Pour l’anniversaire du mouvement, les « gilets jaunes » espèrent remobiliser – Le Monde

Le 17 novembre 2018, 282 000 personnes avaient manifesté partout en France. Alors que le mouvement s’épuise, les « gilets jaunes » comptent sur ce week-end pour se faire entendre à nouveau.

Le Monde avec AFP Publié aujourd’hui à 00h13, mis à jour à 01h05

Temps de Lecture 3 min.

L’un des derniers « actes » des « gilets jaunes », le 9 novembre à Montpellier

Les « gilets jaunes », qui peinent à mobiliser depuis des mois, ont battu le rappel des troupes pour le premier anniversaire du mouvement social ce week-end, notamment à Paris où les autorités s’attendent samedi à l’afflux de « plusieurs milliers » de personnes, dont des manifestants radicaux. Il y a longtemps qu’un week-end de « gilets jaunes » n’avait pas connu autant d’effervescence : plus de 200 actions (tractages, manifestations, occupations de ronds-points) ont été programmées tout le week-end selon une liste publiée sur Facebook.

Dès vendredi 15 novembre au matin, une centaine de « gilets jaunes » ont bloqué une usine chimique classée Seveso à Montoir-de-Bretagne (Loire-Atlantique), près de Saint-Nazaire, avant d’être délogés par la police.

Si l’incertitude demeure sur l’ampleur de la mobilisation, le secrétaire d’Etat à l’intérieur Laurent Nunez a reconnu vendredi sur France 2 « un intérêt un peu plus marqué » et évoqué « un dispositif adapté » côté forces de l’ordre, pour l’anniversaire de ce mouvement inédit qui a ébranlé le pouvoir.

« Perte d’énergie »

Les derniers « actes » des « gilets jaunes » n’ont jamais rassemblé plus de quelques milliers de personnes, loin des 282 000 manifestants comptabilisés par les autorités le 17 novembre 2018 lors du samedi inaugural d’un mouvement rapidement marqué par des scènes de violence inédites à Paris et en régions et par la dénonciation de « violences policières ». Selon un sondage Elabe diffusé mercredi, 55 % des Français soutiennent ou ont de la sympathie pour la mobilisation, mais 63 % ne souhaitent pas qu’elle reprenne.

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« Ça n’est pas normal qu’on soit encore dans la rue au bout d’un an », a jugé Priscillia Ludosky, l’une des figures du mouvement, sur le site Regards. « C’est compliqué de se dire qu’il n’y a pas de réponse politique en face et d’être un petit peu en perte d’énergie sur la mobilisation. »

« Il y aura une mobilisation importante mais pas comme celles que nous avons pu enregistrer en décembre ou janvier au niveau national », estime une source sécuritaire, qui attend « plusieurs milliers de personnes » à Paris, dont « 200 à 300 ultra-jaunes et 100 à 200 militants d’ultragauche ». La préfecture de police de Paris a invité les manifestants « à se désolidariser des groupes de personnes se masquant et s’apprêtant à commettre ou commettant des violences et/ou des dégradations ».

Les Champs-Elysées interdites

Sur les événements Facebook, pas de mot d’ordre ni de revendications précises, mais des références à « la fête » et à « l’anniversaire » du mouvement, né il y a un an d’une colère contre une taxe sur le carburant avant d’adopter de multiples autres revendications comme la démission d’Emmanuel Macron ou plus de démocratie directe.

L’événement le plus populaire, baptisé « Acte 53 Gilets Jaunes l’anniversaire sur les Champs-Elysées », réunit plus de 5 000 participants et plus de 6 700 personnes intéressées. La célèbre avenue sera cependant interdite, comme chaque samedi depuis les violences survenues le 16 mars. Le collectif des « gilets jaunes citoyens », à l’initiative du rassemblement, « maintient l’appel » malgré le refus de la préfecture de police et conseille aux manifestants de « retirer » leurs gilets.

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Opposé aux manifestations déclarées, Eric Drouet, figure du mouvement, a appelé dans une vidéo en ligne à une « opération escargot » sur le périphérique à partir de 10 heures puis sur les Champs-Elysées à partir de 14 heures. Le chauffeur routier, qui refuse d’endosser le rôle d’organisateur, a également évoqué l’idée d’un rassemblement à pied « hors de la zone interdite », dans un lieu encore non déterminé, puis de rejoindre l’avenue « sans signes distinctifs, ni gilets jaunes ».

Manifestations dans toute la France

Priscillia Ludosky sera, elle, à la tête d’une manifestation déclarée qui partira à 14 heures de la place d’Italie pour rejoindre la place Franz-Liszt, dans le 10e arrondissement de Paris.

Ailleurs, des rassemblements sont programmés dans plusieurs grandes villes dont Bordeaux, Lille, Lyon, Marseille, Nantes et Toulouse. Des appels à réinvestir les ronds-points, avec ou sans blocages, ont également été lancés à Besançon, Calais, Colmar, Dole, Dunkerque ou Montpellier.

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Enfin, des barrages au péage de Virsac (Gironde) sur l’A10, saccagé fin novembre 2018, et au niveau de sorties d’autoroutes sur l’A7 dans le Vaucluse ou sur l’A47 dans la Loire sont également prévus.

Dimanche, des rassemblements sont aussi annoncés à Paris et en province. Un hommage sera notamment organisé à Pont-de-Beauvoisin (Isère) en mémoire d’une manifestante de 63 ans tuée au premier jour des manifestations, après avoir été percutée par une voiture sur un rond-point.

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