Procès des « sondages de l’Elysée » : le témoignage de Nicolas Sarkozy jugé « nécessaire à la manifestation de la vérité » – Le Monde

L’ex-président de la République, Nicolas Sarkozy, sera contraint, si nécessaire par la force publique, de déposer comme témoin, le 2 novembre, dans l’« affaire des sondages de l’Elysée ».

C’est un coup de théâtre, au deuxième jour du procès de l’affaire des sondages de l’Elysée : Nicolas Sarkozy devra bien venir déposer en tant que témoin à la barre de la 32e chambre du tribunal correctionnel. Le tribunal a fait droit à la demande de MJérôme Karsenti, avocat de l’association anticorruption Anticor, partie civile, qui avait cité M. Sarkozy à comparaître, et ordonné « que ce témoin soit amené devant lui par la force publique pour qu’il soit entendu le 2 novembre ». Une première concernant un ancien chef d’Etat.

L’affaire porte sur la fourniture de centaines d’enquêtes d’opinion entre 2007 et 2012

Lundi, M. Sarkozy – qui vient d’être condamné à un an de prison ferme pour financement illégal de campagne, le 30 septembre, dans l’affaire Bygmalion – avait annoncé, par un courrier lu à l’audience, son refus de venir témoigner. Dans sa missive, l’ex-président de la République faisait part de sa « surprise » devant cette citation et rappelait qu’il avait déjà refusé d’être entendu lors de l’instruction de ce dossier, où sont prévenus cinq de ses très proches collaborateurs, dont Claude Guéant, son ex-secrétaire général à l’Elysée, ou Emmanuelle Mignon, son ancienne directrice de cabinet.

L’affaire porte sur la fourniture, par le biais de l’intermédiation des sociétés Giacometti Péron & associés et Publifact (dirigée par l’ex-conseiller de l’ombre de Nicolas Sarkozy Patrick Buisson), de centaines d’enquêtes d’opinion entre 2007 et 2012. Au total, 7,5 millions d’euros d’argent public, qui n’ont fait ni l’objet de publicité ni d’appel d’offres et considérés par le Parquet national financier (PNF) comme relevant du favoritisme.

Dans son courrier, Nicolas Sarkozy avait martelé l’argument de l’immunité que lui confèrent les articles 67 et 68 de la Constitution concernant les faits accomplis durant son mandat. Il prenait appui sur un précédent : celui de Jacques Chirac. En 2007, l’ancien chef de l’Etat, mort en 2019, avait refusé de témoigner devant un juge d’instruction pour une autre affaire, celui de Clearstream – des listings de comptes luxembourgeois dans lesquels avaient été introduits les noms de responsables politiques français, dont, ironiquement celui de M. Sarkozy –, arguant, lui aussi, de cette immunité.

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Victoire symbolique pour les parties civiles

En 2016, le juge Serge Tournaire, qui a instruit l’affaire des sondages, avait renoncé à entendre Nicolas Sarkozy, jugeant « disproportionné » de prononcer un mandat d’amener à son endroit. Une « décision de bon sens », selon les termes du parquet, lundi, à l’audience. Mais le tribunal en a décidé autrement. Estimant le témoignage de M. Sarkozy « nécessaire à la manifestation de la vérité » et constatant que deux des prévenus, MM. Guéant et Buisson, avaient déjà demandé durant la procédure que l’ex-chef de l’Etat soit entendu, le tribunal a ordonné sa comparution.

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