Prix des masques : le gouvernement refuse de fixer un plafond, l’opposition vent debout – Le Parisien

Face à la progression de l’épidémie en France, le gouvernement décidait dès le 5 mars – 12 jours avant le confinement – d’encadrer les tarifs des gels hydroalcooliques, devenus en l’espace de quelques semaines un bien de première nécessité pour l’ensemble de la population. Ce plafonnement avait été repris et détaillé dans le décret du 23 mars dernier, prescrivant les mesures générales nécessaires pour faire face à l’épidémie. La même célérité n’a toutefois pas été observée pour les masques, qui deviendront pourtant bientôt indispensables. De quoi provoquer colère et incompréhension dans l’opposition.

Des « abus » constatés ?

Alors qu’approche le déconfinement, dont le plan sera soumis au vote des députés ce mardi pour débuter le 11 mai prochain, les regards se tournent vers la disponibilité des masques, et tout particulièrement celle desdits « grand public » qui pourraient être rendus obligatoires dans les transports en commun. Les pharmaciens ont le droit de vendre ces derniers depuis ce lundi. Il apparaît d’ores et déjà que leurs prix varient en fonction des modèles.

Plusieurs responsables politiques s’étaient prononcés ces dernières semaines en faveur d’un tel encadrement. Dimanche, Marine Le Pen y allait de son tweet pour demander au gouvernement, au vu des « abus » constatés, de fixer un plafond au prix des masques lavables dits « grand public ». La présidente du Rassemblement national estimait que le prix des masques vendus entre 5 et 15 euros était une « honte » au vu des coûts de fabrication.

D’autres parlementaires, comme la sénatrice socialiste des Pyrénées-Atlantiques Frédérique Espagnac, ont également mis le sujet sur la table en séance. « On voit beaucoup de prix qui montent de façon inacceptable, avait-elle lancé lors de l’examen du budget rectificatif. Vous allez me dire que c’est compliqué de plafonner les prix parce qu’il s’agit aussi d’importations. Mais je crois que pour la protection de nos concitoyens ainsi que pour les entreprises, il n’est pas possible de continuer à voir cette inflation du prix du masque. »

« Ne pas freiner l’innovation »

Cette issue n’a pas été retenue par l’exécutif. Lors d’une conférence de presse ce lundi, la secrétaire d’Etat à l’Économie Agnès Pannier-Runacher en a expliqué les raisons. « Un masque peut avoir différentes caractéristiques, qu’il s’agisse du nombre d’utilisations, de marques éventuellement. Pour ces raisons, l’approche qui consiste à dire il y a un prix maximum risquerait de freiner l’innovation ».

Une sortie qui a quelque peu agacé dans les rangs de l’opposition. « Il ne faudrait donc pas encadrer le prix des masques pour ne pas freiner l’innovation. Vont-ils nous faire boire leur potion libérale jusqu’à la lie ? » a tweeté l’eurodéputé LFI Manuel Bompard. Mathilde Panot, députée du Val-de-Marne, est, elle, allée bien plus loin : « Tout leur problème est là : ils préfèrent ne pas freiner l’innovation plutôt que de freiner l’épidémie », a-t-elle écrit sur le même réseau social.

La secrétaire d’Etat a cependant promis que le gouvernement surveillerait de très près les tarifs pratiqués à la vente. Elle estime qu’un bon prix se situerait, s’agissant des masques lavables et réutilisables, à environ « 20 centimes d’euros par usage ». Agnès Pannier-Runacher dit avoir demandé à la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes de lui faire des propositions dans les 48 heures, « permettant de garantir l’accessibilité des masques ». Pour elle, les Français devraient disposer d’au moins trois masques chacun. Ce qui pourrait poser quelques difficultés pour les familles modestes ou nombreuses dans le cas où les tarifs s’avéreraient élevés.

Des discussions avec la grande distribution

Interrogée par BFMTV, la secrétaire d’Etat a dit attendre de la grande distribution qu’elle « fasse un point très précis » au gouvernement sur les stocks, leur répartition sur le territoire et les prix qui seront pratiqués. Elle évoque une « discussion pour que les prix soient très compétitifs pour les familles à petit budget ».

La seconde loi de finances rectificative pour 2020, publiée au Journal officiel, acte le passage à un taux réduit de 5,5 % de la TVA applicable aux masques de protection et aux tenues de protection.

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