Polémique sur le Zolgensma, le médicament le plus cher du monde : Agnès Buzyn intervient – Le Parisien

« Très préoccupée par le tirage au sort mis en place dans certains pays pour l’accès au traitement par Zolgensma, je rappelle que la France n’est pas concernée : toute personne qui a besoin de ce traitement y a accès ». La ministre des Solidarités et de la Santé, Agnès Buzyn, a tenu à clarifier la situation dans l’Hexagone par rapport à ce médicament habituellement qualifié de « plus cher du monde », qui fait polémique depuis quelques jours.

Le laboratoire à l’origine de ce produit, Novartis, a en effet décidé de l’offrir à une centaine d’enfants choisis au hasard dans le monde. Ce traitement très spécifique dont le coût est estimé à près de deux millions d’euros pour une injection, est un traitement destiné aux enfants atteints d’amyotrophie spinale (SMA).

« Le principe de tirage au sort pour accéder à un traitement ne correspond pas aux valeurs de notre système de santé, qui vise un égal accès aux soins pour tous », a enchaîné la ministre. « Le ministère mène des réflexions sur la soutenabilité financière à long terme du remboursement par l’assurance maladie de ce type de traitement. La nouvelle commission européenne sera de nouveau saisie de cette question majeure », a également rappelé Agnès Buzyn.

« Loterie médicale »

Une « loterie médicale » qui suscite la polémique en Europe, l’association de défense des patients SMA Europe s’est ainsi émue de ce dispositif. « Nous apprécions pleinement le fait que le programme offrira l’accès à cette option thérapeutique prometteuse à un certain nombre de nourrissons à travers le monde. Chaque vie sauvée est un cadeau », a d’abord déclaré l’association sur son site.

« En même temps, nous avons du mal à soutenir la manière dont le programme propose d’établir l’éligibilité des patients et de procéder à la sélection des patients. Nous croyons qu’une « loterie de la santé » est une façon inappropriée de répondre de façon juste et équitable aux besoins médicaux non satisfaits dans le cadre de cette maladie grave. L’approche adoptée par Avexis (NDLR, la filiale qui gère le produit) soulève un certain nombre de questions éthiques », précise encore le communiqué officiel de l’association européenne.

Dans l’Hexagone, l’AFM-Téléthon qui a financé le projet initialement, « s’indigne qu’un tel programme basé sur un tirage au sort ait pu être imaginé et, a fortiori, proposé à des parents dont l’enfant atteint d’une amyotrophie spinale sévère est condamné à mourir à court terme ».

« Comment peut-on envisager un instant que la vie d’un enfant puisse être le gros lot d’une loterie ? », conclut le communiqué de l’association.

Novartis défend un programme « équitable »

Le Zolgensma est, pour l’instant, le seul traitement efficace pour soigner l’amyotrophie spinale, une maladie rare et mortelle qui affaiblit les muscles des bébés. L’espérance de vie des nourrissons est réduite à environ deux ans, sans traitement. En France, on dénombre environ 1500 cas. À l’échelle mondiale, un bébé sur 10 000 serait touché par cette maladie.

« L’unité AveXis de Novartis, qui a développé le médicament, distribuera cinquante doses du traitement jusqu’en juin pour les bébés de moins de 2 ans avec jusqu’à 100 doses totales à distribuer jusqu’en 2020 », explique l’agence Reuters. Dans un souci d’éteindre la polémique, l’entreprise pharmaceutique a ajouté qu’elle avait élaboré ce plan « avec l’aide de bioéthiciens dans un souci d’équité », rapporte encore Reuters.

« Concernant plus spécifiquement la France, nous avons pris les retours des différentes parties prenantes avec le plus grand sérieux suite à l’annonce du programme et comprenons les réactions […]. Nous avons acté la décision suivante : si un programme mondial de gestion de l’accès, mettant à disposition gratuitement Zolgensma (AVX-101) a tout son intérêt dans les pays où il n’est pas accessible, cette logique ne s’applique pas en France », a également précisé Novartis dans un communiqué adressé au Figaro.

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