Procès Bygmalion : « La véritable victime de cette affaire, c’est le citoyen » – Le Monde

Les procureurs Nicolas Baietto et Vanessa Perrée lors du procès Bygmalion, le 17 juin 2021.

Les phrases, comme des gifles, claquent dans la salle d’audience. Elles partent en rafales du pupitre des deux procureurs, Nicolas Baietto et Vanessa Perrée. S’abattent sur la chaise vide laissée par l’ancien président de la République. « Nicolas Sarkozy a choisi de ne pas se comporter comme un justiciable comme les autres. Il n’a assisté qu’à une seule journée d’audience alors que toutes le concernaient. Cette désinvolture à l’égard du tribunal et de ses coprévenus, est à l’image de celle qu’il a eue sur les finances de sa campagne », cingle Vanessa Perrée.

Les deux procureurs requièrent la peine d’un an d’emprisonnement, dont six mois ferme, contre Nicolas Sarkozy, ce jeudi 17 juin, au procès du financement de ses comptes de campagne de 2012, devant le tribunal correctionnel de Paris.  En réponse à celui qui, lors de son interrogatoire deux jours plus tôt, n’avait admis qu’une « responsabilité politique », Vanessa Perrée réplique : le candidat « est le signataire et le seul responsable de son compte de campagne. Nicolas Sarkozy dit qu’il a tout délégué et qu’il a signé les yeux fermés. Mais sa signature entraîne aussi sa responsabilité pénale. Plus que tout autre, il connaissait et devait respecter le code électoral ».

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Oui, affirme-t-elle, « cette campagne a bien été en or massif ». Vanessa Perrée dresse la liste des meetings – quarante-quatre, dont trois géants qui grèvent à eux seuls la moitié du budget autorisé – et en rappelle les prouesses technologiques. « Nicolas Sarkozy connaît parfaitement tout cela. Il a quarante ans de vie politique. Il ne peut pas ne pas réaliser l’ampleur des moyens mis en œuvre. »

« La tentation du sportif, c’est le dopage »

Surtout, observe-t-elle, il a été informé dès le 7 mars 2012 de la note d’alerte sur le risque de dépassement du plafond. « Il ne pose pas de questions, ne donne pas de directives et augmente le nombre de ses meetings. »

« Une campagne présidentielle, ajoute la procureure, c’est comme le sport de très haut niveau. La victoire se joue à quelques millimètres. La tentation du sportif, c’est le dopage. Pour le candidat, c’est le financement illégal. En dopant sa campagne, Nicolas Sarkozy n’a pas respecté la valeur essentielle de l’égalité entre les candidats. Qu’il en assume aujourd’hui les conséquences aux côtés de ceux qui ont travaillé pour lui. »

Dans cette affaire, quatre d’entre eux tiennent une place à part aux yeux des procureurs. Jérôme Lavrilleux, d’abord, la « voix dissonante à l’UMP », où il est le seul à reconnaître « avoir participé à un système illégal de financement de campagne électorale ». « Je le rappelle parce que c’est assez rare d’entendre ça à la barre », dit Vanessa Perrée.

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