“Plus je montais les escaliers, plus il y avait du sang”: au procès Charlie, le récit glaçant de Patrick… – BFMTV

L’urgentiste et ancien collaborateur de Charlie Hebdo, Patrick Pelloux était appelé à témoigner, ce mercredi, devant la Cour d’assises spéciale de Paris au sujet des attentats perpétrés en janvier 2015.

Cinq ans après l’attaque jihadiste contre Charlie Hebdo, Patrick Pelloux l’assure: les “blessures” physiques et psychologiques n’ont toujours pas “cicatrisé”, et “c’est un désespoir quotidien” pour les rescapés et les proches des victimes.

Devant la Cour d’assises spéciale de Paris ce mercredi, l’urgentiste et ancien collaborateur de Charlie Hebdo a raconté sa journée du 7 janvier 2015. Ce matin-là, il se trouvait à une réunion au siège de la fédération des pompiers à Paris lorsqu’il est appelé par le graphiste de l’hebdomadaire satirique. “J’ai compris à sa voix que c’était grave”, déclare-t-il. “Je suis parti sur place avec le chef des pompiers”.

“C’est un carnage”

Une fois arrivé dans les locaux, quelques minutes après les faits, il découvre l’horreur. L’ancien chroniqueur du journal, qui collaborait avec Charlie depuis 2004, raconte “une scène apocalyptique”. “Plus je montais les escaliers et plus il y avait du sang”, raconte Patrick Pelloux, âgé de 57 ans, à la barre. “Je suis entré. Il y avait de la fumée, une odeur de poudre, plein d’étuis de balles par terre”, se souvient-il. Il a ensuite le réflexe d’appeler le Samu. “On n’avait pas de matériel, j’ai alors procédé au comptage pour diriger au mieux les secours”.

La cour a diffusé ce mercredi l’appel de Patrick Pelloux au Samu. Une musique classique d’attente – surréaliste dans ce contexte – retentit alors dans la salle d’audience. En bruit de fond, on entend l’agitation qui a lieu dans la salle de rédaction.

“Là! Mettez-le là! Allongez-le!”, lance Patrick Pelloux, qui patiente. Puis lorsque les urgences finissent par décrocher: “C’est Patrick. Tu m’envoies tout le monde à Charlie Hebdo. Y’a au moins cinq arrêts, des polytraum… c’est un carnage”, lance-t-il à la hâte. Puis après une nouvelle musqiue d’attente, on entend: “ça va aller Simon, ça va aller”.

“J’ai senti une fracture en moi”

“Il fallait aller vite”, se souvient l’urgentiste. “Les blessures de guerre, vous perdez 45% d’espérance de vie par quart d’heure. On a essayé de faire des massages cardiaques, mais ça ne servait à rien”.

À ce moment-là, Patrick Pelloux raconte avoir “senti une fracture en (lui)”. “J’étais dans un automatisme. Il y avait ces blessés à aider, il y avait ma désespérance de voir Charb dans cet état, devoir mettre des pansements sur des blessés, des garrots. (…) Quand on fait médecine, c’est pour sauver des gens. Et s’il y en a que j’aurais voulu sauver, c’était bien eux… mais j’en étais incapable”, poursuit-il, la voix nouée.

Dans cette salle du palais de Justice, Patrick Pelloux explique ensuite avoir appelé le standard de l’Elysée. “C’était une attaque tellement folle, il fallait que le chef des Armées soit au courant”, explique-t-il. “On m’a dit: ‘on vous rappelle’. Ça a sonné. C’était le chef de l’Etat. Il m’a dit ‘j’arrive'”.

Lors de cette audition, le médecin urgentiste confie enfin son inquiétude face à “l’islamisme, qui touche aussi le monde de la santé”. “Je suis convaincu que c’est un fascisme rampant”. Or, rappelle-t-il à la barre, “80% des victimes” du fascisme islamiste “sont des musulmans”.

L’ancien chroniqueur du journal ne cache pas son incompréhension, même cinq ans après les faits. Charlie, “c’était un paradis de culture, de mélange d’idées, même si ça s’engueulait. C’était des gens de paix, pas des gens de guerre, qui prônaient des idées altruistes”, insiste-t-il.

Cécile Ollivier avec Jeanne Bulant

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