Pompiers pris pour cible à Etampes : «Ils se sont mis à courir», décrit un gardien – Le Parisien

Au bout du petit parking qui longe le stade Jean-Laloyeau à Etampes (Essonne), la carcasse de la voiture calcinée est encore sur place. La veille, vers 23 h 30, alors qu’il intervenait avec un équipage sur ce banal incendie, un sapeur-pompier a été touché par un tir d’arme à feu qui a traversé son mollet. Aussitôt conduit aux urgences, le sapeur-pompier a pu regagner son domicile ce mercredi.

Comme chaque année à l’occasion des festivités du 14 juillet, Laurent, gardien du stade, était sur le qui-vive. « Nos responsables nous ont demandé de rester en surveillance, témoigne cet employé de la ville. En fin de soirée, alors que je faisais mon tour, j’ai entendu une explosion. Quand je suis sorti, j’ai vu cette voiture en feu. Alors j’ai aussitôt appelé les pompiers. »

«Ils sont partis et la police est arrivée»

En seulement quelques minutes, les soldats du feu maîtrisent le sinistre. Mais d’un coup, tous se replient et prennent la fuite. « Ils se sont mis à courir, reprend le gardien. L’un d’eux a crié que son collègue venait de se faire tirer dessus et qu’ils l’emmenaient aux urgences. Ils sont partis et la police est arrivée. Dans la précipitation, ils ont même oublié du matériel. Je l’ai mis de côté puis ils sont venus le récupérer. »

Etampes (Essonne), ce mercredi. Au lendemain de l’attaque, le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, est venu témoigner son soutien aux pompiers./LP/Florian Garcia
Etampes (Essonne), ce mercredi. Au lendemain de l’attaque, le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, est venu témoigner son soutien aux pompiers./LP/Florian Garcia  

Avec cette nouvelle agression, le débat sur la sécurité des sapeurs-pompiers en intervention est relancé. « Les attaques que nous subissons sont de plus en plus violentes, note le secrétaire départemental adjoint de la CGT au service départemental d’incendie et de secours de l’Essonne (Sdis 91) Jean-Christophe Cantot. En mai dernier, le centre d’appels d’urgence avait été la cible de mortiers d’artifice. Là, on nous tire carrément dessus. »

A Etampes, les attaques de sapeurs-pompiers sont devenues monnaie courante. Au mois de septembre, toujours dans le quartier Guinette, un équipage qui intervenait pour une inondation dans une cave a été menacé avec une machette. Jugé par le tribunal correctionnel d’Evry-Courcouronnes, l’auteur a été condamné à 15 mois de prison ferme. En mars dernier, à la Croix-de-Vernailles cette fois, le massage cardiaque d’une victime en état critique et suspectée d’être atteinte par le Covid-19 a été retardé de dix à vingt minutes par un groupe qui s’en prenait aux forces de l’ordre et aux policiers. L’homme est décédé.

«C’est ce qu’il représente qui était visé»

« On assiste à une escalade de la violence, note pour sa part le vice-président CFTC-SPA du Sdis 91, Emmanuel Loby. Il n’existe pas de réponse miracle car tout va très vite dans ces cas-là. Mais je constate une sorte d’impunité chez les auteurs et un laxisme dans la justice. Nous réclamons de vraies peines de prison pour ceux qui se font interpeller, pas des simulacres. »

Après avoir indiqué que le ministère de l’Intérieur porterait systématiquement plainte dans de pareils cas, le ministre Gérald Darmanin s’est rendu sur place ce mercredi soir. « J’ai pu m’entretenir au téléphone avec ce sapeur-pompier, a-t-il confié. Je l’ai senti choqué. Il m’a également dit que sa blessure était aussi psychologique. » Dans sa courte prise de parole, le ministre de l’Intérieur a rappelé que le sergent-chef touché par ce tir subissait « sa troisième agression » en dix mois. « C’est inacceptable, a-t-il conclu. Ce n’est pas lui qui était visé mais ce qu’il représente. » Une enquête a été ouverte et confiée aux policiers de la sûreté départementale.

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