Procès Balkany : Le « cri du cœur » d’Isabelle Balkany pour sauver son mari « en danger » – 20 Minutes

Paris, le 3 février 2020. Isabelle Balkany arrive à la cour d’appel de Paris où elle doit être jugée, avec son époux, Patrick, pour «blanchiment aggravé de fraude fiscale». — Philippe LOPEZ / AFP
  • Patrick et Isabelle Balkany ont écopé de lourdes peines de prison en première instance pour « fraude fiscale » et « blanchiment ». Le maire de Levallois est incarcéré depuis le 13 septembre.
  • Ils sont jugés à partir de ce mardi par la cour d’appel de Paris pour « blanchiment aggravé de fraude fiscale ».
  • Affaibli par des troubles intestinaux, Patrick Balkany ne devrait pas comparaître. Son épouse, Isabelle, a annoncé, de son côté, qu’elle « garderait le silence ».

On n’est jamais mieux servi que par soi-même. Dans les couloirs du palais de justice, Isabelle Balkany se marre toute seule. Elle repense à sa volonté affichée de « garder le silence » durant tout son procès en appel pour « blanchiment aggravé » qui s’est ouvert lundi. Et finit par balancer : « Vous savez à quel point ça va être difficile, pour moi, de me taire… C’est quelque chose de méritoire ! »

D’impossible, en réalité… Une heure plus tard, la voici qui se tient debout devant la cour pour lancer un « cri du cœur ». Non pas au sujet des 13 millions d’euros qu’elle est accusée, avec Patrick, d’avoir dissimulé aux impôts dans des biens immobiliers et des sociétés offshore. Mais pour défendre l’homme qu’elle aime et qui est incarcéré depuis le 13 septembre 2019. « Je vous le dis les yeux dans les yeux ! A tous ! Y compris à vous, monsieur l’avocat général ! Mon mari est en danger. Je veux le sauver. Je veux le dire. Et je ne veux pas en dire plus… »

Patrick Balkany est incapable de tenir debout, selon sa femme

La maire par intérim de Levallois-Perret (Hauts-de-Seine) (Hauts-de-Seine) crève d’en lâcher davantage. Elle lève les yeux au ciel. Soupire. Pianote sur son portable. Et finalement enchaîne, toujours au sujet de Patrick Balkany. « Ce matin, il était incapable de tenir debout. Il est infiniment faible. Il pèse aujourd’hui 75 kg. Donc 30 de moins que quand il est entré [à la prison de la Santé] ».

D’une voix douce, la présidente, Sophie Clément, tente une première fois de calmer la prévenue en pull bleu clair et doudoune sans manches assortie. Mais le flot est loin d’être tari : « Ce que l’on est en train de faire à mon époux ne s’est jamais vu. Être incarcéré à son âge après ce qu’il a subi médicalement… Je suis désolé. Ce n’est pas le pays que m’a enseigné mon père quand il a choisi de revenir en France [il était tunisien]. Ce n’est pas l’humanisme… », reprend Isabelle Balkany.

Un train de vie incompatible avec les revenus déclarés

Devant la cour d’appel, il n’est point question d’humanisme. La justice a considéré que les époux Balkany devaient répondre d’accusations de « fraude fiscale » et de « blanchiment aggravé » alors qu’ils ont, aujourd’hui, plus de 70 ans. Car les soupçons sont nombreux. Comme cela avait déjà été fait deux fois en première instance et encore une autre, devant cette même cour d’appel, en décembre, les indices sont relus par la présidente, Sophie Clément, lors d’un long rappel des faits.

« Il est reproché aux époux Balkany de s’être constitué un important patrimoine immobilier en particulier à l’étranger (…) géré par des fiduciaires installées dans des paradis fiscaux », attaque-t-elle avant de livrer quelques chiffres qui donnent le tournis. Comme « 87.367 euros ». Soit le montant des billets d’avion payés en espèces à l’agence Thomas Cook de Levallois-Perret entre 2010 et 2013. Ou encore « 3.500 ». Soit la liasse découverte dans un costume de Patrick laissé au pressing. Et surtout « 0 » : le « total » des retraits effectués en banque par le couple en 2015. « Le train de vie des époux Balkany était incompatible avec leurs revenus déclarés », résume la magistrate.

Pierre-Olivier Sur, l'avocat d'Isabelle Balkany, en compagnie de sa cliente.
Pierre-Olivier Sur, l’avocat d’Isabelle Balkany, en compagnie de sa cliente. – Martin BUREAU / AFP

L’avocat indique qu’il va sortir son feutre fluorescent

Pierre-Olivier Sur, l’avocat d’Isabelle Balkany,, se met à gronder pour contester le résumé. Il sait qu’en première instance, cela n’avait pas empêché les barrons des Hauts-de-Seine d’être lourdement condamnés. Alors, il tente l’humour. « Cette fois-ci, j’ai prévu de prendre un feutre fluorescent pour bien vous montrer », pique-t-il.

Devant lui, Isabelle Balkany ne réagit pas. Elle semble être ailleurs. Juste avant, elle avait prévenu la présidente qu’elle serait absente mercredi matin à l’audience. « Vous m’excuserez. Mais j’ai un parloir [avec mon mari] à 10h30. Et pour rien au monde je ne raterai ça ! » Leur procès doit durer jusqu’au 19 février.

Suivez en direct le procès sur le Compte Twitter de notre journaliste :  @vvantighem

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