Présidentielle en Tunisie : Kais Saied largement élu, selon la télévision nationale – Le Parisien

Les Tunisiens élisaient dimanche leur président pour la deuxième fois depuis la révolution de 2011, qui a mis fin au pouvoir de Ben Ali. Les électeurs devaient départager à l’occasion de ce second tour deux candidats atypiques, un homme d’affaires controversé, Nabil Karoui, tout juste libéré de prison, et un rigide spécialiste de droit constitutionnel, Kais Saied.

Selon un premier sondage sortie des urnes publié ce dimanche soir une heure environ après la fermeture des bureaux de vote, à 18 heures locales, M. Kaies l’emportait mais aucun résultat officiel n’était attendu avant lundi et aucun responsable des deux camps n’avait voulu s’exprimer dans un premier temps.

72,5% des suffrages pour Kaies, selon un sondage

D’après l’institut de sondage Emrhod, M. Kaies, 61 ans, a obtenu 72,5% des suffrages, contre 27,5% seulement à son adversaire, M. Karoui. La publication de ce sondage, massivement repris et commenté en Tunisie, a déclenché des scènes de joie chez ses partisans.

La chaîne de télévision publique Wataniya a diffusé un peu plus tard dans la soirée un sondage Sigma Conseil confirmant cette tendance. Selon cette étude, M. Saied, 61 ans, devance de plus de 50 points son adversaire Nabil Karoui, qui a obtenu 23,11% des voix, avec 76,9% des voix.

«L’époque de la soumission est finie»

Devant ses partisans, le nouveau président a notamment «remercié les jeunes qui ont ouvert une nouvelle page de l’Histoire ». «Je vais porter ce message (de la révolution de 2011), a t-il promis. « Le peuple veut… ! », a aussi lancé Kais Saied, reprenant un slogan phare de la révolution de 2011. « Et sa volonté va être appliquée. La loi sera appliquée à tous et à moi en premier lieu. L’application de la loi se fera sans aucune exception. Chacun a choisi qui il voulait, en toute liberté. Notre projet est basé sur la liberté. L’époque de la soumission est finie. Nous venons d’entrer dans une nouvelle étape de l’histoire .»

«Mettre les favoris en prison c’est facile»

Son rival Nabil Karoui, a en revanche déploré un « déni de justice », évoquant la possibilité de contester son incarcération durant 49 jours en pleine campagne électorale. « Je me demande ce que ça aurait été si je n’avais pas été en prison, d’une façon inique », a-t-il déclaré à la presse dans son QG. «C’est un cas unique dans l’histoire des démocraties dans le monde – c’est comme faire les jeux olympiques et on casse un genou avant de faire les 100 mètres », a-t-il déploré. « On veut se défendre, si on se défend pas ça va faire jurisprudence: mettre les favoris en prison c’est facile », a-t-il conclu, tandis que son équipe a indiqué attendre les résultats officiels pour trancher sur la suite des démarches.

Deux candidats « anti-système »

Avec des personnalités aux antipodes, Nabil Karoui et Kais Saied, respectivement 56 et 61 ans, présentaient au moins un point commun : ils ont tous deux créé la surprise il y a un mois en se qualifiant pour le deuxième tour. Il étaient parvenus à s’extraire du peloton des 26 candidats, au détriment notamment des dirigeants sortants, sanctionnés par une population exaspérée par les chamailleries politiciennes et l’horizon économique invariablement bouché depuis la révolution de 2011.

Si la sécurité s’est nettement améliorée ces dernières années dans le pays, après une série d’attentats jihadistes en 2015, le chômage continue de ronger les rêves, notamment des jeunes, et l’inflation grignote un pouvoir d’achat déjà faible.

La mort en juillet du premier président élu démocratiquement au suffrage universel, Béji Caïd Essebsi, a avancé la présidentielle de quelques mois, précipitant le pays dans une saga politique. Il y a d’abord eu l’incarcération fin août de Nabil Karoui, qui caracolait dans les sondages. L’homme d’affaires a martelé que son arrestation, à quelques jours du début de la campagne du premier tour, était « politique ».

Saied soutenu par Ennahdha

Le premier tour mi-septembre a emporté l’ensemble de la classe politique en place dans l’après-révolution. Candidat sans parti, Kais Saied, a obtenu 18,4% des voix, après une campagne low cost constituée de multiples visites de terrain et de pages animées par des partisans sur Facebook.

Nabil Karoui, fondateur d’une des principales chaînes de télévision du pays, Nessma, avait obtenu 15,6% des voix depuis sa cellule de prison. Le dernier rebondissement a été la libération in extremis mercredi, après plusieurs rejets de la justice, de Nabil Karoui.

La campagne s’est achevée vendredi par un débat télévisé sans précédent, et très suivi : plus de 6 millions de téléspectateurs, soit plus d’un Tunisien sur deux, selon un institut de sondage.

Aux législatives de l’entre deux tours, le parti d’inspiration islamiste Ennahdha est arrivé en tête avec 52 sièges au Parlement sur 217. Le parti avait appelé à voter pour Kais Saied, candidat au conservatisme sociétal assumé.

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