Primaire écologiste : ce qu’il faut retenir du débat entre Yannick Jadot et Sandrine Rousseau – Le Parisien

Qui pour endosser les habits du candidat écologiste à la présidentielle ? L’eurodéputé EELV Yannick Jadot, chantre d’une écologie « des solutions » qu’il veut mettre « au pouvoir » en 2022 ou l’universitaire lilloise Sandrine Rousseau, l’« écoféministe » qui assume sa « radicalité ». À trois jours du deuxième tour de la primaire écologiste qui s’annonce aussi incertain que serré (le scrutin en ligne se déroulera du 25 au 28 septembre), les deux finalistes sortis des urnes dimanche dernier se sont affrontés ce mercredi soir sur LCI, à l’occasion de l’unique débat télévisé de l’entre-deux-tours. Une confrontation cruciale où les débats ont été vifs même s’ils sont restés courtois. Il s’agissait de convaincre les quelque 120 000 inscrits à la primaire et notamment ceux ayant porté leurs voix au premier tour sur le maire EELV de Grenoble Éric Piolle et la députée Génération Écologie des Deux-Sèvres Delphine Batho.

Écologie de gouvernement contre radicalité

D’emblée, lors la courte présentation donnée aux deux candidats, chacun a insisté sur ses différences. Comme attendu, Yannick Jadot a défendu « une écologie de l’action », une « écologie des luttes de terrain ». Et plaidé pour une écologie qui « assume de vouloir gouverner, une écologie qui rassemble. Car il va falloir agir avec toutes les forces vives de la société ». Face à lui, Sandrine Rousseau a une nouvelle fois assumé sa « radicalité ». « Nous ne pourrons pas faire une transformation écologique si nous ne disons pas les choses. » Et l’ex-numéro 2 d’EELV n’a pas hésité à attaquer Jadot récusant « l’écologie de gouvernement » et le soupçonnant de vouloir se contenter « de demi-mesures ». « L’écologie de gouvernement que tu proposes est une écologie qui ne va pas au bout du chemin », a accusé Rousseau qui ne voit pas de « transformations suffisantes » dans son programme. « Si gouverner, c’est renoncer alors il ne faut plus faire de politique, il faut s’engager dans les associations, les mouvements sociaux », a rétorqué sèchement l’eurodéputé.

Quelle place pour la voiture ?

Les deux candidats ont ensuite embrayé sur le thème de la mobilité et de la voiture faisant là aussi entendre leurs nuances. Sandrine Rousseau a plaidé pour une politique de « démobilité » visant à limiter au maximum le nombre de trajets, en mettant fin à l’étalement urbain ou en mettant en place des flottes de véhicules partagés. Elle a répété vouloir interdire les voitures de type SUV au profit de voitures légères, moins gourmandes en carburant. « Les SUV c’est totalement inutile dans une société de transformation écologique. (…) On n’a pas besoin de se déplacer avec des tonnes de métal autour de nous. » Yannick Jadot a lui expliqué qu’il était contre « la suppression de la voiture » prenant l’exemple de sa mère qui vit en Picardie : « Ma maman, quand elle va faire ses courses, elle ne peut pas y aller à vélo. » Lui défend l’amélioration de la fréquence des trains du quotidien, la réouverture des petites gares ou encore un moratoire sur les zones commerciales en périphérie. Et cette fois-ci, c’est lui qui est monté au filet en réaction à la proposition de sa concurrente d’augmenter à 250 euros le prix de la tonne de carbone, craignant des « pleins à 100 euros » impossibles à assumer pour les foyers modestes. « Là, Yannick, c’est toi qui agites les peurs », l’a sermonné Sandrine Rousseau.

Taxer les riches ?

Après avoir débattu de la sortie du nucléaire et du bien-être animal, deux sujets sur lesquels les deux candidats sont relativement alignés, ils ont réaffirmé leurs clivages sur les questions de l’entreprise et de la fiscalité. Yannick Jadot souhaite que chaque « euro d’argent public aux entreprises soit conditionné au climat, à la santé au travail, à la revalorisation des salaires, à l’égalité femmes-hommes ». Quand Sandrine Rousseau propose de « déplacer la fiscalité des entreprises vers le CO2 », ce qui selon elle « permet d’employer plus de personnes car on diminue les cotisations sur le travail et rend cher ce qui nous met en danger ». Une nouvelle passe d’armes est ensuite intervenue sur la fiscalité des plus aisés. « Je n’entends pas que tu taxes les plus riches », a reproché Rousseau. « Tu n’as pas dû lire mon programme », lui répond Jadot qui a expliqué vouloir reprendre « l’idée d’Éric Piolle de l’ISF climatique » qui intégrerait « l’empreinte carbone des plus riches ». Nouvelle anicroche quand Jadot explique défendre (comme elle) une nouvelle tranche de l’impôt sur le revenu. « Je suis très heureuse de t’entendre pour la première fois le dire », a souri Rousseau. « Ce n’est pas bien de caricaturer », l’a réprimandé Jadot.

Le racisme dans la police

Les débats ont également été vifs sur la question de la police. Rousseau comme Jadot ont convenu que si « la police n’est pas raciste », il est urgent de mettre fin aux discriminations et aux violences de la part de certains policiers. La première veut mettre fin au « contrôle au faciès » quand le second propose que « l’IGPN soit sortie de son conflit d’intérêts » en la transférant du ministère de l’Intérieur à la Défenseuse des droits. Mais l’universitaire lilloise a taclé Yannick Jadot sur sa participation à la manifestation policière du 19 mai devant l’Assemblée nationale. « La police doit répondre aux politiques (…). Les politiques n’ont jamais à être à l’arrière des manifestations de la police », a-t-elle critiqué. « Ce n’était pas confortable, mais gouverner ce n’est pas confortable », a fait valoir Jadot, expliquant avoir répondu à l’invitation de la CGT, de la CFDT de l’Unsa, « qui sont pas des syndicats factieux ». « Des policiers m’ont dit : On ne supporte pas les violences policières, le racisme dans la police. Ne nous laissez pas seul avec Zemmour, le Rassemblement national, la manipulation de Darmanin. J’ai considéré que mon rôle politique c’était d’être à leurs côtés », s’est justifié le député européen.

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