Prêtre tué en Vendée: du Rwanda au pays nantais, le parcours chaotique du meurtrier – Le Figaro

L’homme qui a assassiné un prêtre lundi, à Saint-Laurent-sur-Sèvre (Vendée) n’avait pas la nationalité française. Mis en cause dans l’incendie de la cathédrale de Nantes, pourquoi est-il resté sur le territoire?

Emmanuel Abayisenga, originaire du Rwanda, a avoué ce matin avoir tué un prêtre à Saint-Laurent-sur-Sèvre (Vendée). En fin de journée, il a été placé dans un hôpital psychiatrique, son état psychologique étant jugé incompatible avec la garde à vue.

Selon les informations de nos confrères de La Croix, il est né en 1981, à Muhanga, dans la province du Sud, au Rwanda. Il est issu d’une famille de douze frères et sœurs, un père instituteur et une mère qui les élève dans un catholicisme strict. Il arrive en France en 2012, et rejoint immédiatement des communautés catholiques, preuve de l’importance de la religion pour lui. Il s’investit à la Croix-Rouge, au Secours catholique, et devient officiellement bénévole dans la cathédrale de Nantes, à Pâques 2019. Il doit vérifier que toutes les portes de la cathédrale sont closes, le vendredi soir. Il sert également à l’autel en aube blanche, lors de la messe du dimanche soir.

Durant ces trois ans au sein de la cathédrale de Nantes, il a même pour objectif de devenir animateur pastoral auprès des réfugiés, et commence une formation. En 2016, Emmanuel Abayisenga se rend à Rome, avec une délégation nantaise, à l’occasion du jubilé des personnes socialement exclues, organisé par l’association Fratello. C’est à cette occasion qu’il rencontre le pape François. Immortalisée dans une série de photos, cette poignée de mains montre Emmanuel Abayisenga souriant et glissant même un mot au pape.

Agressé le soir du réveillon 2018

Le 18 juillet 2020, tout bascule. Emmanuel Abayisenga est le dernier à sortir de la cathédrale de Nantes, et donc le premier suspecté. Il avoue rapidement avoir incendié la cathédrale et se retrouve donc en détention provisoire à la maison d’arrêt de Nantes. C’est une affaire qui remonte à deux ans avant l’incendie qui semble avoir marqué sa relation avec l’édifice religieux.

Il raconte en effet à La Croix s’être fait agresser le soir du réveillon 2018. «Père, j’ai besoin de toi», lui aurait-on soufflé. Selon ce qu’il a rapporté à la police, il était 19 h 30 et Emmanuel Abayisenga était en train de refermer la dernière porte de la cathédrale. «J’ai cru au départ que c’était un agent de sécurité de la cathédrale, je lui ai dit que je n’étais pas prêtre et que je ne pouvais rien faire pour lui, raconte-t-il. C’est alors qu’il s’est jeté sur moi, m’a mis une veste sombre sur la tête et m’a repoussé en arrière.» Blessé lors de sa chute, lunettes de vue brisées et appareils auditifs perdus, Emmanuel Abayisenga prend quelque temps ses distances avec la cathédrale de Nantes. Il évoque même dans un mail devoir «sécuriser» la cathédrale, «en y cherchant et en y faisant d’abord sortir plus loin ce diable».

Un événement qui, dit-il, le hante par la suite, et qui ne peut que lui rappeler son enfance. Emmanuel Abayisenga grandit dans une famille hutue, au Rwanda. Une famille dont le comportement pendant le génocide de 1994 est entouré d’un halo mystérieux. Il n’a alors que 13 ans. Sa famille fuit son village lorsque le Front patriotique rwandais de Paul Kagame, l’actuel président, prend le pouvoir. À leur retour, en 1996, son père est assassiné. Il sera ensuite jugé post-mortem par les tribunaux populaires rwandais, et condamné pour participation au génocide. L’oncle d’Emmanuel Abayisenga purge, quant à lui, une peine de prison à vie.

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