Procès du « système Guérini » : l’ex-homme fort des Bouches-du-Rhône et son frère condamnés – Le Monde

Jean-Noël Guerini, au tribunal correctionnel de Marseille, le 15 mars 2021.

Le tribunal correctionnel de Marseille a rendu, vendredi 28 mai, son jugement contre le sénateur Jean-Noël Guérini, ex-homme fort des Bouches-du-Rhône, et son frère entrepreneur Alexandre, accusés de pratiques clientélistes dans une affaire qui avait ébranlé le Parti socialiste.

Le premier a été condamné à trois ans de prison dont 18 mois ferme, 30 000 euros d’amende et cinq ans de privation des droits civiques et civils. Le second a été condamné à six ans de prison ferme et un mandat de dépôt différé a été délivré à son encontre : Alexandre Guérini devra se présenter de lui-même en prison. Il s’est en outre vu interdire de gérer une entreprise pendant cinq ans et a été privé de ses droits civiques durant la même période.

« Vous n’avez eu de cesse de protéger les intérêts de votre frère », a lancé la présidente du tribunal, Céline Ballerini, à l’adresse de Jean-Noël Guérini. « Vous n’agissiez pas l’un sans l’autre », leur a lancé la juge, évoquant aussi « de graves atteintes à la confiance publique ».

Procès du « clientélisme »

« Ils ont fait du clientélisme un mode de gouvernance », avait fustigé le parquet le 7 avril, requérant quatre ans d’emprisonnement dont deux ferme, 70 000 euros d’amende et une inéligibilité de cinq ans contre l’élu, âgé de 70 ans. Contre son frère cadet Alexandre, entrepreneur dans la gestion des déchets et personnage central du procès, le procureur avait demandé une peine plus lourde : huit ans ferme avec mandat de dépôt et 500 000 euros d’amende.

Une relaxe a été prononcée vendredi, de même que des peines allant de six mois de prison avec sursis à dix-huit mois de prison, dont six ferme, et 80 000 euros d’amende contre les huit autres prévenus. Un neuvième est mort depuis la fin du procès. Elus, fonctionnaires territoriaux, dirigeants de sociétés et la société d’Alexandre Guérini, la SMAE, tous étaient soupçonnés d’avoir participé au « système Guérini ».

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Jean-Noël Guérini, ancien président du conseil général des Bouches-du-Rhône, était jugé pour avoir préempté un terrain à La Ciotat sous le prétexte d’y sauvegarder une plante rare, le liseron duveteux, puis de l’avoir revendu à la communauté d’agglomération Garlaban Huveaune Sainte-Baume (GHB) pour favoriser son frère, qui en avait besoin pour l’extension d’une décharge.

Alexandre Guérini était quant à lui accusé d’avoir profité de la position de son frère pour faire pression sur des élus ou des fonctionnaires afin de contourner les procédures de marchés publics, s’enrichir, éliminer des concurrents ou favoriser des proches. « Je vous assure qu’il n’y a pas eu de volonté de ma part de commettre une prise illégale d’intérêts et je fais totalement confiance à la justice de mon pays », s’était défendu Jean-Noël Guérini au terme de seize jours d’audience.

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Onze ans d’instruction

Ce dossier tentaculaire, ouvert en 2009 et qui comptait 30 volets, s’était considérablement réduit, après onze ans d’instruction, le juge ne retenant plus que 10 dossiers. Mais pour le parquet « l’essentiel » a été préservé avec la mise en lumière d’une « méthode de gouvernance entre clientélisme, entrisme et affairisme qui se conjugue avec opportunisme, immobilisme et favoritisme », avait estimé lors de son réquisitoire Patrice Ollivier-Maurel.

La mise en examen du patron du département en 2011 avait provoqué un séisme au sein de la puissante fédération socialiste des Bouches-du-Rhône, que Jean-Noël Guérini contrôlait d’une main de fer. Des ténors du parti avaient demandé son exclusion. Acculé, il avait quitté en 2014 le parti où il militait depuis 1967 et créé un nouveau mouvement, la Force du 13.

Le Monde avec AFP

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