Pour les anti-Brexit, la manifestation du dernier espoir – Le Monde

Des centaines de milliers de personnes ont défilé dans les rues de Londres, s’accrochant à un dernier espoir d’organiser un deuxième référendum.

Par Publié aujourd’hui à 18h14, mis à jour à 18h38

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La manifestation des anti-Brexit à Londres, le 19 octobre.

La pluie s’est mise à tomber drue sur le cortège anti-Brexit au moment exact où les députés ont commencé à voter. Chacun y verra le signe du ciel qu’il voudra, mais les centaines de milliers de manifestants pensent avoir entr’aperçu comme un arc-en-ciel. Dans un rebondissement supplémentaire de ce feuilleton sans fin, le Parlement britannique a repoussé, samedi 19 octobre, le vote fatidique pour approuver (ou non) l’accord sur la sortie de l’Union européenne.

Un haut-parleur a annoncé le résultat à la foule compacte sur Whitehall, la route menant à Westminster, provoquant quelques acclamations. Pas de joie trop forte pour autant. « C’est un répit », soupire Paul Doorly, un Irlandais habitant à Londres de longue date. « L’espoir va et vient tout le temps dans ce processus », ajoute Louise Elkins, une habitante de Cambridge qui n’ose pas s’enthousiasmer. Son fils, James, 26 ans, confirme : « Hier soir, je me suis dit que Boris Johnson allait obtenir une majorité et que le Brexit aurait lieu. Et puis, aujourd’hui, j’ai compris que le vote serait reporté. L’espoir revient. »

Une nouvelle fois, une immense manifestation anti-Brexit a défilé à Londres. Comme en mars 2019 et en octobre 2018, plusieurs centaines de milliers de personnes ont réclamé un deuxième référendum. Il y avait sans doute un peu moins de monde que le million de personnes de mars, mais c’est impossible à confirmer avec certitude, en l’absence de comptage officiel.

Comme toujours, l’ambiance était bon enfant. La foule était composée de familles, de personnes âgées, d’étudiants… Plus pique-nique en famille que révolutionnaires couteau aux dents. La différence, cette fois, est pourtant que l’espoir s’amenuise. Un accord avec l’Union européenne a été trouvé et, contre toute attente, le premier ministre, Boris Johnson, a peut-être réussi à rassembler une majorité. Ça se joue à une poignée de voix, mais les Brexiters semblent sur le point de remporter la partie. « Cette manifestation est notre dernière chance. On s’accroche à ce qu’on peut, ce sont nos derniers espoirs », reconnaît David Lewis, 27 ans, qui a fait le déplacement de Nottingham. « Si le Brexit a lieu, j’essaierai de l’accepter. Mais d’ici là, je me battrai jusqu’au bout », renchérit Lewis Stewart, 51 ans, qui est venu de Bristol.

Sans leader politique ni vraie organisation, la foule défile presque en silence. Seul mot d’ordre, qui s’est imposé depuis des années : « bollocks to Brexit » (« merde au Brexit »). On discute poliment entre voisins de cortège et rigole des meilleurs slogans. Mais que cette retenue toute britannique ne détrompe pas : la colère est là, profonde. Plus forte même que jamais.

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