Plus de 5 000 migrants ont atteint l’enclave espagnole de Ceuta en une journée – Le Monde

Une femme arrive à la nage de l’enclave espagnole de Ceuta, lundi 17 mai 2021.

Au moins 5 000 migrants, dont un millier de mineurs, sont parvenus à atteindre par la mer ou par la terre l’enclave espagnole de Ceuta. A l’aube lundi 17 mai, ils n’étaient encore qu’une centaine, mais au fil des heures, les arrivées de migrants venus des plages marocaines, situées à quelques kilomètres au sud de Ceuta, se sont multipliées sur le territoire espagnol situé au nord-ouest du Maghreb.

Des jeunes hommes, mais aussi des enfants – un millier de mineurs, selon un porte-parole de la préfecture de Ceuta – et des femmes comptaient parmi ces migrants, venus par la mer, à la nage, utilisant parfois des bouées gonflables ou des canots pneumatiques. D’autres encore sont arrivés en marchant, à la faveur de la marée basse.

Dans la nuit de lundi à mardi, le porte-parole de la préfecture a annoncé que 5 000 personnes avaient franchi la frontière et que ce chiffre, inédit, pourrait encore augmenter. Parmi eux, un homme a trouvé la mort en se noyant, selon la préfecture.

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Situation sans précédent

Interrogée sur leur hébergement, la préfecture a précisé que toutes ces personnes devaient être accueillies dans des hangars sur la plage d’El Tarajal, mais que les autorités se réunissaient pour évaluer la situation, sans précédent.

Des vidéos postées sur les réseaux sociaux montraient de jeunes migrants, parfois en maillots de bain ou tout habillés, débarquant sur les plages de rochers, sous le regard des forces de l’ordre marocaines, qui ne réagissent pas dans un premier temps, avant de repousser la foule de curieux.

Le ministère espagnol de l’intérieur a annoncé lundi soir dans un communiqué le « renforcement immédiat des effectifs de la garde civile et de la police nationale dans la zone » avec 200 agents supplémentaires. Rappelant que « les autorités espagnoles et marocaines ont conclu récemment un accord concernant le retour vers leur pays des citoyens marocains qui arrivent à la nage » à Ceuta, le document assure que « les contacts avec les autorités marocaines ont été maintenus » de façon « permanente ».

Pour Mohamed Benaïssa, président de l’Observatoire du nord pour les droits de l’homme, basé à Fnideq, à quelques kilomètres de Ceuta, cette nouvelle vague de migrations concerne surtout « des mineurs, mais également des familles, tous marocains ». Elle « pourrait », selon lui, « être en lien avec la crise diplomatique entre le Maroc et l’Espagne ».

Relations diplomatiques tendues

Madrid n’a en effet pas intérêt à se brouiller avec Rabat, son allié clé dans la lutte contre l’immigration clandestine. Entre le début de l’année et le 15 mai, 475 migrants sont arrivés à Ceuta, soit plus du double par rapport à la même période l’an passé, selon les chiffres du ministère de l’intérieur publiés il y a quelques jours.

Les relations diplomatiques entre Rabat et Madrid se sont tendues depuis l’accueil, fin avril, en Espagne du chef des indépendantistes sahraouis du Front Polisario, Brahim Ghali, pour y être soigné, le Maroc allant jusqu’à convoquer l’ambassadeur espagnol pour lui signifier son « exaspération ».

Le conflit au Sahara occidental, ancienne colonie espagnole classée « territoire non autonome » par les Nations unies en l’absence d’un règlement définitif, oppose depuis plus de quarante-cinq ans le Maroc au Front Polisario, soutenu par l’Algérie. Le Polisario réclame un référendum d’autodétermination alors que Rabat, qui considère le Sahara comme une « cause nationale », propose une autonomie sous sa souveraineté.

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Le Monde avec AFP

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