Port du masque à vélo: les cyclistes parisiens entre soulagement et incompréhension – Le Figaro

Sur les pistes cyclables du Boulevard Bonne-Nouvelle, dans le 10e arrondissement de Paris, ce vendredi matin, les cyclistes se partagent entre visages masqués et découverts.

La veille, dans l’après-midi, la préfecture de police publiait un communiqué imposant le port du masque dans «tout Paris» et la petite couronne, effectif dès huit heures ce vendredi, et s’appliquant aussi bien aux piétons qu’aux «utilisateurs de vélos, deux-roues, trottinettes et autres engins de mobilité personnels». La nouvelle avait alors suscité la colère des cyclistes qui dénonçaient sur les réseaux sociaux une décision absurde.

La ville a obtenu gain de cause

La mesure à peine effective, la préfecture de police a fait ce matin marche arrière à la demande de la mairie de Paris, qui jugeait «impossible» d’exercer ce genre d’activité physique avec un masque.

La ville a finalement obtenu gain de cause: le port du masque n’est plus exigé «s’agissant des personnes exerçant une activité physique au titre de la course à pied ou de vélo», selon la préfecture. Mais sur les pistes parisiennes, les cyclistes sont mitigés.

«Ce n’est plus obligatoire? Mais je ne comprends pas, j’ai entendu le contraire hier!», s’étonne Paule, qui arrive à son bureau, masque sur le nez. Partie tôt de son domicile, la jeune femme n’a pas été mise au courant du revirement de situation. Surprise, elle explique avoir suivi la règle avec scepticisme. «De toute façon, je trouvais que ce n’était pas vraiment utile.»

Lunettes embuées et souffle coupé

Comme Paule, nombreux sont les cyclistes qui roulent masqués sans savoir que la mesure n’est plus en vigueur. Les lunettes embuées et le souffle coupé, ils sont nombreux à respecter ce qu’ils pensent encore être la règle. «C’est confus, on ne comprend plus rien, alors dans le doute, on le met!», lance une cycliste pressée.

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D’autres ont entendu la nouvelle avant de partir et l’ont accueillie avec soulagement. Sarah, masque autour du cou, rejoint son travail dans le 7e arrondissement. «C’est une bonne nouvelle. Si c’était resté obligatoire, j’aurais joué le jeu, mais ça aurait été difficile de respirer. Je réfléchissais justement hier à comment j’allais faire, si je n’allais pas mettre mon masque sous le nez pour être plus à l’aise… Heureusement qu’ils sont revenus dessus.»

«Un besoin de concertation»

Quelques mètres plus loin, Emmanuel, casque et lunettes sur la tête, n’est pas un aussi bon élève. «Honnêtement, je ne l’aurais pas mis. Les lunettes, le casque et le masque, c’est impossible et même dangereux! Il y a eu une cacophonie, c’était n’importe quoi. Mais ce n’est pas très surprenant. C’est comme ça depuis le début de la crise.»

Du côté de l’association Mieux se déplacer à bicyclette, la première association cycliste francilienne, on se félicite du «bon sens» dont a fait preuve la préfecture. Pour Alexis Frémeaux, le président, «c’est un retour à une forme de pragmatisme. Le port du masque obligatoire pour les cyclistes revenait quasiment à interdire la pratique du vélo dans Paris, alors que les gens font ce choix pour éviter les transports en commun.»

La veille, le premier adjoint à la mairie de Paris, Emmanuel Grégoire, apprenait en direct sur BFM TV que la mesure concernait aussi les cyclistes. C’est ensuite lui, au micro de France Info ce matin, qui a déclaré y être «opposé», arguant que cela peut être «dangereux et surtout contre-productif».

«Je pense qu’il y a un besoin de concertation pour que les mesures soient comprises et acceptées par l’opinion, commente Alexis Frémaux. Hier, la préfecture a fait preuve d’une certaine précipitation et maladresse. C’est ça qui a suscité l’incompréhension et la stupeur des cyclistes.»

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