Procès de Jonathann Daval : interrogés pour le deuxième jour, les parents d’Alexia espèrent faire craquer l’ac – France 3 Régions

Le procès de Jonathann Daval a débuté à Vesoul lundi 16 novembre 2020. Ce mardi, l’autopsie du corps d’Alexia est détaillée. La famille de la victime doit s’exprimer à la barre dans l’après-midi. Récit.

La première journée du procès de Jonathann Daval, accusé d’avoir tué sa femme en octobre 2017 à Gray, en Haute-Saône, fut longue et moralement éprouvante. Après la sélection des jurés, de nombreux enquêteurs et experts se sont succédés à la barre. Presque tous ont été soumis à un véritable interrogatoire de la part des deux parties : la défense avec le ténor Randall Schwerdorffer contre les parties civiles avec les expérimentés Me Gilles-Jean Portejoie et Me Cathy Richard. 

Le deuxième jour de ce procès hors norme s’annonce une fois de plus chargé et rude. Le médecin légiste Antoine Tracqui est appelé à la barre. Il commence un exposé très technique et médical de toutes les traces de coups retrouvées sur le corps de la victime, en commençant par le crâne puis le membre supérieur gauche. Les parents quittent la salle, comme la veille, incapables d’entendre le détail de ce que leur fille a subi dans ces dernières heures de vie.

La défense de Jonathann Daval lors de son procès devant la cour d'assises de Haute-Saône.

La défense de Jonathann Daval lors de son procès devant la cour d’assises de Haute-Saône. © Valentin Pasquier – France Télévisions

Jonathann Daval disparaît sur son siège

Jonathann Daval, l’accusé, baisse la tête en continu. Il semble se boucher les oreilles parfois. Comme la veille, il finit par disparaître visuellement de son box et va jusqu’à se coucher sur son banc, en boule, pour ne plus apparaître du tout. Son avocat, Randall Schwerdorffer lui parle longuement. L’accusé se redresse et replonge sa tête dans ses mains, tel un enfant puni à qui on dit de ne plus bouger. 

“Quelle est la violence des coups reçus par la victime ?” interroge le président. Ce sont des lésions classiques dans une scène de rixe mais certaines lésions sont d’une violence particulière avec des saignements profonds, répond l’expert.

“Pas d’argument positif” concernant un viol post-mortem

Le détail du “bol alimentaire” de la jeune Haut-Saônoise, morte étouffée, est également analysé et exposé face au président et aux 6 jurés, composé de cinq femmes et un homme. S’en suit le détail de la dissection du bloc génital de la victime qui ne révèle selon l’expert pas de liaisons traumatiques décelables. On note la présence d’un matériel blanchâtre gluant et friable. On apprend ensuite qu’elle utilisait des ovules gynécologiques. L’analyse du corps montre, pour résumer, un décès lié à une strangulation manuelle. Il n’y a pas de mise en évidence de lésions instrumentales ni de signes de violences sexuelles, à part « éventuellement » une ecchymose sur l’anus. 

Le médecin légiste, face au président, lors du procès de Jonathann Daval le 17 novembre 2020.
Le médecin légiste, face au président, lors du procès de Jonathann Daval le 17 novembre 2020. © Valentin Pasquier – France 3 Franche-Comté

© Valentin Pasquier – France Télévisions

Me Richard, avocate des parties civiles, interroge l’expert quant aux spermatozoïdes présents dans le vagin d’Alexia. “Les spermatozoïdes peuvent vivre jusqu’à 3, voire 4 ou 5 jours dans le vagin” avance Antoine Tacqui, médecin légiste. L’argumentaire des parties civiles exposé lors du premier jour, relatant un potentiel viol post-mortem, s’effrite. Randall Schwerdorffer, avocat de l’accusé insiste : “A-t-on la preuve de l’existence d’un rapport sexuel post-mortem, comme le soutient la partie civile ?”. “Non seulement je n’en ai pas la preuve, mais je n’ai pas d’argument positif indiquant qu’un tel rapport ait eu lieu” conclut l’expert.

C’est déjà gravissime ce qui s’est passé, ne venons pas rajouter des choses délirantes, glauques ou complément imaginaires.

Randall Schwerdorffer, avocat de Jonathann Daval

La deuxième partie de l’intervention de l’expert du jour consiste à détailler les différentes versions des faits avancées par Jonathann Daval tout au long de l’enquête. Pour rappel, le haut-saônois a menti à plusieurs reprises. “Le couple revient d’un repas chez les Fouillot. Daval se sert un digestif, deux verres. Une dispute éclate. Monsieur Daval aurait pris les clés de la voiture pour partir du domicile. L’épouse l’aurait attrapé par le bras pour récupérer les clés. Elle l’aurait plaqué avec force sur une porte donnant sur le couloir. Il aurait tenté de récupérer les clés. Il l’aurait propulsé le dos contre le mur et la rambarde à 4 ou 5 reprises” énumère l’expert concernant la dernière version avancée par l’accusé, en juin 2019 lors de la reconstitution. C’est cette version qui est retenue par les enquêteurs car elle correspond aux constations faites sur le corps d’Alexia Daval. 

Les dossiers médicaux des deux principaux protagonistes ont été dévoilés par le médecin légiste. “Un retard de langage assez important dans l’enfance. Troubles du comportement, en lien avec son apparence physique. Comportement frisant les TOC, depuis deux ans. Propreté obsessionnelle +++” détaille-t-il au sujet de Jonathann Daval. D’après lui, les éléments du dossier médical selon lesquels l’accusé aurait subi une fracture d’une côte, en 2016, sont compatibles. Mais cela ne permet pas de savoir si la fracture est, comme Jonathann l’a dit aux enquêteurs, la conséquence de violences physiques perpétrées par sa femme Alexia Daval.

Le dossier médical de Jonathann Daval confirme qu’il souffre de troubles de l’érection depuis 2016, traités par médicaments jusqu’en 2017. 

“On attend qu’il craque encore une fois”

La famille d’Alexia Daval, sa mère, son père, son beau-frère longtemps accusé à tort, et la soeur de la victime doivent s’exprimer à la barre dans l’après-midi. D’autres membres de la famille Fouillot devraient prendre la parole. Les parents d’Alexia Fouillot, mariée Daval, espèrent provoquer des révélations et faire éclater toute la vérité. Selon eux, Jonathann Daval n’est pas le gentil gendre timide et sans histoire qui aurait basculé dans un acte de folie. “On attend qu’il craque encore une fois. Nous verrons bien. Mais je lui dirai ce que j’ai sur le coeur” a confié Isabelle Fouillot, avant de s’engouffrer dans le tribunal en compagnie de sa famille. 

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