Présidentielle 2022 : plateau, réalisation, thèmes… Ce qu’il faut savoir du débat de l’entre-deux-tours entr – franceinfo

C’est le match retour tant attendu. Mercredi 20 avril, à partir de 21 heures, Emmanuel Macron et Marine Le Pen se retrouvent sur TF1 et France 2 pour le traditionnel débat d’entre-deux-tours de l’élection présidentielle. Les deux qualifiés pour le second tour échangeront leurs arguments pendant plus de deux heures sous l’œil attentif des téléspectateurs. En 2017, 16,4 millions de Français avaient regardé le débat très musclé entre le candidat d’En marche ! et la candidate du Front national.

La performance de Marine Le Pen avait unanimement déçu, critiquée jusque dans son propre camp. “Le débat a été un échec dont j’ai payé un prix très lourd”, confiait-elle à franceinfo en mars. Marine Le Pen devrait cette fois chercher à se présidentialiser et ne pas se montrer trop agressive. Le président sortant ne devrait pas non plus attaquer son adversaire sur sa personne et il prévoirait de faire valoir son expérience. Avant d’allumer votre télévision, franceinfo vous détaille tout ce que vous devez avoir en tête sur ce rendez-vous incontournable de toute présidentielle.

Qui organise le débat ?

Les chaînes TF1 et France 2 sont à la manœuvre dans l’organisation de ce débat, qui sera également diffusé sur des chaînes d’information en continu comme LCI et franceinfo (canal 27 de la TNT). Les équipes de campagne d’Emmanuel Macron et Marine Le Pen sont aussi étroitement associées à la préparation de ce rendez-vous.

Gilles Bouleau, présentateur du journal de 20 heures de TF1, et Léa Salamé, journaliste à France 2 qui a notamment animé l’émission “Elysée 2022”, seront les arbitres de ce débat. Leur rôle sera de modérer les échanges entre les deux candidats. “Nous sommes des facilitateurs. On va tout faire pour que ce débat se fasse dans des conditions de parfaite égalité, d’équité, de transparence et de dignité”, explique le journaliste de la première chaîne à franceinfo. “Notre job, c’est d’essayer de faire respecter l’égalité des temps de parole et la bonne tenue des débats pour que ce soit intelligible”, ajoute Léa Salamé.

“On est là pour donner du rythme, passer d’un thème à l’autre, regarder l’égalité des deux chronomètres, et voilà.”

Léa Salamé, présentatrice du débat

à franceinfo

A la réalisation, c’est Didier Froehly qui a été choisi pour mettre en images le débat. Ce dernier est connu pour avoir réalisé des émissions de divertissement comme “Vendredi tout est permis avec Arthur”, “Danse avec les Stars” ou les NRJ Music Awards, mais il s’est aussi illustré lors de rendez-vous politiques comme lors des débats des primaires de droite et de gauche en 2017. Selon Le Parisien, il n’était pas question pour Marine Le Pen d’avoir de nouveau recours aux services de Tristan Carné, aux manettes du débat de 2017.

Chaque camp a également désigné un conseiller réalisateur qui veillera en régie sur l’image de son candidat. Pour Marine Le Pen, il s’agit de l’ancien journaliste de LCI, Philippe Ballard, désormais membre du Rassemblement national ; pour Emmanuel Macron, c’est le réalisateur Jérôme Revon, qui s’est occupé des meetings de l’Arena et de Marseille, qui a été retenu. Les deux seront présents dans le car régie et pourront intervenir dans l’oreillette du réalisateur. “Mais au bout du compte, je reste décideur de l’ensemble du débat”, assure Didier Froehly.

A quoi ressemble le plateau ?

“C’est une organisation au millimètre près, sur la couleur du fond, l’écartement des tables, la place des micros, des verres d’eau…”, liste Laurent Guimier, le directeur de l’information de France Télévisions. Marine Le Pen et Emmanuel Macron se feront face à 2,5 m de distance, comme en 2017, mais cette fois il n’y aura pas de table entre les deux. Et les positions seront inversées : Emmanuel Macron sera sur la gauche de l’écran et Marine Le Pen à droite. Les deux candidats seront assis derrière de petits bureaux sur lesquels ils pourront poser leurs fiches et suivre également le décompte du temps de parole. Les journalistes se tiendront plus loin, à 4 m des candidats, sur un bureau à part. Les deux arbitres du débat feront une présentation debout, avant de regagner leur place. Le débat doit durer 2h30, comme en 2017.

Pas moins de 23 caméras sont prévues pour capter l’intégralité du débat, dont une grue télescopique de 12 m et un travelling. Dans le détail, 16 caméras filmeront le débat, 4 caméras seront là en secours, 2 autres serviront pour la traduction en langue des signes et une caméra suivra les candidats à leur arrivée. Le réalisateur pourra proposer des gros plans sur les candidats, comme des plans larges avec les deux protagonistes. Il n’y aura pas de public et le décor sera constitué en fond d’un grand écran de 30,50 m de largeur et 3,70 m de hauteur. Rien n’a été laissé au hasard, jusqu’au niveau de la climatisation qui sera réglée sur 19 °C. Pour anticiper tout problème, un groupe électrogène de secours a par ailleurs été installé.

Des règles ont-elles été fixées ?

Oui, il existe même “une charte de réalisation qui est écrite en accord avec les candidats, signée par les candidats à l’Arcom [l’ancien CSA], a expliqué Didier Froehly sur France Inter. La négociation entre les deux écuries s’est notamment focalisée sur les plans de coupe, qui permettent de voir les réactions d’un candidat quand l’autre s’exprime. Il y a cinq ans, Marine Le Pen était parfois apparue en difficulté sur certains plans, en train de chercher dans ses dossiers, ce que l’équipe de la candidate veut à tout prix éviter cette année.

Il y aura donc des plans d’écoute. Quand un candidat parle, on montrera l’autre le regarder, explique la direction de France Télévisions. Il y aura un nombre de plans d’écoute équivalent pour chaque candidat, par exemple lorsque “le candidat ou la candidate tient le regard de son interlocuteur en face de lui, acquiesce ou non, a un rictus, etc.”, a illustré Didier Froehly sur Europe 1. L’objectif est d’éviter de montrer les gestes parasites.

“Je pense qu’un plan de coupe de quelqu’un qui se gratte le nez, cherche dans ses fiches ou boit de l’eau n’est pas très utile pour le téléspectateur.”

Didier Froehly, réalisateur du débat

sur France Inter

Des tirages au sort ont par ailleurs été effectués pour déterminer l’ordre de prise de parole des candidats. Marine Le Pen répondra donc à la première question et Emmanuel Macron aura la priorité lors de la conclusion (ce qui signifie que la candidate du Rassemblement national aura le dernier mot).

Quels seront les thèmes abordés ?

Huit thèmes ont été arrêtés pour ce débat. Un tirage au sort a été effectué pour déterminer l’ordre des sujets car les candidats ne sont pas parvenus à se mettre d’accord, selon la direction de l’information de France Télévisions. Les deux candidats commenceront donc la discussion par le thème du pouvoir d’achat. Puis, ils évoqueront l’international, le modèle social (retraites, santé, dépendance), l’environnement, la compétitivité et l’attractivité française, la jeunesse (éducation, formation…), la sécurité et l’immigration et enfin les institutions.

En 2017, Emmanuel Macron et Marine Le Pen avaient échangé dans l’ordre sur l’économie, le terrorisme, l’éducation et l’Europe. Ils avaient aussi pu développer une carte blanche en fin de débat, une occasion que Marine Le Pen n’avait pas saisie alors qu’elle avait préparé une intervention sur les petites retraites, selon son ancien conseiller Florian Philippot.

Comment les candidats se sont-ils préparés ?

Marine Le Pen sait qu’elle a une revanche à prendre et s’est activement préparée pour ce débat. Agenda assoupli, fiches et notes thématiques, débats factices… La candidate a peaufiné les derniers détails “chez elle” entourée de proches conseillers. “Vous savez, le débat, on le prépare depuis 5 ans, ajoute Philippe Olivier, proche conseiller de la candidate. “Quand elle prépare son projet, qu’elle le chiffre, elle est déjà dans cette préparation.” La candidate du Rassemblement national va tâcher d’éviter de reproduire les mêmes erreurs qu’il y a cinq ans.

“J’imagine qu’elle aura corrigé des choses sur la forme, qu’elle ira plus sur son projet et moins sur l’attaque systématique.”

Florian Philippot, ancien conseiller de Marine Le Pen

à franceinfo

Du côté d’Emmanuel Macron, on s’attend à une Marine Le Pen “beaucoup mieux préparée” qu’il y a cinq ans. Mais ses soutiens affichent leur confiance. “On le connaît, je m’attends à une performance solide de sa part”, assure un stratège macroniste. Depuis lundi, d’après Le Parisien, le président sortant se prépare avec ses proches, dont le secrétaire général de l’Elysée Alexis Kohler, le ministre de l’Agriculture Julien Denormandie et celui des Outre-Mer Sébastien Lecornu. Le programme de la  candidate RN a été décortiqué afin d’en repérer les failles. L’enjeu sera notamment de déconstruire l’image d’une Marine Le Pen championne du pouvoir d’achat. Ce sera “projet contre projet”, comme aiment le répéter les macronistes. Il n’est donc pas question, a priori, de s’attaquer à la personne de Marine Le Pen.

Leave a Reply

Your email address will not be published. Required fields are marked *