Piqûres en boîte de nuit : le phénomène prend de l’ampleur, des enquêtes ouvertes, ce que l’on sait – La Voix du Nord

La psychose gagne le monde de la nuit : plusieurs plaintes ont été déposées par les victimes d’une mystérieuse sensation de piqûre suivie d’un important malaise. Les services de police prennent le problème très au sérieux mais à chaque fois, aucun suspect n’a pu être identifié. On fait le point.

1.

De quoi parle-t-on ?

C’est à chaque fois le même témoignage : le souvenir d’une piqûre, une sensation de malaise, puis plus rien. Le trou noir. Ces dernières semaines, de nombreuses personnes affirment avoir été piquées à différents endroits du corps, dans des endroits festifs, principalement des boîtes de nuit, à Amiens, Rennes, Nantes, Béziers ou encore Grenoble.

2.

Quels symptômes ont été décrits par les victimes ?

Tout se ressemble étrangement. Le week-end dernier, à Béziers, Noémie, 23 ans, raconte avoir été piquée « à la cuisse, jusqu’au nerf sciatique ». « C’était très douloureux », a-t-elle décrit, avant d’être emmenée aux urgences par ses amies, où elle est arrivée les « yeux révulsés ». Même sensation pour Arthur, dans la même ville. « J’ai senti comme une piqûre, a-t-il raconté au Midi Libre. En quelques minutes j’ai eu la tête qui tournait, puis un malaise et enfin mes jambes m’ont lâché. » Tout juste majeur, le jeune homme a terminé la nuit à l’hôpital.

3.

Quels ont été les résultats des analyses ?

La même crainte revient à chaque fois : celle d’avoir été drogué au GHB, « la drogue du violeur », pour ses effets à rendre les victimes vulnérables. À Nantes, les 16 prélèvements réalisés sont revenus négatifs. Neuf autres échantillons doivent encore être analysés. Mais aucune « suspicion d’agression sexuelle » n’a été rapportée. Ce qui n’écarte pas la possibilité de la présence du GHB, dont les traces disparaissent au bout de 8 heures dans le sang et 12 heures dans l’urine.

Le procureur de Béziers Raphaël Balland juge d’ailleurs « impératif » que les potentielles victimes «  se manifestent sans délai auprès du commissariat ou de la gendarmerie de leur domicile, ou du centre hospitalier le plus proche afin de procéder à des prélèvements urinaires et sanguins immédiats, afin de déterminer si elles ont été effectivement victimes de l’administration d’une substance nuisible ». Un traitement préventif post-exposition au VIH leur a été administré par précaution.

4.

Plusieurs enquêtes ont été ouvertes, où en est-on ?

Le parquet de Grenoble a ouvert une enquête pour « administration de substances nuisibles ». Quatre autres enquêtes ont été lancées, regroupant une quarantaine de plaintes an total. Au commissariat de Béziers, une dizaine de plaintes et une trentaine de mains courantes ont été déposées pour des faits qui se sont déroulés dans la nuit du 17 au 18 avril.

Le nombre est également très important à Nantes, où 17 victimes ont porté plainte. Sept personnes ont fait de même aux commissariats de Grenoble et Saint-Ismier, en Isère, Les victimes, cinq femmes et deux hommes, sont âgés de 17 à 22 ans. Mais les services de police des différentes villes craignent que le nombre de victimes soit beaucoup plus important.

À Nantes, aucune seringue n’a été trouvée sur place et les images de vidéo surveillance n’ont rien permis de dinstinguer de ce côté-là, explique le procureur de Nantes Renaud Gaudeul. « Les services de police sont extrêmement mobilisés et la surveillance des établissements renforcée », a-t-il souligné. Un individu avait été placé en garde à vue mais a été rapidement libéré « après quelques heures ».

Raphaël Belland rappelle que même en l’absence de quelconque substance dans la seringue, l’auteur peut être poursuivi pour « délit de violence avec arme », passible de trois ans d’emprisonnement.

Leave a Reply

Your email address will not be published. Required fields are marked *