Pourquoi les robots font des saltos, mais galèrent dans les abattoirs

Pourquoi les robots font des saltos, mais galèrent dans les abattoirs

C’est devenu une habitude. L’entreprise Boston Dynamics publie une nouvelle vidéo censée démontrer les prouesses de son robot humanoïde, nommé Atlas. Cette fois-ci, il est équipé de pinces. Et vous le verrez, il peut lancer et attraper des objets avec ces pinces. Il reste bien sûr particulièrement agile si on le pousse à pratiquer le parkour. Marche souple, montée d’escalier, saut périlleux arrière… rien ne nous est épargné.

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Des pinces en guise de mains

Une vidéo destinée à démontrer les progrès de la société, cristallisés par les 28 articulations hydrauliques de son robot Atlas, sa vitesse de 2,5 mètres par seconde, et sa perception en temps réel. Mais l’innovation principale repose sur les « mains » du robot, ou plutôt ses pinces. Des pinces que le robot utilise pour manipuler une planche de bois et la déposer. Mais aussi pour lancer un sac.

« Nous ne nous contentons pas de réfléchir à la manière de faire bouger le robot de manière dynamique dans son environnement, comme nous l’avons fait pour le parkour et la danse », explique dans la vidéo Scott Kuindersma, chef de l’équipe Atlas.

« Nous commençons à mettre Atlas au travail et à réfléchir à la manière dont le robot devrait être capable de percevoir et de manipuler les objets dans son environnement. »

De la super démo, mais rien de vendu pour l’instant

Car la capacité à manipuler des objets dans son environnement est une compétence essentielle pour un robot, qu’il soit humanoïde ou pas.

« Un robot humanoïde sera bien adapté à des applications comme la fabrication, le travail en usine et la construction, où un facteur de forme humanoïde convient très bien avec sa nature bimanuelle, sa capacité à se tenir debout, à déplacer des objets lourds et à travailler dans des espaces traditionnellement conçus pour les humains », explique Scott Kuindersma.

Reste que si la vidéo est impressionnante, le robot Atlas n’est actuellement ni commercialisé ni disponible à la vente. Ben Stephens, le responsable du contrôle chez Atlas, estime que nous sommes encore loin de disposer de robots capables d’effectuer des tâches courantes dans le monde réel.

Et en voici un exemple concret.

La galère des robots dans les abattoirs

Nvidia, le fabricant de puces, vient de présenter les travaux d’une start-up spécialisée dans le domaine de l’agroalimentaire. Soft Robotics, c’est le nom de l’entreprise, utilise la plateforme de simulation de Nvidia pour entraîner des robots à ramasser des aliments, en l’espèce des morceaux de poulet dans un abattoir.

Un travail jusqu’à présent réservé aux employés des abattoirs. Pourquoi ? Parce que la main est un formidable outil de précision. Et il s’avère que les robots, eux, doivent encore faire de gros efforts pour saisir les morceaux de viande. Oui, avec des pinces. Les mêmes pinces que celles d’Atlas, le robot de Boston Dynamics.

Nvidia détaille dans ce cas d’usage la manière dont Soft Robotics utilise ses GPU pour entraîner et déployer des robots conçus pour manipuler des ailes et des pilons de poulet.

Cet exemple est d’autant plus intéressant que les usines de transformation et de conditionnement des aliments peuvent sembler être un endroit évident pour déployer des robots. Les ailes de poulet, par exemple, sont rapidement déplacées sur des tapis roulants pour être uniformément cuites et préparées. Dans le même temps, les employeurs, comme les entreprises de conditionnement de la viande, ont parfois du mal à pourvoir ce type d’emploi.

Le défi du pilon de poulet

Mais malgré cela, l’industrie alimentaire est relativement lente à adopter la robotique. Pourquoi ? Parce que la saisie de différents objets de forme irrégulière est depuis longtemps un défi majeur pour les robots. En outre, un morceau de poulet est glissant et brillant, ce qui le rend encore plus difficile à analyser et à saisir. Bref, Boston Dynamics peut fanfaronner avec une planche en bois, mais pas avec une aile de poulet.

Surtout qu’en plus des pinces, un système robotique sur la chaîne de transformation des aliments nécessite une vision par ordinateur et une formation d’IA pour apprendre à repérer pour saisir un seul morceau de poulet. Le système mGripAI de Soft Robotics est entraîné avec des ensembles de données pour ramasser et manipuler différents types d’aliments – viandes, fruits et légumes ou encore produits de boulangerie. L’entreprise a récemment levé 26 millions de dollars.

Selon Nvidia, Soft Robotics a réussi à accélérer ses déploiements de mGripAI, qui sont passés de quelques mois à quelques jours. La start-up utilise Isaac Sim, une plateforme permettant de créer des jumeaux numériques de robots de manipulation. Isaac Sim, que Nvidia a lancée en 2021, permet de créer des rendus 3D de pièces de poulet dans différents environnements – comme des tapis roulants ou des bacs – et avec différents scénarios d’éclairage. Ces simulations aident le système d’IA à comprendre comment les différents morceaux de poulet peuvent être empilés les uns sur les autres et lesquels seront les plus faciles à saisir.

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