Pétrole brent : Comment le conflit entre Russes et Saoudiens a provoqué un krach pétrolier – BFM Bourse

(BFM Bourse) – Du jamais-vu depuis 1990 et le début de la guerre du Golfe, les deux références mondiales de pétrole brut ont lâché jusqu’à 30% lundi, sur fond de guerre des prix lancée par Riyad. Le krach pétrolier entraîne un violent plongeon des valeurs pétrolières et parapétrolières.

Historique ! L’or noir n’avait plus connu pareil effondrement depuis 1990 et la guerre du Golfe. Les cours des deux références mondiales de pétrole brut se sont effondrés de plus de 30% en Asie lundi matin, après que l’Arabie saoudite a lancé une guerre des prix du brut dans le sillage de l’échec de ses négociations avec la Russie lors du sommet de l’Opep+ qui s’est tenu à Vienne jeudi et vendredi dernier.

Face aux incertitudes économiques causées par l’épidémie du nouveau coronavirus, les ministres du cartel pétrolier avaient tenté de conclure un accord avec les autres pays producteurs de pétrole parmi lesquels la Russie, pour réduire la production et maintenir les prix du brut. Mais Moscou, deuxième producteur mondial de pétrole, s’est opposé à une nouvelle réduction de 1,5 million de barils par jour, arguant qu’il se satisfaisait d’un baril à 42 dollars. En réponse, l’Arabie saoudite s’est lancée dans une vaste braderie en effectuant la plus importante réduction de ses prix pétroliers en 20 ans, a rapporté dimanche Bloomberg News.

Ainsi, le prix pour le pétrole à destination d’Asie a diminué de 4 à 6 dollars par baril alors que celui pour les Etats-Unis a été réduit de 7 dollars par baril. Aramco a vendu son baril d’Arabian Light à un prix sans précédent: 10,25 dollars en dessous du baril de Brent de la mer du Nord, selon Bloomberg. Dans les échanges de l’après-midi en Asie, les deux principaux contrats étaient en baisse de 30% environ, le prix du WTI (West Tewas Intermediate) s’établissant à 29 dollars le baril et celui du Brent à 33 dollars le baril.

À 10h lundi matin à Paris, le baril de Brent abandonnait toujours 20,2% à 36,13 dollars quand le “light sweet crude” texan lâche 22% à 32,2 dollars, au plus bas depuis février 2016.

Onde de choc

“Une chute de 30% des prix du brut est sans précédent et envoie une onde de choc énorme à travers les marchés financiers”, a souligné Margaret Yang, analyste pour CMC Markets. Dans la foulée, les marchés d’actions ont plongé en Asie et dans le Golfe, alors que les Bourses des pays riches en hydrocarbures avaient déjà fortement reculé dimanche. Les cotations ont été suspendues au Koweit après que son indice principal a chuté de 9,5% à l’ouverture lundi, tandis que Dubai perdait 9,0% et Abu Dhabi 7,1%. La Bourse d’Arabie saoudite, la plus importante du Golfe, a dévissé de 9,2% à l’ouverture des échanges tandis que le titre du géant pétrolier Saudi Aramco a chuté de 10% (après avoir cédé 9,2% dimanche), bien en dessous de son prix d’introduction en décembre.
Pour Jeffrey Halley, analyste chez Oanda, “l’Arabie saoudite semble avoir l’intention de punir la Russie”. Le marché du pétrole va probablement rester au tapis durant les prochains mois, les rabais de l’Arabie saoudite se conjuguant avec le coup d’arrêt donné à la croissance économique mondiale par le coronavirus, qui a fait chuter la demande d’or noir, a ajouté cet analyste. Pour la première fois depuis 2009, l’Agence internationale de l’Énergie (AIE) anticipe d’ailleurs une baisse de la demande de pétrole en 2020.

“Quelque chose comme cela pourrait avoir plus de répercussions dans le monde qu’une guerre commerciale entre la Chine et les Etats-Unis parce que le pétrole est lié à beaucoup de secteurs dans l’économie mondiale” a souligné de son côté Rohitesh Dhawan, directeur de l’énergie, du climat et des ressources naturelles à la société de conseil Eurasia Group à Londres. Margaret Yang de CMC Markets a émis l’espoir que l’effondrement pourrait faire revenir la Russie à la table de négociations avec l’Opep pour trouver un accord.

Pétrolières et parapétrolières s’effondrent

L’onde de choc provoquée par la décision saoudienne se répercute vivement sur toutes les grandes places financières mondiales lundi matin, les principaux indices européens (Paris, Francfort, Londres, Madrid) dévissant tous de plus de 7% une heure après l’ouverture des échanges.

Particulièrement touchées, les valeurs pétrolières et parapétrolières subissent la décision de Riyad et plongent. Réservé à la baisse durant plus de 20 minutes après l’heure d’ouverture normale des échanges à Paris, le titre Total abandonne 12,2% à 32,6 euros à 10h10. La capitalisation boursière du “supermajor” chute ainsi sous les 100 milliards d’euros pour la première fois depuis 2014.

Les valeurs parapétrolières accusent des plongeons encore plus importants, avec notamment -36,5% pour CGG, -27% pour Vallourec, -20,9% pour TechnipFMC ou encore -18,2% pour Schlumberger à 10h10.

Et ce n’est peut-être que le début puisque les analystes de Goldman Sachs anticipent déjà des barils à 20 dollars dans les semaines qui viennent, ce qui correspondrait à un plus bas historique pour les deux références mondiales de brut.

(avec AFP)

Quentin Soubranne – ©2020 BFM Bourse

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