Pourquoi les terrasses chauffées vont être interdites en 2021 – Le Parisien

« On ne peut pas climatiser la rue en plein été lorsqu’il fait 30 degrés et on ne peut pas non plus chauffer à plein régime des terrasses en plein hiver pour le simple plaisir de boire son café en terrasse. » En une formule, la ministre de l’Ecologie, Barbara Pompili, a enterré ce lundi le concept des terrasses chauffées. A partir de l’hiver 2021, les systèmes de braseros et autres radiateurs propulsant de la chaleur sur des terrasses ouvertes seront interdits en France.

C’est l’une des mesures phares annoncées ce matin à l’issue du Conseil de défense écologique et c’était l’une des préconisations des 150 Français réunis au sein de la Convention citoyenne pour réduire les émissions de gaz à effet de serre de la France.

Rien qu’à Paris, pas moins de 12500 établissements seraient dotés de terrasses chauffées. Les élus écologistes de la capitale, notamment l’ancien maire EELV du IIe arrondissement Jacques Boutault, militaient depuis des années pour la disparition de ces équipements très énergivores dont le bilan carbone est catastrophique. « Une seule terrasse chauffée de 12 m2 émet autant de Co2 qu’un 4×4 de type SUV qui roulerait 350 kilomètres chaque jour », a calculé l’élu.

Une mesure déjà effective dans certaines grandes villes

D’après un calcul effectué par l’association écologiste Negawatt, une terrasse de 75 m2 équipée de cinq braseros au gaz émet autant de CO2 à l’échelle d’un hiver qu’une voiture neuve qui roulerait 120000 km !

« C’est une aberration écologique qui ne va pas du tout dans le sens de la sobriété énergétique et qui pose un gros problème de surconsommation », reconnaît-on au cabinet de la ministre de l’Ecologie. Sans attendre que l’Etat ne légifère, certaines villes avaient pris les devants, comme Rennes (Ille-et-Vilaine) qui a décidé d’interdire les dispositifs de chauffage de terrasse, les jugeant néfastes pour la planète. D’autres, comme Angers ou Bordeaux, avaient entamé des réflexions sur le sujet.

Mais Paris faisait de la résistance. « Nous avons entamé ce combat dès 2008 et relancé notre demande d’interdiction l’hiver dernier, mais nous avions essuyé beaucoup de critiques et de quolibets, rappelle Jacques Boutault. Alors, aujourd’hui, évidemment, nous prenons notre revanche et nous sommes contents d’avoir eu raison trop tôt. »

Les fumeurs et les restaurateurs inquiets

Selon une étude réalisée en décembre par l’institut Yougov, plus de deux Français sur trois s’accordent à dire que les terrasses chauffées représentent une importante déperdition d’énergie, mais seulement un sur trois est clairement « favorable » à cette interdiction.

Parmi les accros aux cigarettes, qui n’ont plus la possibilité de fumer à l’intérieur des établissements, 82 % avouent utiliser plus ou moins fréquemment l’hiver ces endroits pour en griller une légalement en buvant leur petit noir. Autant dire que parmi cette catégorie de clientèle et chez les propriétaires de bars et restaurants, cette interdiction est plutôt mal vue : 57 % des amateurs de clope café considéraient il y a sept mois que ce n’est pas une « mesure indispensable ».

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