Procès de Viry-Châtillon : une centaine de policiers venus soutenir leurs collègues brûlés en 2016 – Le Parisien

La « Marseillaise » retentit à l’entrée du palais de justice d’Evry-Courcouronnes. Il est 20h30, ce mercredi soir, et une centaine de policiers venus de toute l’Ile-de-France entonnent dans le froid l’hymne national. Ils sont présents pour apporter leur soutien aux quatre policiers victimes de l’agression survenue à Viry-Châtillon le 8 octobre 2016.

Ce jour-là, à l’entrée du quartier de la Grande-Borne, deux patrouilles de police avaient été attaquées à coups de cocktails molotov. Deux agents, Jenny et Vincent, sont gravement brûlés, deux autres, Virginie et Sébastien, blessés.

«Dans cette affaire, c’est toute la police qui a été visée»

Le verdict devrait tomber dans la nuit, entre minuit et 2 heures du matin. La semaine dernière, dans un réquisitoire fleuve, l’avocate générale avait réclamé à l’encontre des treize accusés des peines allant de 20 à 30 ans de réclusion criminelle.

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« C’est une décision de justice très attendue, explique Guillaume Roux, d’Unité SGP. Dans cette affaire, c’est toute la police qui a été visée ». Son syndicat a été la seule organisation policière à se constituer partie civile et les représentants ont ainsi pu assister à ce procès qui s’est tenu à huis clos en raison de la minorité de trois des treize accusés au moment des faits. Aujourd’hui, ces jeunes hommes, tous issus du quartier de la Grande-Borne, sont âgés de 19 à 24 ans.

«C’est le procès de l’impunité»

« Nous nous sommes rendu compte du poids de la loi du quartier, poursuit Guillaume Roux. Durant l’enquête, les collègues ont fait du porte à porte. Ils ont frappé à 1 000 portes et n’ont eu aucun retour ».

Pour Loïc Travers, secrétaire national du syndicat Alliance, cette omerta est « digne d’un procès corse ou d’un procès pour terrorisme ». Le syndicaliste reprend : « C’est le procès de l’impunité ». Les deux syndicats auxquels s’est associé Unsa police avaient appelé à un rassemblement devant le palais de justice. « C’est en soutien à nos collègues, pour dire qu’on est à leurs côtés et qu’on pense tous les jours à eux et à ce qu’ils ont vécu », livre ce policier du Val-de-Marne qui a fait le déplacement. « Je n’étais pas revenu dans le coin depuis les manifestations de 2016 », continue ce policier.

Dans les jours qui ont suivi les faits, une grogne était montée dans les rangs et des manifestations avaient été organisées un peu partout dans l’Île-de-France. La première avait eu lieu dans les rues de Paris avec les véhicules de service. Le rassemblement, commencé devant l’hôpital Saint-Louis où était hospitalisé Vincent, le policier le plus grièvement brûlé, s’était terminé sur les Champs-Élysées.

«Bloquer quelqu’un dans une voiture en feu, c’est ne plus avoir de notion de vie humaine»

Trois ans plus tard, cette attaque marque encore les esprits. « Nous sommes là car ce qui est arrivé dépasse l’entendement, livre Denis*, policier à Montgeron. C’est la solidarité de la maison police. Ce qui nous a choqués dans cette affaire c’est le fait de bloquer les portières. On peut comprendre l’effet de groupe mais bloquer quelqu’un dans une voiture en feu, c’est ne plus avoir de notion de vie humaine ».

Un de ses collègues ajoute : « On veut montrer qu’on pense à eux. Le jour de l’attaque, tous les policiers ont posé un genou à terre, ce sont nos frères d’armes, nous voulons qu’ils sentent qu’on est venus ici pour eux ».

La crainte de représailles et échauffourées

Ce verdict suscite une attente mais aussi une crainte. « Il risque d’y avoir des représailles et des échauffourées, annonce un policier de l’Essonne. Pas forcément dans la soirée mais dans les jours qui viennent… »

« Durant tout ce mois de procès nous avons vu la négation de l’humanité, décrit Linda Kebbab, déléguée nationale du syndicat Unité SGP. Quand nos collègues qui sont aujourd’hui lourdement handicapés ont déposé devant la cour d’assises, certains des accusés souriaient. » Une version qui a été démentie par les avocats de la défense qui dans un communiqué avait fait savoir : « Les déclarations douloureuses et mesurées des victimes ont été accueillies dans la salle d’assises dans un silence assourdissant durant lequel les accusés étaient pour certains prostrés, pour d’autres très émus ».

À 22 heures, des proches des accusés commençaient à arriver dans la salle des pas perdus du palais de justice pour, eux aussi, attendre le verdict.

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