Pour l’OTAN, la Chine représente désormais un « défi systémique » pour l’ordre mondial – Le Monde

Les dirigeants des pays membres de l’OTAN, à Bruxelles, le 14 juin 2021.

Ils avaient sans doute quelques réticences mais ils n’ont pas voulu troubler l’ambiance très positive des retrouvailles avec un partenaire américain revenu à de bonnes intentions à leur égard : les membres européens de l’OTAN ont cosigné, lundi 14 juin, lors d’un sommet à Bruxelles, un communiqué final indiquant que la Chine représentait désormais un « défi systémique » pour l’ordre mondial et la sécurité de l’Alliance atlantique.

Très rapidement après l’élection de Joe Biden, son administration avait fait passer au quartier général de l’OTAN un message, tout aussi vite relayé par le secrétaire général Jens Stoltenberg : l’Alliance devrait mettre sur le même pied les menaces chinoise et russe.

La chancelière allemande, Angela Merkel, à Bruxelles, le 14 juin 2021.

Lundi, la chancelière allemande Angela Merkel s’est montrée, comme d’habitude, prudente mais elle a invité à ne pas renoncer à une position « équilibrée » à l’égard de Pékin. Lors de sa conférence de presse finale, Emmanuel Macron appelait, lui, l’OTAN à ne pas se détourner de ses missions essentielles, à ne pas « confondre les objectifs », à ne pas « biaiser » la relation avec la Chine. La semaine dernière il soulignait, sur le ton de l’ironie, que la Chine n’était pas, a priori, dans le rayon d’action d’une Alliance appelée à défendre le territoire européen. Le défi de Pékin n’est pas seulement militaire, ajoutait-il, et si la Chine est une rivale, elle est aussi un partenaire indispensable pour résoudre de grands problèmes du moment, climatiques par exemple.

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La très longue déclaration finale adoptée lundi évoque, en tout cas, les « préoccupations » à l’égard d’un pays qui développe notamment à grande vitesse son arsenal nucléaire et « coopère militairement avec la Russie, en participant notamment aux exercices russes dans la zone euroatlantique ». Un « dialogue constructif » se poursuivra donc, quand ce sera « possible », à condition que Pékin respecte des engagements clairs dans divers domaines (maritime, spatial, cyber…).

De son côté, Pékin a accusé mardi l’OTAN d’exagérer « la théorie de la menace chinoise ». Dans un communiqué, l’ambassade de Chine auprès de l’UE estime que l’organisation fait preuve d’une « mentalité de guerre froide » et cherche à « créer artificiellement des confrontations ».

Apaisement

Deux jours avant sa rencontre avec Vladmir Poutine à Genève, Joe Biden a aussi été assuré de la fermeté de ses partenaires à l’égard de la Russie. Même si, dans ce domaine aussi, Berlin et Paris, notamment, rappellent toujours la nécessité de ne pas renoncer à un « dialogue exigeant » avec le Kremlin. Emmanuel Macron insiste, par ailleurs, sur le fait que les Européens ne peuvent être écartés d’une discussion sur la maîtrise des armements qui les concerne en premier lieu et ne peut se résumer, dit-il, à un tête-à-tête entre les présidents russe et américain. « La volonté des Européens est de définir eux-mêmes, et pour eux-mêmes, les termes de ce contrôle des armements pour ce qui concerne le sol européen. »

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