Présidentielle tchèque : le milliardaire Andrej Babis se hisse au second tour – Le Figaro

L’ex-Premier ministre tchèque s’est qualifié malgré une réputation ternie par des accusations de malversation et des interrogations sur son rôle dans la police sécrète du régime communiste.

Andrej Babis, président du parti populiste centriste ANO et député, affrontera les 27 et 28 janvier l’ancien général Petr Pavel, qui l’a battu de justesse lors du premier tour. Le vainqueur du scrutin succédera au chef de l’État sortant, Milos Zeman, personnage haut en couleur connu pour son franc-parler et sa consommation excessive d’alcool.

Né dans la Slovaquie voisine, Babis avait pourtant assuré qu’il ne se présenterait jamais à la présidence : «Je n’apprécierais pas ce travail», avait-il expliqué.

Cinquième fortune du pays, Babis s’est enrichi en devenant propriétaire de la tentaculaire holding agroalimentaire, chimique et médiatique Agrofert.

Il a fait ses débuts en politique en tant que président de son mouvement ANO! (OUI!), faisant campagne sur un programme anti-corruption. Le parti populiste est entré au Parlement en 2013 et siège dans le groupe Renew (centristes et libéraux) au Parlement européen.

Mais le parcours de Babis est aussi parsemé d’accusations diverses, que l’homme d’affaires a toujours niées, dénonçant une «campagne de diffamation».

Babis a été évincé du poste du ministre des Finances, qu’il occupait de 2014 à 2017, après la fuite d’enregistrements montrant qu’il avait influencé des journalistes travaillant pour ses journaux.

Accusé de fraude aux subventions européennes, pour un montant de 2 millions de dollars, il a été acquitté début janvier par un tribunal de Prague, après six ans de poursuites.

Il a également engagé plusieurs actions en justice, affirmant qu’il n’était pas un agent de la police secrète du StB dans les années 1980, lorsque l’ancienne Tchécoslovaquie était dirigée par des communistes sous la coupe de Moscou. Mais les dossiers du StB portent sa signature sous le pseudonyme de «Bures», un nom de famille assez courant, et les tribunaux ont jusqu’à présent rejeté ses plaintes.

Premier ministre de 2017 à 2021, il a quitté ses fonctions après que son parti a perdu d’une courte tête les élections, remportées par la coalition de centre-droit Ensemble au pouvoir.

Babis, père de quatre enfants, est aujourd’hui un simple député.

«Pour gagner de l’argent»

L’ancien communiste, qui servait autrefois des beignets pour séduire les électeurs, Babis possède une fortune estimée à 4,3 milliards de dollars, selon la liste Forbes de 2022.

Grâce à un père qui, selon lui, a «cofondé le commerce extérieur en Slovaquie» sous le communisme, Babis a grandi en voyageant, fréquentant une école primaire à Paris et une école secondaire à Genève.

Né le 2 septembre 1954 à Bratislava, il raconte que son goût du travail et de l’argent lui sont venus très tôt: «Je travaille depuis l’âge de 15 ans: je livrais du lait, je déchargeais des colis à la gare, je faisais de la décoration, je construisais des maisons de week-end, tout cela pour gagner de l’argent».

Après avoir obtenu un diplôme d’économie, il a suivi les traces de son père et a travaillé comme représentant de commerce au Maroc. Après la Révolution de Velours, qui a renversé le régime totalitaire tchécoslovaque en 1989, il est rentré chez lui: son pays était coupé en deux et il était sans emploi.

Andrej Babis a acheté Agrofert au début des années 2000 dans le cadre d’un accord qui a suscité quelques interrogations en raison d’un prix d’achat que certains jugeaient beaucoup trop bas.

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