Pourquoi passer le réveillon entre personnes testées positives n’est pas une bonne idée – BFMTV

Si cette solution peut permettre de palier la solitude de l’isolement, elle peut néanmoins s’avérer dangereuse sur le plan sanitaire, à cause des risques de co-infections et de réinfections.

Pour la deuxième année consécutive, la crise sanitaire joue les trouble-fêtes. Actuellement, plus de 200.000 personnes sont testées positivement chaque jour en France. “Si j’extrapole, nous en sommes sûrement à un million de Français contaminés, plus des personnes asymptomatiques”, a estimé Olivier Véran mercredi.

Et tout cela fait beaucoup de personnes placées à l’isolement, et donc de personnes qui doivent renoncer à leurs plans de la Saint-Sylvestre. Mais pour certains, hors de question de passer à la nouvelle année sans festoyer avec des proches. Une solution s’offre alors à eux: passer le Nouvel An entre personnes positives. Si l’idée semble acceptable sur le papier, qu’en est-il vraiment?

Risque de contaminations dans les transports et commerces

Si une soirée de réveillon entre “covidés” peut permettre de palier la solitude de l’isolement, elle peut néanmoins s’avérer dangereuse sur le plan sanitaire, selon plusieurs scientifiques. Première raison, un tel rassemblement peut entraîner des déplacements qui risquent de contaminer d’autres personnes, notamment des inconnus.

“C’est prendre le risque de contaminer d’autres personnes dans les transports, dans les magasins, en allant chercher une bouteille au supermarché”, explique Mahmoud Zureik, professeur d’épidémiologie et de santé publique, à franceinfo.

Toutefois, même en prenant des précautions et en évitant de tels contacts, une soirée entre personnes contaminées présente deux risques principaux: celui de réinfection (ou surinfection) et celui de co-infection.

Hausse de la charge virale

“Il peut y avoir un effet inoculum, c’est-à-dire qu’on se surcontamine”, met en garde Patrick Berche, médecin biologiste et membre de l’Académie de médecine, au micro de BFMTV.

En effet, selon plusieurs spécialistes, une telle configuration peut amener à une hausse de la charge virale des personnes présentes déjà contaminées. Elles peuvent être “réinfectées” par le Covid-19, notamment car la concentration du virus dans la pièce sera importante.

Si cela concerne en particulier les personnes “ayant le système immunitaire affaibli”, explique à Ouest-France Yannick Simonin, maître de conférences en virologie à l’Université de Montpellier, ce phénomène peut toucher tout le monde. Une charge virale plus forte peut, par conséquent, entraîner un risque de développer des formes plus symptomatiques et donc plus graves de la maladie. De plus, une surinfection peut également intervenir avec une autre maladie, virale ou bactérienne, notamment car le système immunitaire est plus faible.

Cocktail Delta + Omicron

Attention également aux co-infections, notamment en cette période où le contagieux variant Omicron surplante le variant Delta mais où les deux circulent encore activement conjointement. En effet, selon certains scientifiques, il est possible, quand on est déjà contaminé par l’un, d’être atteint par l’autre.

“Avec la circulation de plusieurs variants dont le variant Omicron, il y a potentiellement des risques de co-infection entre le variant Delta et le variant Omicron”, explique Yannick Simonin.

C’est également la conclusion d’une étude américaine, relayée par franceinfo, qui montre que “la présence d’une co-infection ou d’une surinfection augmente les risques pour le patient, dont le risque de mortalité”. Jean-Paul Stahl, professeur d’infectiologie au CHU de Grenoble interrogé par Libération, précise néanmoins qu’un porteur du variant Delta possède des anticorps en partie efficaces contre Omicron, ce qui devrait limiter les risques.

Equilibre bénéfices-risques

Enfin, choisir de fêter le réveillon du Nouvel An entre personnes positives au Covid amène à ne pas respecter les préconisations d’isolement pour lutter contre la pandémie. Si ce n’est pas une obligation légale mais une forte recommandation sanitaire, l’assurance maladie préconise un isolement strict d’au moins 10 jours en cas de test positif.

Néanmoins, pour certains spécialistes, il est nécessaire de faire l’équilibre entre les bénéfices et les risques face à une telle situation. L’isolement durant la période des fêtes peut être difficile à vivre et entraîner des souffrances psychologiques. “On ne peut pas être dans une position jusqu’au-boutiste (…), il faut tenir compte de l’importance des liens familiaux ou amicaux”, conclut Olivier Bouchaud, infectiologue à l’hôpital Avicenne de Bobigny (Seine-Saint-Denis) sur franceinfo.

Salomé Robles

Leave a Reply

Your email address will not be published. Required fields are marked *