«Physiquement, elle est marquée par cette épreuve» : le dur retour en scène de Roselyne Bachelot – Le Parisien

« Thomas Pesquet… il est d’un charme. Je suis amoureuse. » Difficile de voir si Roselyne Bachelot rougit en prononçant ces mots, port du masque oblige. Mais une chose est sûre : pour sa première interview depuis qu’elle est sortie il y a trois semaines de l’hôpital, la ministre de la Culture n’a rien perdu de sa gouaille légendaire. Surtout quand il s’agit de donner son avis sur la gent masculine… « Si vous voyez ses yeux pétiller quand elle croise un beau garçon, c’est que tout va bien », s’esclaffait d’ailleurs, il y a quelques jours, l’un de ses collègues du gouvernement. « J’ai l’impression d’avoir retrouvé la Roselyne d’avant, même si elle est passée par des moments difficiles », nous confie en écho le porte-parole, Gabriel Attal.

Les sujets qu’elle a abordés ce vendredi matin sur RMC n’avaient effectivement rien de léger : la crise sanitaire et l’épineuse question de la réouverture des lieux culturels, pour laquelle elle se sait attendue au tournant. Et bien évidemment les interrogations autour de son état de santé, après son hospitalisation de neuf jours, fin mars, due à une forme sévère du Covid-19. « J’ai eu peur de mourir, à un moment très précis. Je me suis dit c’est le moment », a lâché la ministre, âgée de 74 ans, parlant du virus comme d’une « saleté, une saloperie ». L’épreuve fut visiblement douloureuse. « Quand on est touché par cette maladie, on vit des moments de solitude. On se sent seul. Mais on n’est jamais abandonné », a-t-elle ajouté, rendant hommage aux soignants. Et selon nos informations, elle a aussi reçu une visite particulière durant son hospitalisation, celle d’Emmanuel Macron.

Se considère-t-elle désormais tirée d’affaire ? Un peu tôt pour le savoir, surtout qu’elle admet garder des « séquelles ». Il y a dix jours, pour sa première sortie publique sur le chantier de Notre-Dame, certains ont ainsi noté qu’elle n’avait pas accompagné le président jusqu’au niveau supérieur de l’édifice religieux. Officiellement, pour des raisons de vertige. Même si l’épreuve des marches, avant de rejoindre un ascenseur, l’aurait aussi dissuadée d’en faire plus. Régulièrement, Roselyne Bachelot est effectivement prise de souffle court post-traumatique.

«Le mental est au rendez-vous»

Au ministère, son agenda n’a pas été allégé pour autant. Mais des pauses sont désormais intercalées entre ses rendez-vous, notamment pour prendre de l’oxygène. « Pour lui permettre de récupérer complètement ses capacités respiratoires et tenir le rythme intense de la reprise », précise-t-on. Car les jours à venir s’annoncent lourds, avec la mise en place de protocoles de réouvertures pour les cinémas, musées et théâtres qui pourraient être annoncés pour la mi-mai. « On est prêt. On attend le top départ du président de la République », a-t-elle assuré ce vendredi matin, avançant même l’hypothèse d’une prise de parole de ce dernier dans le courant de la semaine prochaine. Ce que l’Elysée n’a pas souhaité confirmer.

Bachelot, très critiquée pendant la crise du Covid par les acteurs du secteur culturel, entend ainsi démontrer qu’elle ne lâche rien. « Physiquement, elle est marquée par cette épreuve. Par contre, le mental est au rendez-vous », jure Gabriel Attal. « Ça l’a bousculée », confirme un proche du président, alors que les temps étaient déjà « éprouvants » pour elle ces dernières semaines. Avec une image parfois attaquée, « même si ce n’est pas juste, car elle s’est beaucoup battue. Parfois en vain », ajoute le même. A l’instar de ses batailles perdues fin 2020, lorsqu’elle avait plaidé pour une dérogation du couvre-feu pour les lieux de culture ou une réouverture au 15 décembre.

Son entourage renvoie les 7 milliards d’euros obtenus pour sauver le secteur, quand le voisin allemand n’en débloque, lui, que 2 milliards. De là à penser que le bout du tunnel est proche, il y a un pas… que personne n’ose encore franchir. « On va être content que cela rouvre. Mais avec un siège sur deux, il y aura le deuxième effet Kiss Cool du mécontentement », redoute un cadre de la majorité. La décrue de l’épidémie demeure fragile, quand le monde culturel est durement éprouvé et animé d’un puissant sentiment d’injustice. Autant dire que la ministre marche sur un fil.

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