Privée de gaz russe, l’Europe se prépare au pire – Ouest-France

La Russie serait-elle tentée de clouer le bec de gaz aux Européens pour leur faire payer leur soutien à l’Ukraine, quitte à se priver de cette manne qui lui a rapporté 20 milliards d’euros ? Voilà déjà des semaines que Nord Stream 1, le plus gros gazoduc alimentant l’Ouest, réduit ses livraisons de 60 %. Ce lundi 11 juillet 2022, c’est officiellement pour une opération de maintenance annuelle que l’entreprise d’État russe Gazprom a totalement fermé les vannes.

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En Allemagne, où débouche le précieux tuyau, on pressent déjà que Moscou refusera de les rouvrir dans dix jours… Nous devons nous préparer au pire​, frémit le ministre écologiste de l’Économie, Robert Habeck. La coupure totale est l’option la plus probable​, craint aussi son homologue français Bruno Le Maire. Même inquiétude chez les voisins alimentés grâce à Nord Stream 1 (Tchéquie, Slovaquie…). D’autant que la Russie a aussi rogné sur les flux du gazoduc TAG vers l’Italie (-35 %) et l’Autriche (-70 %).

Le prix de notre dépendance ?

40 % du gaz consommé l’an dernier au sein de l’Union européenne provenait de Russie. Avec d’énormes disparités : Autriche (80 %), Allemagne (55 %), Italie (44 %), France (17 %)… Et l’ouverture du flambant neuf Nord Stream 2 – suspendue par l’invasion en Ukraine -, laissait augurer une dépendance accrue. La guerre a rebattu les cartes. Mi-mai, la Commission européenne a dit vouloir diviser par trois les importations, en passant de 155 milliards de m3 en 2021 à 50 en 2022. Elles ont déjà été réduites de moitié. Mais de toute façon, pas le choix : il n’y a pas assez de gaz disponible. À court terme, la solution, c’est limiter notre consommation ou se tourner vers d’autres énergies, le pétrole ou, pire, le charbon.

Rien de bon pour la planète ?

Plus que par les énergies renouvelables, c’est en important du GNL, gaz naturel liquéfié – surtout des États-Unis – via leurs 29 terminaux méthaniers, que les Européens compensent, pour l’instant. Le tout sans grande concertation. Berlin a aussi engagé des discussions avec le Qatar… Rome vient d’accroître ses importations depuis l’Algérie.

Rien de réjouissant pour la planète, alors que l’UE vise toujours la fin du recours au gaz fossile en 2050. D’autant qu’en parallèle, Berlin, Rome, Amsterdam et Vienne relancent leurs centrales à charbon.

Des rationnements pour qui ?

Impossible de couper le gaz aux particuliers… Mais Paris promet une campagne de sensibilisation aux économies d’énergie à l’automne. En Allemagne, Vonovia, premier groupe immobilier, va limiter à 17 °C la température dans ses 350 000 logements. Et s’il faut tailler dans le vif, les industriels (chimie, automobile…) seront en première ligne. Les collectivités sont aussi priées de faire des efforts, en télétravaillant, voire en baissant le chauffage. Berlin a déjà réduit la température de l’eau dans les piscines et l’éclairage public dans les rues. L’Italie s’y prépare aussi. La ville d’Augsbourg (Bavière) songe même à éteindre… certains feux de signalisation.

Privée de gaz russe, l’Europe se prépare au pire

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