époque, l’ex-Premier ministre incarne pour une partie des Français le visage de la rigueur et de l’austérité. Alors, dans une salle comble et face à un public venu entendre la justice requérir à l’encontre du couple Fillon, cette phrase citée par le magistrat a fait son petit effet.

Au terme de deux semaines d’audience et de quatre heures d’une démonstration rigoureuse et particulièrement sévère, le parquet national financier a demandé au tribunal de condamner François Fillon à une peine de cinq ans de prison dont deux ferme. Jugeant l’activité fournie par Penelope Fillon comme étant fictive lorsqu’elle était salariée de son mari puis de son suppléant, les deux magistrats du Parquet national financier (PNF) ont requis une peine de trois ans de prison avec sursis et 375.000 euros d’amende à l’égard de l’épouse du prévenu.

Un « défi cognitif »

Reprenant point par point les arguments avancés par la défense des prévenus, Aurélien Létocart a pilonné les « incohérences » et « l’exagération » du couple pour tenter de démontrer, coûte que coûte, l’activité de Penelope Fillon comme collaboratrice parlementaire lors des différents mandats de député de son mari. Les attestations fournies par les avocats de François et Penelope Fillon et l’examen minutieux des « preuves » censé démontrer l’activité indispensable de l’épouse de l’ex-Premier ministre à ses côtés ont été balayés par l’accusation. Saluant une enquête de qualité, Aurélien Létocart a estimé que les prévenus avaient été « dans l’incapacité de matérialiser l’activité de Penelope Fillon » malgré les « 9 perquisitions, 42 réquisitions, 15 transports des magistrats sur divers lieux et les 43 auditions de témoins ».

Certes Penelope Fillon a bel et bien eu une activité locale, sociale et associative au cours de sa vie mais rien ne permettant d’être véritablement rattaché à une activité de collaboratrice parlementaire, a pointé l’accusation. « L’enquête et les débats ont démontré l’inconsistance des tâches effectuées par Penelope Fillon dans le cadre de ces contrats. Quel salarié n’est pas en mesure de décrire de façon circonstanciée le contenu de son travail ? (…) Quel salarié se désintéresse à ce point des conditions financières de son embauche ? », a interrogé le vice-procureur financier faisant ainsi référence au contrat prérempli par son mari en 2002 et signé sans sourciller par son suppléant. Cinglant, le magistrat a qualifié cette stratégie de défense de « défi cognitif » et « d’insulte au bon sens ».

Un « profond sentiment d’impunité »

Après les réquisitions de son confrère Bruno Nataf sur le volet de l’abus de bien social, Aurélien Létocart a dressé un bilan intraitable de l’affaire. Pour le parquet, François Fillon a bel et bien eu un rôle majeur dans la commission des délits qui lui sont reprochés. « Cette pratique délictueuse a perduré dans le temps et fut même systématisée par François Fillon », a-t-il martelé, pointant au passage « un profond sentiment d’impunité » et un « mépris du bien commun ». Estimant que Penelope Fillon et Marc Joulaud avaient été « pris en otage » par l’ex-candidat à l’élection présidentielle, les peines réclamées à leur encontre ont été plus faibles que celle demandée pour François Fillon.

L’Assemblée nationale, partie civile au procès, a réclamé de son côté un total de 1,08 million d’euros aux trois prévenus. Les plaidoiries de la défense sont attendues dès 10h ce mercredi.

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