Plan de relance : la France change d’échelle dans l’hydrogène – Les Échos

Publié le 3 sept. 2020 à 17:45Mis à jour le 3 sept. 2020 à 17:54

La France mise gros sur l’hydrogène . Le gouvernement a dévoilé un plan ambitieux jeudi, susceptible de faire décoller, enfin, cette énergie d’avenir qui reste au stade des prototypes et des micro-projets depuis de longues années. Les fonds publics consacrés à l’hydrogène vert ou bas carbone s’élèveront à 7,2 milliards d’euros d’ici à 2030, dont 2 milliards dans le cadre du plan de relance en 2021 et 2022.

« On change résolument d’échelle, on passe des millions aux milliards », se félicite Philippe Boucly, qui préside l’Association française pour l’hydrogène et les piles à combustible (Afhypac). Il y a deux ans, le plan hydrogène présenté par le ministre Nicolas Hulot n’avait été doté que de… 100 millions.

Giga-usines de piles à combustible

Avec l’enveloppe de 7 milliards, qui sera présentée en détail mardi, l’Etat pourra non seulement soutenir la recherche et le développement mais aussi de véritables projets industriels. Le gouvernement songe en particulier aux futures « giga-usines » de piles à combustibles pour les véhicules à hydrogène.

De quoi envisager des partenariats dans ce domaine avec l’Allemagne, qui a dévoilé un plan à 9 milliards pour l’hydrogène en juin , « en évitant les doublons », explique-t-on au ministère de la Transition écologique. Ou encore des électrolyseurs, qui produiront de l’hydrogène à partir d’électricité décarbonée. « La concurrence mondiale s’accélère », relève le ministère.

Subventionner l’offre et la demande

L’hydrogène doit permettre de décarboner « tout ce qui est difficile à électrifier », rappelle Philippe Boucly : bennes à ordures, camions, bus, bateaux, trains… L’objectif est aussi de remplacer par de l’hydrogène vert l’hydrogène issu du gaz utilisé aujourd’hui dans le raffinage, l’industrie des engrais ou la sidérurgie.

Problème, l’hydrogène vert coûte aujourd’hui beaucoup plus cher que l’hydrogène produit à partir d’énergies fossiles : 4 à 5 euros le kg, contre moins de 2 euros selon l’Afhypac. C’est pourquoi le gouvernement prévoit d’en subventionner la production par le biais d’appels d’offres, sur le modèle des renouvelables. « Il faut financer l’offre, mais aussi la demande, car la filière n’est pas mature », explique le ministère.

La porte ouverte au nucléaire

L’hydrogène peut être stocké : il apparaît comme un vecteur intéressant de stockage de l’électricité solaire ou éolienne, par nature intermittente. Encore faut-il pour cela disposer des capacités de production d’électricité renouvelable suffisantes. C’est sur ce point que les défenseurs de l’environnement sont critiques.

« Le plan du gouvernement mentionne l’hydrogène vert mais aussi l’hydrogène bas carbone, relève Cécile Marchand, des Amis de la Terre. Cela ouvre à la porte à l’hydrogène produit à partir de gaz ou d’électricité nucléaire. » Pour les ONG, l’hydrogène n’a d’intérêt que si elle est produite à partir d’électricité d’origine éolienne, solaire ou hydraulique. « Or le plan de relance ne consacre pas un seul euro aux renouvelables, poursuit Cécile Marchand. On prend le problème à l’envers ! »

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