Primes, rallonges budgétaires… le «plan d’urgence pour l’hôpital» du gouvernement – Le Parisien

Six jours après la grande journée de manifestation des personnels médicaux et paramédicaux, et dix jours avant une nouvelle série d’actions, Edouard Philippe et Agnès Buzyn ont présenté ce 20 novembre au ministère de la Santé le « Plan pour l’hôpital » annoncé par Emmanuel Macron le 14 novembre.

Un plan âprement discuté, jusque tard mardi soir, entre les ministères concernés. Un plan très attendu, pour ne pas dire de la dernière chance, puisqu’il fait suite à deux autres plans, celui de 70 millions d’euros pour les urgences, annoncé en juin, et celui de 750 millions d’euros sur quatre ans destiné à tout l’hôpital, dévoilé en septembre. Ce mercredi matin, l’exécutif était donc attendu sur plusieurs marqueurs de la relance de l’attractivité de l’hôpital : revalorisation des salaires et carrières, conditions de travail, gouvernance avec les médecins, investissement…

« Nous avons entendu » le malaise à l’hôpital, a commencé le Premier ministre, Edouard Philippe. Qui a dit vouloir être « à la hauteur des attentes », avec douze mesures représentant un effort de 12 milliards d’euros sur trois ans.

1,5 milliard de moyens en plus sur trois ans

Pour redonner de l’oxygène à l’hôpital, 1,5 milliard d’euros supplémentaire vont lui être administrés sur trois ans, dont 300 millions dès 2020. C’est le minimum que demandait la Fédération hospitalière de France (FHF), qui représente les 1200 établissements publics. Son président, Frédéric Valletoux, se dit « plutôt satisfait de ce desserrement de l’étau et de la promesse sur quatre ans de ne plus baisser les tarifs d’actes ».

A côté, une enveloppe de 150 millions d’euros sera mise à disposition des hôpitaux pour « les investissements du quotidien ».

10 milliards de dette repris par l’Etat

A côté, Edouard Philippe a annoncé la reprise d’une partie de la dette des hôpitaux : 10 milliards sur trois ans sur les 29,5 milliards encore en cours. L’idée, a dit le Premier ministre, est de « mettre fin au cercle vicieux » de ces dernières années, avec un « investissement hospitalier divisé par deux en dix ans et une dette en hausse de 40 % ».

Cette reprise de dette doit permettre aux hôpitaux de « dégager 800 millions d’euros de marge de manœuvre », a précisé le chef du gouvernement.

Une réduction des actes inutiles

Le Premier ministre a annoncé également vouloir ouvrir le chantier de la pertinence des actes. Selon la FHF, réduire de 2 % le nombre d’actes inutiles ferait économiser 2 milliards par an. Edouard Philippe s’est engagé à reverser tous les gains aux hôpitaux.

Des revalorisations salariales

Détaillé par Agnès Buzyn, « le premier axe du plan consiste à répondre au problème de l’attractivité et des carrières à l’hôpital. On ne peut pas dire aux personnels d’en faire toujours plus sans récompenser cet engagement, a souligné la ministre de la Santé. C’est ce qui explique les difficultés à recruter et les fermetures de lits ».

En conséquence, dans les territoires dits en tension − l’Ile-de-France − une prime annuelle nette de 800 euros sera allouée, à partir du 1er janvier 2020. Quelque 40 000 personnels hospitaliers travaillant à Paris et en petite couronne (Hauts-de-Seine, Seine-Saint-Denis et Val-de-Marne) gagnant moins de 1950 euros net par mois sont concernés.

Et pour valoriser l’engagement des personnels, à partir de la fin du premier trimestre 2020, les hôpitaux pourront disposer d’une enveloppe permettant de verser environ 300 euros par an, sur des critères qu’ils définiront eux-mêmes, basés sur la qualité des soins et de la prise en charge.

Pour les aides-soignants, afin d’améliorer leurs perspectives de fin de carrière, un nouveau grade de catégorie B sera créé, dont pourront bénéficier 10 000 professionnels par an. Enfin, pour les personnels qui accepteront de se former à la prise en charge des personnes âgées, une prime de 100 euros net mensuelle sera versée à partir de 2020.

Un retour des médecins dans la gouvernance

Le plan prévoit d’associer à nouveau les médecins aux décisions de tous ordres (investissements, organisations, recrutements, fermetures de lits…) prises par la direction. Un retour en arrière très attendu par les soignants. Ceux qui ont ou prendront des responsabilités, au sein des commissions médicales d’établissement, par exemple, ou dans les pôles, percevront une prime.

Une lutte contre les « mercenaires » de l’hôpital

Un quart des postes de médecins à l’hôpital public sont vacants et ne trouvent pas preneur. Dans ce contexte, certains intérimaires réclament plus de 1000 euros par jour. « J’annonce des campagnes de contrôles via les comptables publics, a insisté Agnès Buzyn. L’hôpital ne peut être une zone de non droit et de chantage pour imposer des conditions tarifaires ». Une loi doit prochainement être déposée pour renforcer la lutte contre ces pratiques qui pénalisent les finances de l’hôpital.

Plus de souplesse

Enfin, le gouvernement veut assouplir les procédures administratives des hôpitaux qui n’auront plus à multiplier les mêmes démarches auprès des différentes administrations et pourront recruter plus facilement. De l’autonomie leur sera rendue pour gérer au plus près les besoins.

La majorité de ces mesures doit faire l’objet d’amendements déposés dès la semaine prochaine à l’occasion de la deuxième lecture à l’Assemblée du projet de loi de financement de la sécurité sociale pour 2020.

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